La violence et les actes terroristes qui n'ont jamais cessé, mais dont la cadence a baissé, deviennent plus importants ces derniers jours. On craint fort qu'ils reprennent leur rythme initial et qu'ils ne passent à une vitesse de croisière. Ces craintes se justifient par l'ampleur qu'a prise cette violence, elle s'étend à toutes les régions et touche plusieurs sphères de la vie sociale. Cet embrasement géographique rend la situation très critique, il est donc grand temps pour qu'on y pense très sérieusement, qu'on essaye d'y voir clair pour qu'on puisse bien comprendre le phénomène et le réprimer le plus tôt possible et tant qu'il est encore temps. Des actes bien orchestrés Ces dernières semaines, plusieurs villes ont vécu des actes de violence telles que Menzel Témime, Le Kef, Naâssène, Bizerte et tout récemment Siliana. Les moyens mis en œuvre par les criminels sont toujours les mêmes, saccage, qui touchent des établissements publics vitaux comme les bureaux de recette et les hôpitaux. Et pour semer l'opinion publique, des attaques contre les locaux de la police et de la garde nationale faisant croire que ce sont des actes de vengeance perpétrés par des citoyens contre ces derniers. Donc, le scénario fonctionne à chaque fois de la même manière, la simulation est toujours de rigueur. Cela montre à l'évidence qu'il s'agit là d'actions orchestrées derrière lesquelles se cachent des bandes bien organisées. Et comme une bonne organisation requiert des moyens financiers importants et une couverture policière, certains dirigent leur doigt accusateur vers la milice et le bras armé du régime déchu. Les événements dramatiques qui ont eu lieu dimanche dernier au stade de Bizerte sont une preuve supplémentaire de l'implication de ces derniers selon des témoins oculaires. Les jeunes qu'on a vu envahir le terrain étaient tous descendus du même gradin, ce qui veut dire qu'ils formaient un groupe homogène et qu'ils ont donc agi de concert. Cette bande de voyous a ensuite dévalisé la ville. Ils proviennent des régions les plus démunies de Bizerte telle que Zarzouna. Plusieurs témoins dont notamment le vice-président du CAB ont affirmé que le coup était préparé bien avant le match d'après la rumeur qui a circulé dans toute la ville, ce qui a amené des parents à empêcher leurs enfants d'aller au stade. L'envahissement du terrain était un acte prémédité qui n'avait rien à voir avec le score du mach, il était commis pour des considérations extra-sportives : les jeunes acteurs de cette scène macabre étaient payés par des milices, c'est la thèse soutenue par quasiment tous les Bizertins. Avant-hier, une scène similaire avortée s'est déroulée dans un quartier de la localité de Laouina, les habitants y ont arrêté une voiture occupée par trois miliciens qui distribuaient des billets aux jeunes les incitant à commettre des actes de vandalisme, ils les ont livré aux militaires. Une logistique archaïque Le financement d'actes de violence par ces dernières n'est plus un secret pour personne, depuis le 14 Janvier, les résidus du régime sanguinaire essayent de semer le chaos dans le pays pour en profiter et tenter de ressusciter par le biais d'une alternative : Ben Ali ou la zizanie. Ils nourrissent encore l'espoir de voir les citoyens opter pour la première « solution ». Les rcédistes et leur vieille garde et ne lâchent pas prise et multiplient leurs actions déstabilisatrices. Leurs champs d'action sont variés, puisqu'ils sont partout, une certaine police parallèle et l'administration seraient encore leurs fiefs, ils en disposent comme bon leur semble sans que personne ne les inquiète. Quand on a l'argent et le pouvoir on peut tout avoir. Ces criminels se comportent comme des patrons, comme les vrais détenteurs de l'autorité, étant donné l'impunité dont ils jouissent. Nous avons vu comment certains de leurs collaborateurs dans le secteur du secondaire ont terrorisé les professeurs, le personnel et les élèves et embrigadé quelques uns parmi ces derniers. Le silence mystérieux Cette situation préoccupante et dramatique n'a apparemment pas retenu l'attention du Premier ministre qui, lors de sa dernière conférence de presse, continue à voir dans les sit-in et les autres manifestations revendicatrices des facteurs déstabilisants menaçant la sécurité des citoyens et mettant le pays en péril. Il est vraiment regrettable qu'il ne fasse aucun commentaire sur les « actes terroristes" qui représentent le vrai danger que court notre Révolution d'autant plus qu'une échéance capitale nous attend dans trois mois, les élections de l'Assemblée constituante qui vont décider de l'avenir de notre pays. Sans sécurité, ce grand rendez-vous serait raté, car n'oublions pas que ces « gardes blancs » vont intensifier leur travail de sape et de brouillage : c'est le sursaut du désespéré et de l'agonisant.