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«La réglementation n'impose pas de seuil pour l'utilisation de l'huile de palme » Dr Thouraya Annabi Attia, directrice du contrôle sanitaire des produits à l'Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits
Aujourd'hui, l'huile de palme est sous le feu des projecteurs. Le débat ne cesse d'enfler sur cette dernière, dans la mesure où elle intervient dans la fabrication de nombreux produits industriels. Si l'huile de palme est accusée aujourd'hui de tous les torts, il faut reconnaître qu'elle a été dans certains pays d'un apport sanitaire important. Source de vitamine A, l'huile de palme a été le support de plusieurs programmes nutritionnels dans certains pays d'Afrique pour lutter contre certaines maladies dues à la carence comme la cécité. Elle a aussi un autre avantage, c'est son prix, puisqu'elle figure parmi les huiles végétales les moins coûteuses, ayant même détrôné l'huile de soja. C'est essentiellement à cause de cela qu'elle a fait son entrée dans notre pays. Cette huile présente, par ailleurs, des caractéristiques intéressantes. Outre son aspect pâteux qui intéresse les industries agroalimentaires, elle est stable à la cuisson, d'où l'intérêt qu'on lui porte en Europe. Si elle est décriée aujourd'hui c'est pour les inconvénients qu'elle présente. Sur le plan santé, l'huile de palme est l'huile la plus riche en acides gras saturés (AGS), induisant des hypercholestérolémies. Sa consommation régulière accroît le risque des maladies cardiovasculaires. Sur le plan environnemental, elle est impliquée dans la déforestation, puisque certains pays (Indonésie et Malaisie) font des plantations industrielles de plusieurs milliers d'hectares au détriment des forêts tropicales,en utilisant quantités de fertilisants et autres pesticides. Parlez-nous de sa composition. Dans quels produits la trouve-t-on? L'huile de palme apporte environ 50% d'acides gras saturés (AGS) contrairement aux autres huiles qui en apportent environ 15%. En Tunisie elle est mélangée, à des proportions variables, (25% en moyenne) à l'huile de soja pour constituer la fameuse huile subventionnée (zit el hakem). Elle existe dans les margarines et toutes sortes de produits alimentaires tels que les viennoiseries et autres pâtisseries semi-artisanales, mais surtout dans les produits alimentaires industriels comme les chips et les biscuits. Sa consommation quotidienne présente-t-elle réellement des risques pour la santé? Est-elle dangereuse et cancérigène comme l'affirment certains chercheurs? Cela revient à répondre, en premier lieu, à la question de l'apport quotidien en acides gras saturés, qui ne proviennent pas seulement des graisses végétales, mais surtout des graisses animales. Cela revient donc à faire un bilan énergétique personnalisé, car tout ceci est une question d'équilibre dans les apports journaliers de chaque consommateur. Or, aujourd'hui la « nouvelle manière de « s'alimenter » est plutôt préjudiciable pour la santé. C'est pour cela que l'Institut de Nutrition a publié, sur son site, un guide pour l'alimentation des enfants et des adolescents. Quant aux autres problèmes de santé évoqués, ils ne sont pas spécifiques à l'huile de palme. La cancérogénicité est attribuable à toutes sortes de contaminants chimiques qui peuvent exister dans les résidus des huiles végétales, dont les dioxines, les métaux lourds, les pesticides. L' huile de palme a été beaucoup utilisée en Europe à partir des années 2000, en réponse à un problème de santé posé par d'autres huiles alimentaires qui apportent un excès d'Acides Gras Trans (AGT) ). Ces AGT sont en effet impliqués dans les maladies cardiovasculaires et les cancers. On a généralement tendance à taire ce genre de chose pour ne pas alarmer le consommateur. Aujourd'hui, le problème qui se pose est un problème général de sécurité sanitaire des aliments qui nécessite une infrastructure à l'échelle nationale pour protéger la santé des citoyens. D'où provient l'huile de palme importée par la Tunisie? Combien en importe-t-on de tonnes ? Est-elle soumise au contrôle du ministère de la santé? L'huile de palme provient essentiellement de Malaisie et d'Indonésie car elle est extraite d'une plante tropicale. Nous en importons régulièrement en Tunisie depuis le début des années 2000 (en 2009, nous en avons importé environ 70 000 tonnes). Cette importation se fait souvent sous forme d'huile brute (solide ou liquide). Elle est destinée, en tant que matière première, à la transformation et de ce fait n'est pas soumise au contrôle systématique au niveau des frontières. C'est aux industriels de contrôler la qualité de l'huile qu'ils utilisent dans la fabrication de leurs produits. l'Agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental intervient en aval et assure uniquement le contrôle des produits finis, mis sur le marché, conformément à la réglementation nationale en vigueur. Il y a lieu de souligner que cette réglementation impose l'étiquetage et l'affichage de la composition des produits préemballés mis à la vente. Mais ce texte de loi relatif à l'affichage doit être révisé car il n'impose pas, à titre d'exemple, l'affichage de la teneur en acides gras saturés et en acides gras trans. Il n'impose pas non plus aux industriels de mentionner sur l'emballage des conseils la quantité d'huile et la température de cuisson qui ne doivent pas être dépassées. Tout ceci est tributaire de ce qu'on appelle «la culture du consommateur »,qui reste à développer.