Cent soixante délinquants ont été arrêtés par les différentes unités de sécurité à Sfax. D'autres le seront prochainement. Les arrestations interviennent suite aux actes de violence et de vol organisés ces derniers jours par des bandes criminelles qui ont visé notamment les grandes surfaces commerciales de la ville. Ces jeunes ont profité du climat de tension qu'a connu la ville, essentiellement la veille de la grève générale de vendredi dernier. En effet, la ville de Sfax a connu un jeudi soir très tendu, marqué essentiellement par des actes de violence, de vol et de terreur. Des centaines de jeunes délinquants et de criminels ont vandalisé plusieurs boutiques commerciales et incendié des voitures. Munis de bâtons, de cocktails Molotov et d'armes blanches, ces jeunes ont essayé dans un premier temps de semer la zizanie au centre-ville pour pouvoir s'éparpiller ensuite dans le reste de la ville. «C'est un crime organisé qui est loin d'être spontané», insiste un haut gradé de la police à Sfax. Plus de deux mille personnes, dont une majorité de jeunes, ont essayé à maintes reprises de forcer les portes blindées d'une grande surface commerciale en plein centre-ville. L'intervention des unités de sécurité a permis de sauver cet espace commercial mais n'a pas permis, en revanche, de maîtriser la situation aux alentours. Le nombre des assaillants était très élevé et leur présence dans les rues indiquait qu'ils étaient très bien organisés. Qui est derrière ces actes criminels ? La question se pose avec insistance. La réponse des policiers est claire : pas de partis politiques qui encadrent ces actes. Ce sont des actes criminels par excellence. En quelques heures, la ville désertée par les commerçants terrifiés a été occupée par des bandes criminelles venues de tous côtés, à bord de motocyclettes et de grosses cylindrées. Leur objectif était visiblement le vol. Pour ce faire, ils ont essayé d'attirer les unités de sécurité en dehors du centre-ville. Les policiers ont ainsi reçu plusieurs coups de fil signalant des actes de violence hors de la ville. Il s'est avéré en effet qu'il s'agissait de fausses alertes. Mais pourquoi Sfax ? Outre son poids économique et démographique, Sfax a toujours été une ville influente du point de vue politique. «La chute de Sfax dans le désordre est catastrophique pour tout le pays», commente un responsable de la police, ajoutant: «C'est pour cette raison d'ailleurs que la ville a été visée par des bandes criminelles, dont certaines sont venues de loin avec l'intention de saccager la ville et de semer la zizanie». Ainsi, les événements qu'a connus Sfax, il y a une semaine, ne peuvent en aucun cas passer inaperçus. Il est temps de repenser toute la stratégie sécuritaire dans la ville et dans tout le pays. Car, sans sécurité, il n'y aura ni investissements ni paix sociale. Une stratégie sécuritaire de nature à préserver les propriétés publiques et privées. Lorsqu'une poignée de malfrats et de bandits prennent la ville en otage, les choses deviennent graves. Dans ce même ordre d'idées, un phénomène aussi étrange que dangereux est à signaler : le recours de certains hommes d'affaires aux services des bandits pour protéger leurs boutiques, usines et même maisons. Ces bandits dont le casier judiciaire est généralement très chargé n'hésitent pas à faire la loi, en toute confiance et sérénité ! Ironie du sort : jeudi dernier, et lors d'un contrôle d'identité, les policiers ont arrêté un grand nombre de ces «bodygards», tout simplement par ce qu'ils étaient recherchés !