La prolifération des actes de violation des libertés, la recrudescence des menaces, la multiplication des intimidations et des agressions physiques et verbales à l'encontre des journalistes, les tentatives de contrôle, de domination et d'instrumentalisation des médias, les récentes nominations, la censure, la liste noire des journalistes, l'application des décrets-lois 115 et 116, et plus particulièrement la décision d'entamer une grève générale des médias, tels sont les principaux thèmes débattus hier lors de l'assemblée générale extraordinaire du Syndicat national des journalistes tunisiens, organisée à Tunis. Cette assemblée à laquelle ont pris part un nombre restreint de journalistes a montré encore une fois que les professionnels du secteur de l'information ne sont pas solidaires et qu'ils ne partagent pas les mêmes préoccupations, ni les mêmes attentes. Le débat engagé par les journalistes des différents établissements médiatiques n'a apporté rien de nouveau. C'était uniquement l'occasion pour prendre une décision historique annoncée depuis l'année dernière au cours de plusieurs réunions successives, mais qui n'a pas fait l'objet ni d'un suivi, ni d'une appréciation, c'est la décision d'observer une grève générale du secteur de l'information. Sur cette question, la divergence des avis des collègues et des membres du bureau exécutif du Snjt nous poussent plus à la vigilance qu'à un optimisme béat. Mais malgré cet environnement difficile, les journalistes restent conscients quant à la défense de leur indépendance et la préservation de leur liberté. Lors du débat, les critiques des journalistes étaient virulentes, protestant contre le communiqué commun publié à la suite de la rencontre du chef du gouvernement avec les structures professionnelles et syndicales, ainsi que du débat qui n'a abouti à aucune décision concrète et constructive pour résoudre les problèmes des journalistes. Ils pensent que la décision du gouvernement de créer un cadre de concertation réunissant la présidence du gouvernement et les structures professionnelles, qui s'intéressent aux questions relatives au secteur de l'information et à ses préoccupations et au suivi de l'exécution des accords les concernant, est une décision qui ne répond pas aux aspirations des journalistes et que le conflit avec la Troïka doit être résolu en engageant un dialogue permanant avec toutes les parties et les structures concernées. La grève générale sera un signal fort pour le gouvernement provisoire pour mettre fin aux pressions, aux maux et aux intimidations qui en disent long sur les difficultés que rencontrent encore les journalistes dans l'exercice de leur métier. Le débat était focalisé, également, sur la nécessité d'engager une réforme profonde du secteur de l'information et de la communication, dont la réalisation doit être confiée à toutes les parties concernées et non seulement au gouvernement ou à l'ANC. Les participants ont souligné qu'on a besoin aujourd'hui d'un discours objectif, transparent, qui montre la réalité. A l'évidence, le secteur des médias se voit offrir une chance de restaurer sa crédibilité, même avec les lacunes existantes, à prouver qu'il pourrait réaliser sa mue où la liberté d'expression est le maître-mot, où le professionnalisme sera de mise, au moment où certains professionnels désabusés confirment avoir un mépris envers le gouvernement provisoire qui porte encore atteinte à la dignité des journalistes. Journalistes profondément écornés par des années de pressions et de connivence avec le pouvoir. Les professionnels sont appelés à jouer un rôle crucial, rôle d'autant plus important, aujourd'hui, pour le secteur qui n'est encore qu'aux prémices de sa relance, avec les dangers et les risques qui guettent le processus de son développement. A la fin de l'assemblée, les journalistes ont décidé d'observer une grève générale du secteur d'ici mi-septembre.