Par Mohamed DAMAK* La logique de la rentabilité des affaires exige que le coût soit inférieur au prix des biens et services. Paradoxalement le coût de la révolution du 14 janvier doit être supérieur à son prix. Ne serait-ce qu'en souvenir par rapport aux âmes des martyrs de la révolution. Sur ce plan, le peuple tunisien est quasiment unanime. Alors sommes nous capables, toutes sensibilités politiques confondues, d'adopter publiquement un socle de valeurs partagées, rendant possible la réussite des élections de la Constituante, moyennant un consensus majeur des partis politiques et des indépendants, accordant deux positions complémentaires : Positions des indépendants Ma profonde conviction, notre pays passe par une phase tranchante et cruciale et la mission centrale de la Constituante élue est la rédaction d'une Constitution dont le contenu devrait être à caractère juridique et neutre, sans références idéologique et politique partisane. C'est à mon sens une mission appropriée des indépendants en étroite collaboration avec les partis politiques. Ces derniers pourront gouverner, lors des élections régionales et nationale après la tenue d'un référendum populaire, approuvant le projet de la Constitution élaborée par la Constituante, quelles que soient leurs couleurs politiques et idéologiques. Quant à la seconde mission de la Constituante, elle sera assurée par un gouvernement transitoire, disposant de la légitimité de cette même Constituante. Aussi,dois-je également préciser que les indépendants ne doivent pas être concernés par le pouvoir exécutif. Positions des partis politiques 1- S'abstenir de l'intégration d'un contenu à références idéologiques et politiques partisans dans la l'élaboration du texte de la Constitution. 2- S'aligner aux positions des indépendants pour la formulation de la Constitution, un texte de référence de la gouvernance politique, assurant une stabilité politique sur le très long terme. 3- Se consacrer à la gouvernance de la chose publique de la phase transitoire, exigeant, avec le soutien des indépendants, une administration des affaires courantes consacrée à des priorités revendiquées par la révolution du 14 janvier, à savoir la mise en place d'un programme économique et social transitionnel reposant sur : a- Un soutien socio-économique aux chômeurs et une aide aux familles nécessiteuses. b- Un examen efficace et rentable de la problématique du chômage. c- Une assimilation de la création d'entreprises à la création d'emplois dans une approche transversale regroupant tous les départements ministériels concernés (agricoles et halieutiques, industriel et services, et notamment dans le domaine des IT) ; d- Une amélioration des taux d'encadrement et de qualification des entreprises existantes et opérationnelles, devant se rapprocher des normes internationales; e- Des retraites anticipées bien étudiées, pour les métiers pénibles, permettant un recrutement de remplacement de jeunes mis à niveau sur le plan professionnel. Ce partage entre partis politiques et indépendants semblerait la seule condition qui permettrait de réussir l'adéquation entre une gouvernance politique sage et une élaboration d'une Constitution à approuver par le peuple tunisien, Ô combien utile, pour l'émergence de notre jeune démocratie, Ô combien fidèle aux revendications essentielles de notre révolution.