La campagne des agrumes vient de démarrer avec des débuts plutôt timides cette année, sur le double plan de la quantité et de la qualité. En sont témoins les clémentines qui, cultivées en primeur, commencent à garnir les étalages de nos marchands de fruits et légumes. Mais elles n'offrent pas vraiment le profil habituel, avec un prix qui va de 1d,500 à...2d,500, selon l'emplacement, alors qu'il est acquis au prix de gros à 1d,200 en moyenne, nous a-t-on expliqué en milieu agricole responsable. Qu'en est-il réellement ? Quelles sont les raisons du mauvais comportement de la saison ? Et de la baisse enregistrée au niveau de la qualité du fruit ? Les meilleurs indices sont à relever au Cap Bon, principale zone des agrumes dans le pays. Cette année, ces fruits ont couvert 16.500ha dans la région, dont 14.200 ha d'espace productif, le reste étant destiné aux jeunes plantations, non encore productives. Cela lui suffit pour couvrir pratiquement 75% de l'espace réservé à l'agrumiculture à l'échelle nationale. Les principales zones de production dans la région sont Béni Khalled (avec 27% du total), Menzel Bouzelfa (25%), Bouargoub (16%), Soliman (14%), puis le reste comme suit : Grombalia, Takelsa, Hammamet, Nabeul, Korba, Béni Khiar... Côté production, les estimations donnent un total de 234.000 t pour la présente campagne (2012/2013), contre 260.000 t l'année dernière, considérée comme un record pour les cinq années qui l'ont précédée. Soit un fléchissement de 10%. Cette chute est due essentiellement à deux facteurs liés aux conditions climatiques défavorables qui ont sévi cette année. En amont et en aval. D'une part, il y a eu les hautes températures qui ont régné pendant toute la période estivale. Elles ont accéléré et augmenté la chute physiologique du fruit, la chute habituelle, celle dite «de juin», qui a lieu normalement chaque année. Le hic, c'est que cette année, cette chute a été très forte en raison de la grande chaleur, mais aussi à cause des difficultés rencontrées au cours de la période d'irrigation, essentiellement pendant la période de pointe (juillet-août). C'est que cette année, il y a eu une forte demande d'eau à partir du canal Medjerda-Cap Bon (les eaux du Nord) : d'une part par la Sonede (avec les problèmes que cela a posés dans certaines zones du Sahel et de Sfax), d'autre part par l'agriculteur qui a enduré un grand manque à gagner d'eau pour l'irrigation, malgré les efforts déployés par le Crda qui a programmé la desserte «au tour d'eau». Façon d'atténuer la peine des agriculteurs, chacun à son tour, nous a-t-on expliqué. D'autre part, il y a eu une perturbation notable au niveau de la campagne nationale de lutte contre la mouche méditerranéenne des fruits (la fameuse «céatite»), ennemie jurée des agrumes. Il y a eu décalage et étendue dans le temps au niveau du traitement de l'arbre, surtout concernant les opérations menées habituellement par avion au niveau des vergers qui font partie du «Bloc» où ils couvrent pratiquement 12.500ha. Ce retard et cette étendue dans la durée sont dûs essentiellement aux conditions climatiques défavorables : pluies, vents, brouillards... En somme, c'est ce qui a affecté la campagne de cette année au niveau de la quantité... mais surtout du côté de la qualité.