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D'où tu parles, Khaled El Mannoubi ?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 11 - 2011


Par Boujemâa Remili
Khaled El Mannoubi, pour qui j'ai du respect, est un original, voire un excentrique. Du moins, telle est l'image qu'il s'est forgée dans le milieu universitaire, où ses cours de science économique et ses approches méthodologiques sont tellement élaborés qu'il faut être un fin initié pour espérer accéder au secret de leur vérité. Est-il un incompris ou son intelligence est-elle à ce point supérieure pour qu'elle le place hors de portée de l'esprit commun ? C'est l'une des questions qui continue à hanter notre université.
Son article concernant Beji Caïd Essebsi publié par La Presse du mardi 23 novembre relève de la même science. Qu'en-est-il en substance ? Khaled Mannoubi débute son propos en citant une référence intellectuelle majeure, le journal français Les échos, qui serait tombé sur une découverte capitale, à savoir que «le peuple tunisien a asséné une gifle historique à l'élite autoproclamée et que le clivage n'est pas entre laïcs ou modernistes inspirés par les salons parisiens mais entre une élite richissime et un peuple pauvre».
Pour appuyer cette découverte d'un journal qui, bien entendu, n'aurait rien à voir avec les salons parisiens, sa rédaction étant, comme tout le monde le sait, installée au cœur du quartier populaire d'Ettadhamen, pas loin de l'emplacement de la résidence de l'ex-futur président Hechmi El Hamdi, Khaled Mannoubi nous révèle, nous autres idiots qui n'ont rien vu ni encore moins compris, qu'il y avait, dès le 14 janvier, d'un côté le camp des révolutionnaires, formé de la jeunesse, l'UGTT, Hammami, Ben Sedrine et les ‘pays occidentaux', qui deviendront par la suite ceux qui tiennent à l'élection d'une Constituante réellement représentative et, d'un autre côté, le camp de la contre-révolution, formé des syndicats concurrents à l'UGTT, deux à trois cent mille RCDistes, Ghannouchi (Mohamed), Ahmed Brahim, Néjib Chebbi, la police politique — ou de ‘sûreté de l'Etat' — et Béji Caïd Essebsi.
La contre-révolution disposerait, toujours d'après K. Mannoubi, d'un plan A et d'un plan B. Le plan A visait l'objectif d'éviter l'élection d'une Constituante, synonyme de l'avènement de la souveraineté populaire et les trois instruments de ce plan seraient le ‘pacte républicain' et les référendums 1 et 2.
Quant au plan B, il serait plutôt chargé. Il contiendrait le brouillage de la scène électorale, la diffusion des fausses rumeurs, l'exacerbation du sentiment d'insécurité et d'aversion vis-à-vis de la révolution, la création de 117 partis et de dizaines de listes indépendantes par circonscription, les sit-in de policiers devant le ministère de l'Intérieur, le tout devant aboutir à l'élection d'un nombre significatif de députés RCDistes.
En plus, Béji Caïd Essebsi ayant constaté qu'il avait besoin de deux mois supplémentaires pour exécuter le plan B, le plan A ayant capoté, il aurait alors tergiversé sur deux articles du code électoral, pour gagner du temps, faire reculer les élections et ainsi favoriser sa mise à exécution.
Par ailleurs, après avoir chassé Brahim et Chebbi, censés pouvoir être ses alliés contre-révolutionnaires, en exigeant qu'aucun membre du gouvernement n'avait le droit de se présenter aux élections, il aurait fait une volte-face à Washington (?), en déclarant qu'il n'entend pas prendre sa retraite politique.
Ainsi, Béji Caïd Essebsi n'apparaîtrait, au bout de toute cette démonstration de Khaled Mannoubi, que comme le chef de la contre-révolution, celle qui va se transformer, après les élections, en une opposition à la majorité et à l'UGTT. Une opposition qui prônerait la ‘continuité', alors que l'UGTT aurait pointé du doigt la destruction massive de l'Etat, tel que cela a été montré par la Commission Ghannouchi-Essebsi.
