Huis clos, violence, crise financière et incertitudes : voilà dans quelle situation redémarre notre compétition A l'heure où notre compétition entame son énième redémarrage, est-il vraiment prioritaire de parler de recrutements, de transferts, de joueurs, d'entraîneurs et de tactique? Au point où nous en sommes, au point où en est notre football, nous ne le pensons absolument pas car, quand on est en danger de mort, on ne pense pas vraiment au plaisir. Le constat est terrible aujourd'hui. C'est qu'à l'heure où tous les secteurs de la vie ont plus ou moins repris dans le pays, le football reste encore à la traîne, pour des raisons obscures ou alors trop... évidentes. Pour trois raisons au moins. La première mille fois répétée : le football et le sport en général n'ont pas été dans les discours, les programmes et les actions post-révolutionnaires de tous les partis. Sans exception aucune. La seconde est tout aussi claire et évidente : profitant du flou très peu artistique engendré par la révolution, certains ont vite fait de «se recycler» à l'intérieur des clubs et, quand on voit quelques noms faire la une des journaux sans aucune retenue et sans aucune pudeur, il y a de quoi désespérer de la chose footballistique. A l'intérieur des clubs, et au sein même de l'actuelle fédération de football, d'où son impuissance totale de remettre notre football sur les rails, de maîtriser la situation et, surtout, de prendre des décisions et des sanctions pour rétablir l'ordre. Quels que soient le nom du fautif, son importance et son appartenance. Cette faiblesse nous désole et n'augure rien de bon pour cette reprise, mais aussi pour celle qui va suivre. Quelqu'un peut-il nous dire aujourd'hui où sont la ligue et la fédération, leur poids réel, leur marge de manœuvre et leur pouvoir ? Ne vous creusez pas trop les méninges : nul ! Peut-on dès lors parler de football et de reprise ? Peut-on parler de retour du public, de contrôle et de respect des règles sportives et de l'adversaire ? Difficile, très difficile surtout qu'un nouvel élément est venu se greffer à ce cadre déjà pas très reluisant : l'argent. L'argent : un poids supplémentaire A l'heure où la presque totalité de nos clubs ont la tête sous l'eau, où les recettes sont pratiquement inexistantes, l'argent coule à flots à l'Espérance et au Club Africain et les prix sont aux cieux pour des joueurs somme toute «normaux». Une chose est sûre : la bataille est lancée et elle risque d'éclabousser tout le monde, à commencer par ces pauvres arbitres, souffre-douleurs de toute l'ambiance footballistique. Face au silence assourdissant, et cette fois coupable, de la ligue et de la fédération qui auraient —au moins— dû tenir une conférence de presse pour affirmer leur autorité et rappeler que la loi est valable pour tous. Face au maintien du huis clos, face aux enjeux qui l'annoncent (titre et relégation), nous ne pouvons pas faire semblant d'être optimistes. Nous ne sommes pas non plus alarmistes, même si les clignotants sont au rouge. Nous sommes toutefois vigilants et nous continuerons à dire les choses, d'autant que les enjeux et les intervenants sont de moins en moins... sportifs. Sinon, cette reprise s'annonce excitante pour le mercato très agité, fou et démesuré à la fois. Le championnat français nous enseigne que l'argent ne fait pas remporter des titres et qu'il n'accorde pas des faveurs et des privilèges particuliers. Le PSG en sait quelque chose. Nous savons malheureusement que ce n'est pas le cas dans notre football. Pour le reste, vous avez l'embarras du choix. Mais uniquement face à votre télé!