«Défense des droits d'auteur», tel était le thème du colloque qui s'est tenu vendredi dernier, à la salle du cinéma le 7e Art. Organisé par l'Association des réalisateurs de films tunisiens (Arft), ce colloque, qui s'inscrit dans le cadre de la première édition de la rencontre annuelle des réalisateurs de films tunisiens, a réuni cinéphiles et professionnels du domaine pour débattre des problèmes du secteur du cinéma en Tunisie et, plus particulièrement, ceux qui concernent les droits d'auteur et le financement du produit cinématographique. La table ronde a été animée par le président de la Ligue tunisienne des ciné-clubs, Khaled Dkhil, en présence de Mohammed Salmi, chargé de l'Office tunisien de la protection des droits d'auteur, et Cyril Seassau, le délégué général de la Société des réalisateurs de films en France. Les intervenants ont mis l'accent sur les problèmes fondamentaux que peut rencontrer l'artiste (scénariste, producteur, auteur...) tunisien aujourd'hui. Mohammed Salmi a précisé dans son intervention que, selon les lois de la protection des droits d'auteur, tout artiste, créateur d'une œuvre originale, qu'elle soit artistique, littéraire ou autre, doit bénéficier de tous les droits, de celui relatif à sa signature jusqu'à un système de sécurité pour l'intégralité de son œuvre. En se référant à son expérience personnelle en tant que réalisateur et à ce qui se pratique en France en général dans ce domaine, Cyril Seassau, a parlé de la Société des réalisateurs en France qui rassemble actuellement plus que 200 réalisateurs de toutes les spécialités et sans aucune distinction de genre (court, long métrages, documentaire, fiction...). «Avec la médiatisation et le développement frénétique de la société numérique partout dans le monde, la façon dont nos produits circulent sur le Net nous fait peur. Alors, comment préserver la propriété artistique et intellectuelle?», s'est interrogée Seassau. Tout est relié à l'économie numérique Tout le monde sait que la propriété de l'œuvre est forcément le résultat d'un travail, mais à cause de l'Internet et de la technologie de la reproduction, le problème de la propriété artistique, littéraire et intellectuelle est aujourd'hui remis en question. Il faut parler de la rémunération de l'auteur et de l'encadrement du secteur. Pour remédier à ces problèmes, il y a deux manières de procéder pour la SRF (Société des réalisateurs français), à savoir la gestion collective et individuelle. Pour résoudre le presque constant conflit entre le producteur et l'auteur sur les revenus du film lors de la signature du contrat, deux formes d'actions ont été récemment mises en place. La première consiste en un contrat de transparence entre les deux parties qui bénéficient en même temps des revenus du film. Pour la seconde action, il s'agit d'une convention collective définissant un salaire minimum pour chaque métier du cinéma. Ces deux actions sont soutenues par le Centre de cinéma qui finance les films, tout en contrôlant les recettes à partager. Quant à la gestion collective relative à d'autres intervenants, elle se base sur des accords internationaux qui relient toutes les formes d'art (opéra, théâtre, danse...). Tous ces types de contrat, individuels ou collectifs, se font sous l'égide du Centre de cinéma. «Pour terminer, il faut signaler que les droits d'auteur ne fonctionnent qu'avec un financement réglementé de la création et un système de sécurité bien précis, et ce, pour conserver les droits de l'auteur», a encore ajouté Cyril Seassau, au terme de son intervention. Le débat qui a suivi a porté principalement sur les actions prioritaires à mener dans ce secteur en pleine mutation, dont l'instauration d'un système de lutte contre le piratage et la contrefaçon, la représentation des auteurs dans la société défendant leurs droits, les voies de l'investissement, la négociation et l'établissement de contrats clairs avec les diffuseurs. En tout état de cause, il est évident que le domaine des droits d'auteur est encore au stade des balbutiements, en Tunisie.