Mais les deux plans A et B de la contre-révolution ayant échoué, Béji Caïd Essebsi chercherait à mettre en œuvre un plan C, celui de se transformer en chef ‘démocrate' de l'opposition et en tant que fédérateur de l'élite autoproclamée, pourfendue par le peuple.
On se pose la question si les titres, fort honorables, avec lesquels Khaled El Mannoubi signe son article, ceux d'ancien doyen et professeur émérite d'économie politique, peuvent l'autoriser à nous servir au titre de vérités, un tissu de contradictions qui ne résistent pas au moindre examen un tant soit peu attentif du propos.
Première contradiction. BCE aurait été impliqué dans un plan A d'obstruction à l'élection de la Constituante, alors que c'est précisément sur la base du principe de l'élection d'une Constituante, imposée par Kasbah 2, qu'Essebsi a été désigné comme Premier ministre.
Deuxième contradiction. BCE n'aurait pas respecté le principe de non-candidature aux élections, en annonçant qu'il ne prend pas sa retraite en politique, alors que cet engagement ne concernait que les élections qui viennent d'avoir lieu, ce qui ne signifiait pas une condamnation à vie à la démission politique.
Troisième contradiction. L'UGTT serait dans le camp révolutionnaire des vainqueurs des élections et plus particulièrement contre la ‘continuité', parce que l'organisation syndicale serait d'accord avec la Commission Ghannouchi-Essebsi sur la ‘destruction massive de l'Etat'. Outre le fait que la Commission en question ait été formée avant l'arrivée au pouvoir de BCE et que l'Etat n'est heureusement pas massivement détruit, même s'il peut être gravement atteint, l'UGTT tente, peut-être difficilement, de se tenir à égale distance de la nouvelle majorité et de l'opposition et ses rapports à ladite Commission seraient plutôt tendus, puisque l'éventualité d'une plainte de l'UGTT à l'encontre de son président a été évoquée par les médias.
Il serait fastidieux de continuer d'énumérer les incohérences de l'article de KEM ainsi que les accusations gratuites concernant la participation à la déstabilisation du pays. Néanmoins, on ne peut pas s'empêcher de remarquer qu'El Mannoubi, qui s'est enfermé dans une logique trop sophistiquée pour pouvoir s'en libérer, a frôlé des questions ‘dignes d'intérêt', auxquelles il n'a apporté que des réponses ‘sans aucun intérêt'.
La question la plus importante concerne la signification du vote. C'est vrai qu'il s'agit d'un vote à contenu social contre l'appauvrissement et l'exclusion, mais c'est également un vote politique contre l'arbitraire, un vote moral contre la corruption et un vote identitaire contre l'auto-dévalorisation.
Est-ce que le peuple a voulu sanctionner ‘les élites autoproclamées des laïcs ou modernistes inspirés par les salons parisiens' ? C'est une question qui devrait être plutôt posée aux révolutionnaires habitués aux salons londoniens et parisiens et qui sont légion à la majorité actuelle. Quant au fond, qui n'est pas interpellé par la Révolution du 14 janvier ? Même l'Université, qui a produit des chômeurs à la pelle, l'est profondément.
Raisonner en termes de révolutionnaires purs et de contre-révolutionnaires salauds constitue un exercice qui peut plaire mais qui malheureusement ne fera pas avancer.
Enfin reste l'essentiel. Beaucoup d'indicateurs concordants ont montré que Béji Caïd Essebsi est populaire. Pour une raison très simple, il a joué un rôle reconnu dans le redressement d'une situation révolutionnaire qui était à la dérive. Il semble qu'il ait été soutenu pour la présidence de la République actuelle, par la plus importante des composantes politiques de la majorité ‘révolutionnaire' dont parle El Mannoubi, mais c'est une autre composante, mineure, de cette même majorité, qui s'y serait farouchement opposée.
Le philosophe Henri Lefèbvre posait la question ‘d'où tu parles ?', pour saisir le sens du propos de son interlocuteur. Je serai tenté d'en faire autant à propos de l'article d'El Mannoubi.


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