Démarrage de la production dans la première briquetterie à Kébili avec une production annuelle de 800 tonnes. Coût du projet qui emploie 50 personnes : 18 millions de dinars. Sans doute, l'on est loin encore de la réalisation des grands projets dans cette région, mais chaque fois qu'une nouvelle entité économique y voit le jour, si modeste soit-elle, c'est une promesse réelle d'une nouvelle dynamique de l'investissement. Bien sûr, on aurait tellement bien aimé qu'un projet d'une tout autre envergure y voit le jour et tout particulièrement de ceux qui sont à fort contenu en savoir, mais ne boudons pas notre plaisir, sachant l'effet d'entraînement qu'exerce le lancement de petits et moyens projets. Il y a, à cet égard, fort à parier qu'à court-moyen terme, les activités à haute valeur ajoutée seront significativement présentes dans la région. Ce n'est d'ailleurs à ce titre ni les ressources humaines qualifiées qui font défaut ni encore l'infrastructure structurante de télécommunication. Et puis, l'on a trop tendance à vouloir s'inscrire à tout prix, ici, maintenant et tout de suite dans la mouvance de l'économie du savoir au risque de marginaliser l'économie réelle et des secteurs d'activités dits classiques pourtant à forts potentiels de croissance et à forte employabilité. Sans doute, pour une économie ouverte sur le monde et dépourvue de richesses naturelles importantes, la migration vers l'économie du savoir serait un formidable raccourci dans sa quête de croissance et d'intégration plus poussée dans l'économie mondiale. Seulement, cette migration ne devrait nullement se faire aux dépens d'un secteur aussi stratégique que celui de l'agriculture. A force, en effet, de mettre systématiquement en avant l'économie du savoir et de célébrer ses vertus, le risque n'est pas négligeable de voir tout particulièrement les jeunes se détourner d'activités qu'ils trouveraient peu dans l'air du temps ! L'on a, à cet égard, tous en mémoire l'image et la perception négatives dont avaient longtemps et à tort souffert la formation professionnelle et le cycle court d'enseignement. C'est cette image qu'il faudra, aujourd'hui, revaloriser tout autant que l'attractivité de certaines activités économiques. Une économie prospère ne peut durablement puiser sa robustesse qu'auprès d'un ensemble de secteurs d'activité où les écarts de croissance d'un secteur à l'autre ne seraient pas trop grands. Pour une jeune économie qui, de surcroît, se repense après avoir vécu de profondes turbulences, il n'est guère permis de miser sur l'essor d'un seul secteur d'activité, aussi prometteur soit-il. L'économie du savoir est incontestablement le secteur prometteur par excellence. Mais l'économie tunisienne est-elle, aujourd'hui, voire à moyen terme, en mesure de réussir cette migration ? L'économie du savoir est, par-delà l'infrastructure de qualité qu'elle suppose, une véritable culture. Une culture de l'innovation et de la créativité. On ne peut, de fait, bâtir une «économie du savoir» avec des intelligences restées longtemps captives. La révolution de la liberté a fait sauter beaucoup de verrous, elle a surtout rendu possible un certain réapprentissage de l'exercice des libertés créatrices. Ce réapprentissage ouvre de nouveaux horizons à l'économie nationale, il est pour ainsi dire le véritable premier pas sur le chemin de l'économie de l'intelligence et de la créativité. En attendant, veillons à ce que des secteurs aussi stratégiques que l'agriculture et l'industrie gagnent en performance et en compétitivité pour pouvoir significativement booster la croissance, participer aux efforts de création d'emplois et rayonner en termes de développement régional équitable. Ce qui compte, aujourd'hui, bien plus que la nature du projet, c'est la dynamique de l'investissement. Une dynamique qui, sans exclusive, concernera tous les secteurs d'activité.