Par ces temps de marasme économique, le football tunisien est-il prêt à mobiliser des fonds économiques ? L'idée de transformer les clubs tunisiens en sociétés sportives est fort louable. Nous défendons cela depuis des années. Ça fait un bon bail qu'on opère dans un modèle sportif et économique anarchique en championnat. Des clubs qui vivent au jour le jour, qui comptent trop sur les deniers publics, des salaires exagérés et infondés qu'on donne aux joueurs et aux entraîneurs, des déficits hérités d'un bureau directeur à l'autre, beaucoup de problèmes de transparence et, aujourd'hui, une incapacité à honorer les obligations financières, voilà où en est arrivé le football tunisien. Au départ, un professionnalisme imposé d'une manière louche en 1995, et voilà le commencement des pépins. Clubs restés amateurs dans leurs méthodes de gestion, joueurs qui en ont bien profité pour se remplir les poches et puis des gouffres financiers cumulés au fil des années. On ne forme plus les joueurs, on augmente les prix des billets pour faire face à l'énorme masse salariale. En même temps, nos clubs ont compté sur le transfert des joueurs pour créer une plus-value. Ce n'était pas permis à tout le monde ! Et tout cela, sans payer le moindre impôt. Bailleurs et attentes... Une société sportive ou n'importe quelle autre société a un capital, des associés qui peuvent être quelques personnes, mais aussi le grand public (si le capital est ouvert aux petits apports). Maintenant, transformer nos clubs, qui vivent des moments pénibles, en sociétés qui gèrent, dépensent, gagnent et payent des impôts, est quelque chose de fantastique. Ça nous permettra de mettre fin à ce vide juridique et économique. Plus de protection de l'Etat (subventions) et une grande liberté à décider et à rentabiliser des capitaux et une infrastructure. Mais avouons que ce n'est pas encore quelque chose de facile à mettre en pratique. - Cette période transitoire en Tunisie bloque tous les opérateurs économiques, Sera-t-il facile de mobiliser des fonds et d'attirer des bailleurs de fonds en ce moment? - Il faudra une approche fiscale spéciale pour les clubs. Faute de ressources financières consistantes, ce sera plus intéressant de donner un délai de grâce fiscale, façon de permettre aux clubs de capitaliser des fonds. - Y aura-t-il l'argent nécessaire, faute de recettes du stade, de sponsoring et de revenus publicitaires, pour constituer des sociétés? Le changement est obligatoire comme le veut la Fifa, mais à court terme, payer les salaires et les primes des joueurs est l'urgence. Tôt ou tard, les clubs de football doivent se transformer en sociétés. Ils sont tout d'abord tenus d'apprendre comment gérer un club professionnel et comment rentabiliser les apports des associés. Un président qui fait tout et un comptable qui assure l'administratif, c'est complètement révolu! Nous y reviendrons!