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Le salafisme ou la tentation inquiétante
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 06 - 2012


Par Jamil SAYAH*
Dans cette terrible et confuse situation de notre pays, la plus incertaine et la plus périlleuse sans doute de toute son histoire, dans la défaillance et dans la manipulation, la nation a besoin d'une unité, une unité morale et politique, nécessaire à coup sûr à cette Tunisie en détresse. Cette unité ne peut être fondée que sur une foi et un idéal commun. Elle ne peut être qu'une œuvre de liberté. Disons avec Mahmoud El Messadi que l'on cite si volontiers aujourd'hui, qu'il lui faut, pour la réaliser, tout autre chose que du réalisme, mais au contraire une «mystique».
Or, c'est la contradiction intime, irrémédiable de ce prétendu changement salafiste et islamiste que de nous proposer un modèle de société rétrograde et oppressif. Il veut susciter un mouvement de dévouement, de régression en prenant pour point de départ une renonciation et un abandon de soi ; en taxant d'idéologie vaine la fidélité à la liberté, à la démocratie, à la justice, à l'égalité entre femmes et hommes, à la séparation entre le temporel et le spirituel ; en nous incitant à nous tourner le dos aux acquis de notre République. Sommes-nous responsables collectivement de l'offensive de ce courant politique réactionnaire et dangereux ? Dire que nous payons aujourd'hui notre laxisme, c'est reconnaître que nous n'avons pas su nous rendre assez forts, ou assez utiliser nos ressources pour s'opposer à ce parti moyenâgeux.
Climat de terreur
Après avoir piétiné le drapeau national, agressé le cinéaste Nouri Bouzid et d'autres artistes connus et moins connus, après avoir décrété une portion de notre territoire national «une imara indépendante», les voilà, forts de ce sentiment d'impunité, couper des mains, s'attaquer à des journalistes, des intellectuels..., incendier des biens publics et privés et interdire unilatéralement par la violence la vente d'alcool et autre produit de cette nature. On est plus dans l'ordre du fantasme ou de la fabulation comme le prétendent les militants islamistes «d'Ennahda», mais dans le réel le plus inquiétant. Les Tunisiens ont-ils renversé une dictature mafieuse pour tomber sous la domination d'une autre dictature moyenâgeuse ? Certainement pas.
Il appartient maintenant à nos compatriotes de monter au front pour mettre à mal cette énorme supercherie. Rien, en tout cas, de plus honorable en ce moment qu'un désaveu public de ce qu'ils appellent leur «nouvelle République» en réalité «République dégradante». Rien de plus courageux et compatible avec notre dignité que de rejeter en bloc toutes leurs idées, sinon imposées par la force illégitime et sans projet pour notre pays. Ces fanatiques prétendent redresser les volontés et les cœurs, alors qu'ils dérivent d'une défaillance des volontés et qu'ils ne peuvent faire appel, en réalité, qu'à des sentiments rétrogrades et médiocres. De quelque illusion que puissent peut-être se leurrer ceux qui prétendent croire encore en un islamisme politique modéré, la vérité est que l'opportunisme ou la ruse seule a pénétré leurs esprits. C'est seulement au pouvoir et à son exercice exclusif qu'ils aspirent.
Certes, le bon sens populaire semble déjouer aisément toutes ces tromperies, et ne s'y sont laissés prendre que ceux qui y étaient déjà embrigadés. Si l'on cherche vraiment à pénétrer dans la conscience de chaque Tunisien pour y ranimer une étincelle de dévouement et un consentement au sacrifice, ce ne pourrait être qu'en lui révélant à lui-même ce qu'il veut sans s'en douter, et une règle à laquelle il ne peut manquer de se sentir tenu dès qu'il la discerne : c'est qu'il veut sans doute ne pas déchoir ; qu'il se sait membre d'une communauté noble et ancienne (berbère, cathaginoise, romaine, byzantine, arabe, musulmane, juive...) qu'il n'a jamais songé à renoncer ; qu'il lui appartient de ne pas l'abaisser et de la léguer à ses successeurs au moins telle qu'elle lui avait été transmise à lui-même ; pour laquelle il lui faut, pour se racheter consentir à agir.
Or, comment susciter un mouvement populaire pour un vrai changement, pour débarrasser la Tunisie de cette gangrène salafiste (des temps révolus) avant que ça soit trop tard ? «L'amour de soi-même, mon suzerain, fait dire Shakespeare à un de ses seigneurs féodaux, n'est pas un défaut aussi bas que l'abandon de soi-même». S'il faut reconnaître le fait accompli et s'y résigner, ce ne peut être au moins qu'à la condition de l'avoir estimé d'abord à la mesure de notre volonté et de notre raison, de l'avoir compris et utilisé pour notre grand intérêt national. C'est seulement en nous affirmant encore, en nous redisant sans cesse (même sous la menace des ennemis de la démocratie) notre acte de foi en la valeur de l'égalité, de la liberté et de la démocratie, que nous pourrons retremper notre volonté et retrouver en nous une source nouvelle de confiance, de dignité, et, s'il se peut, d'enthousiasme et d'héroïsme. C'est seulement en nous fortifiant dans le sentiment qu'il n'y point de salut pour notre pays avec l'Islam politique et identitaire.
Pour une modération à la tunisienne
La modernité à la tunisienne s'est constituée en traçant une ligne de démarcation entre la sphère publique et la sphère privée. Cette opposition entre public et privé relève d'un principe constant posé par la sécularisation «bourguibienne». L'expression religieuse (croyances et rites) relève de l'espace de la vie personnelle, a contrario, l'espace public est le lieu de la vie politique. Dans cette perspective, la sphère publique assure le dépassement des intérêts individuels ou de groupes, elle est le lieu du débat démocratique, du déploiement de la raison, de la mise en forme et de l'application du droit, tandis que l'espace privé est le lieu de la vie intime, des convictions, des croyances et des passions. Et notre modèle républicain puise sa force dans la promesse de liberté qu'il offre à tous (croyants et non croyants, pratiquants et non pratiquants.. .), au prix de leur renoncement au particularisme dans l'espace public et de leur identification aux valeurs de l'Etat national en tant qu'individu souverain. Cela va inévitablement nous amener à reposer et à réfléchir deux problématiques : d'une part, le rapport entre l'universel et le relativisme culturel qu'il faut revisiter dans ce contexte de résurrection d'un Islam identitaire agressif afin de valoriser les croyances en des valeurs universelles, donc réintroduire une autre sacralité (juridique) républicaine. D'autre part, résister à un air du temps, qui veut qu'on mette en avant les principes de la coupure entre un Islam politique modéré et un Islam politique extrémiste. La religion qu'elle soit d'acception modérée ou d'acception extrémiste ne doit point se mêler du politique. Point. L'Etat de droit (sécularisé) est l'objectif de notre Révolution. Il ne peut se réduire à la tolérance et à l'acceptation de particularismes limités ; il ne se confond pas davantage avec une religiosité chargée de violence. Sa force principale vient de sa volonté de permettre aux Tunisiens de ne point sacrifier leur spécificité : la sécularisation de leur modèle de société. Le salafisme n'a donc pas sa place dans notre Tunisie moderne.


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