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La permaculture, agriculture de demain
Reportage
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 02 - 2014

Deux jeunes cultivent un terrain agricole à Ras Jebel suivant des méthodes respectueuses de l'environnement et y développent un système durable qui tend vers l'automaintien
Lina et Sofiane ont respectivement 32 et 35 ans. Avant de venir habiter en Tunisie, il y a un an et demi, le couple vivait à Copenhague, où il avait découvert le concept des fermes urbaines. Ils se sont passionnés pour l'agriculture durable et ont décidé, en 2011, de se convertir à la permaculture. Aujourd'hui, Lina, architecte paysagiste grecque, et Sofiane, chercheur en informatique tunisien, cultivent un terrain agricole de 3.000 m2 à Ras Jebel.
Ils ont créé un blog afin de raconter leur expérience. Le site a attiré des personnes qui souhaitent apprendre des méthodes alternatives pour les appliquer. La ferme est devenue un terrain d'expérimentation et d'apprentissage. Avec les membres de l'Association tunisienne de permaculture et un groupe de passionnés, ils organisent des ateliers et des journées découvertes pour grands et petits, dans leur ferme et ailleurs. Le tout est dispensé gratuitement.
La permaculture séduit des gens de divers horizons. Les méthodes utilisées sont respectueuses de l'environnement. Elles sont très différentes de celles pratiquées en agriculture intensive, mais sont proches de celles qui sont utilisées en agriculture traditionnelle.
Terrain faussement délaissé
La ferme est installée sur un terrain vallonné. Le couple a aménagé des terrasses pour limiter l'érosion et favoriser l'infiltration progressive de l'eau dans le sol. Pour capter et préserver l'humidité, des troncs d'arbres ont été enterrés sous les canaux, situés en contrebas des terrasses, et un paillis (mulch), constitué de paille ou de copeaux de bois, a été posé sur le sol. «Avec ces méthodes on a moins besoin d'arroser la terre. En été, c'est seulement une fois par semaine», assure Lina.
A certains endroits de la ferme, le sol est couvert d'orties, de chardons et autres «mauvaises herbes». «On les laisse pousser pour avoir de la biomasse. Ces plantes peuvent servir pour le compost», explique la jeune femme. L'ortie peut aussi être consommée. D'après Lina, elle est riche en nutriments, «mais on n'a pas encore essayé de la manger», dit-elle avec le sourire. «En revanche, on consomme la mauve (khobbiza en arabe)», ajoute Sofiane. Dans tous les cas, «les plantes améliorent la structure du sol et le protègent», affirme Lina.
Le terrain a quelque peu l'allure d'un immense jardin à l'abandon. C'est qu'en permaculture, on ne laboure pas, on ne désherbe pas et on ne taille pas les arbres. Le labour tue la vie dans le sol, la source de sa fertilité naturelle, et oblige les agriculteurs à avoir recours aux fertilisants chimiques. En permaculture, on protège cette source par le paillage et on la nourrit par le compost. Pour le désherbage, la pratique courante est d'utiliser des herbicides chimiques.
Compagnonnage végétal
En permaculture, on prélève plutôt les « mauvaises herbes » pour les consommer et les composter. Quant à la taille des arbres, elle les expose aux maladies et conduit à l'utilisation de pesticides. Pour protéger l'arbre, on évite la taille et on plante ses «compagnons».
Le terrain est planté principalement d'amandiers. Il y a aussi des mûriers, des néfliers, des pruniers, des figuiers et un bigaradier. Afin d'avoir plus de diversité, le couple y a introduit d'autres arbres fruitiers comme l'oranger, le pamplemoussier, le kumquat, le plaqueminier, le goyavier, le poirier, le noyer et le cerisier. Ils ont aussi planté des légumineuses : albizia, faux mimosa, caroubier et gleditsia. Toutes ces espèces ont des caractéristiques différentes. «On essaye d'avoir des espèces qui ont des fonctions complémentaires dans l'écosystème», explique Sofiane.
Dans ce petit éden, entouré de forêts de pins, les espèces cultivées ont été savamment choisies pour avoir des associations «positives», où une plante «supporte» une autre. L'albizia et la luzerne arborescente, par exemple, ont la capacité de fixer l'azote gazeux. Maintenues en buisson, elles ont été plantées à proximité des arbres fruitiers. Quand on les taille, les brins coupés sont déposés sur le sol pour l'enrichir en azote. Le pétunia, lui, fait partie de ces espèces qu'on qualifie de «compagnons». Ses fleurs contribuent, en effet, à attirer les insectes pollinisateurs. L'oignon, un autre compagnon, a été planté autour des arbres et des autres plantations afin de les protéger de certains ravageurs. Bien entendu, en permaculture, on n'utilise pas de pesticides.
Une culture en 3D
La ferme de Sofiane et Lina est constituée de plusieurs étages de plantations. C'est un « jardin-forêt », un système inspiré de la culture à étages des oasis où, sous les grands arbres (palmiers), on plante mûriers, figuiers et amandiers. Dans le cas de la ferme, il y a de petits arbres, des agrumes, des pruniers, des goyaviers et néfliers, et en-dessous, des buissons aromatiques, du romarin rampant, du thym et de la marjolaine. Au niveau du sol, on trouve des plantes potagères comme les artichauts, les poivrons et les patates douces. «Les feuilles des patates douces sont comestibles, et ça, les moutons l'ont bien compris», ironise Sofiane, en faisant allusion aux bêtes qui s'introduisent parfois dans la ferme et qui broutent tout à leur passage.
Dans cet écosystème, tout a été étudié de manière à favoriser les interactions naturelles et à utiliser les ressources à plusieurs niveaux. En un an et demi, Sofiane et Lina ont réussi à réaliser de «petits succès». «Avant, il y avait une couche d'argile de 30 cm d'épaisseur sur le sol qui asphyxiait les plantes. On a rajouté de la vie et de la matière organique. Les arbres vont beaucoup mieux», se réjouit Lina. Pour aboutir à ces résultats, il a fallu se baser sur des connaissances scientifiques mais aussi sur son intuition.
Pour elle, se convertir à la permaculture, c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour celui qui veut utiliser à bon escient les ressources locales, protéger l'environnement et rester «solide» face aux crises économiques et climatiques.


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