A la faveur de la rentrée politique et parlementaire, la saison des initiatives semble battre son plein et à un rythme de plus en plus soutenu. Après l'initiative de dialogue national en vue de la recherche d'un consensus pour la période restante de la deuxième étape de la transition démocratique dont les fils sont en train de se tisser discrètement et à l'abri des médias entre la Troïka au pouvoir et la Troïka entourant Béji Caïd Essebsi (voir La Presse du 5 septembre), Abdelwaheb El Héni, président du parti Al Majd, a pris, hier, le relais pour présenter, au cours d'une rencontre de presse, sa propre initiative qu'il appelle «l'initiative du 18 octobre pour l'unité nationale : le consensus national et la concorde civile». Pourquoi maintenant et quelles sont les causes qui ont poussé Al Majd à lancer son initiative ? Abdelwaheb El Héni précise : «Le démarrage de la nouvelle année politique et sociale 2012-2013 connaît une poursuite inquiétante de l'état de tension, de tiraillements et de dissensions que nourrissent les guerres de positions que se livrent les partis politiques et la situation économique et sociale se détériorant de jour en jour. Au parti Al Majd, nous considérons que la poursuite des divisions et le retour des forces antirévolutionnaires qui agissent désormais à visage découvert ainsi que les analyses prônant le vide constitutionnel après le 23 octobre 2012 représentent une menace sérieuse qui risque de porter atteinte à la paix sociale, à la stabilité et à l'unité nationale et même à la pérennité de l'Etat». Partant de ces données, Al Majd a décidé de lancer «son initiative du 18 octobre pour l'unité nationale», «initiative qui regroupera toutes les forces politiques qui se sont dressées un certain 18 octobre 2005 pour dire non à la répression et à la tyrannie de Ben Ali et pour mener la fameuse grève de la faim qui a rencontré un grand succès médiatique avec la participation de plusieurs personnalités nationales, de partis politiques et de juristes dont certains représentants se trouvent aujourd'hui au sein de la Troïka au pouvoir ou dans les partis de l'opposition». Abdelwaheb El Héni poursuit encore : «Notre initiative a pour ambition de regrouper de nouveau les membres fondateurs du mouvement du 18 octobre en vue de parvenir, ensemble, à un consensus sur la réussite de la deuxième phase transitoire et le renforcement de la légitimité électorale pour la légitimité du consensus, de la participation et de la transparence». Quatre grands axes L'initiative que le parti Al Majd propose à ses partenaires, dont Ennahdha (Ziad Doulatli devait participer à la rencontre de presse, mais il s'est absenté pour des raisons personnelles aux dires d'Abdelwaheb El Héni), s'articule autour des quatre grands axes suivants : – La mise au point d'une feuille de route pour le restant de la deuxième phase transitoire (l'élaboration de la Constitution et la définition d'une date pour les élections). – La mise en place d'une feuille de route pour l'instauration d'une instance qui sera chargée de la justice transitionnelle. – L'ajustement de l'action gouvernementale et la préparation du budget 2013. – La restauration de l'aura de l'Etat et la lutte contre toutes les formes de violence matérielle et verbale et de dérive sécuritaire et sociale. «Il n'y aura pas de plafond à ne pas dépasser pour notre initiative. Ce sont les participants qui décideront de ses limites. Nous nous engageons à faire en sorte que notre initiative aboutisse au cours des quarante jours qui nous séparent encore du prochain anniversaire du mouvement du 18 octobre. L'opinion publique sera informée à temps, de l'avancement de la concrétisation de notre initiative», souligne, en conclusion, Abdelwaheb El Héni, président d'Al Majd. Partenaires de l'initiative, Féthi Jerbi, membre du bureau directeur du mouvement Wafa, Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, et Naceur Oueslati, représentant du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), ont exprimé leur conviction que «l'initiative du 18 octobre pour l'unité nationale ne peut que servir les intérêts de la Tunisie à un moment où le bateau semble chavirer, l'avenir semble incertain du fait des divisions et des tensions qui menacent la stabilité du pays». Ils ont insisté, également, «sur l'absence d'une feuille de route claire et précise d'où la nécessité pour les partis politiques de se regrouper et de créer des familles politiques capables de s'imposer sur la scène politique nationale». Mohamed Bennour a, notamment, indiqué que «l'initiative d'Al Majd sera soumise à la direction d'Ettakatol qui décidera de la forme de la formation de sa contribution à cet appel».