En matière d'excès de vitesse, où l'impunité était longtemps la règle sur nos routes et autoroutes, l'entrée en vigueur du radar automatique aura réussi à bousculer décisivement les mauvaises habitudes. Tous ceux qui appuyaient machinalement sur le champignon vénéneux sont désormais forcés d'avoir bien à l'esprit qu'un œil vigilant et incorruptible va les flasher illico presto sans crier gare et leur faire payer leur comportement volage. Entré en fonction à la mi-avril, le radar automatique a pris de vitesse un nombre impressionnant d'automobilistes qui vont ainsi devoir s'acquitter, dans les meilleurs délais, d'une amende au profit de la trésorerie publique. Puis faire montre de retenue pour éviter la récidive. L'effet de surprise ne se rapporte pas tant à l'entrée en fonction de ce radar dénonciateur qu'au fait que la tolérance de 10 ou 20 km qui était pratiquée auparavant a brusquement disparu, sans que les usagers de la route n'aient effectivement assimilé cette nouvelle donne, trop concentrés qu'ils étaient sur le caractère exhaustif et inviolable du dispositif du radar automatique lui-même et des mécanismes relatifs aux amendes et sanctions prévues. Même si les chiffres officiels n'ont pas encore été publiés, certains journaux et sites électroniques font état de 30.000 à 60.000 infractions déjà enregistrées. Sachant que des milliers de conducteurs flashés ont déjà reçu leurs contraventions par la poste à l'adresse indiquée sur leur carte d'identité nationale. Le nouveau texte prévoit ainsi une amende de 40 dinars pour tout dépassement de la vitesse maximum indiquée, dans les limites d'un excès ne dépassant pas les 20 kilomètres à l'heure. Si la vitesse dépasse de 20 km et plus, l'amende atteint 60 dinars. Alors que les fous… fous… fous du volant qui se risqueraient à un excès de plus de 50 km/h (soit 160 km/h sur l'autoroute), ils seront considérés comme ayant commis un véritable délit de justice passible des tribunaux sans préjudice de l'amende entre 120 et 240 dinars dont ils écoperont sur la base du procès-verbal établi. Malgré les critiques émises çà et là sur le manque d'information ou l'absence d'une campagne d'explication en bonne et due forme, un fait est certain, au vu des réactions enregistrées auprès des automobilistes, c'est que l'effet de surprise a joué positivement dans l'adoption de comportements plus modérés sur la route. Au détour de quelques milliers de conducteurs pris en défaut, c'est ainsi la mise en branle de nouvelles traditions de prudence vis-à-vis du radar automatique qui constituent un socle solide pour une lutte enfin efficace contre l'excès de vitesse, ce fléau majeur de la mortalité sur les routes. Jusque-là, le conducteur automobile avait une chance infime d'être pris en «flag» d'excès de vitesse. Désormais, il y fera attention pour trois raisons : son civisme de citoyen, sa bourse et sa vie. Trois motivations qui permettent d'espérer que le réseau des radars automatiques ne cessera d'être étendu, en tant qu'arme dissuasive au service du salut du citoyen.