Premier long-métrage de Gustavo Taretto, Medianeras explore les rapports humains dans la ville de Buenos Aires : un travail plein d'intelligence, mais qui reste malheureusement inabouti. Medianeras, de Gustavo Taretto, clôture le cycle de cinéma organisé par l'Institut Cervantès et l'ambassade d'Argentine en Tunisie. C'est le dernier d'une série de quatre films projetés à la Maison de la culture Ibn Khaldoun. Medianeras a été projeté vendredi dernier. Produit en 2011, ce film argentin place son action dans la capitale Buenos Aires. Le réalisateur commence par introduire le cadre spatial avec de multiples plans de la ville et de ses grands immeubles. «La ville tourne le dos à la rivière et ses immeubles poussent sans aucun critère, avec des styles architecturaux contradictoires et sans harmonie», explique en gros une voix qui accompagne les images. La voix appartient au personnage principal, Martín, un web designer qui travaille chez lui. Il est phobique, mais son état progresse. L'autre voix du film est celle de Mariana, qui sort d'une relation longue. «Mariana et Martín vivent dans le même quartier, dans des immeubles séparés par des murs aveugles (medianeras). Ils fréquentent les mêmes lieux, se croisent souvent mais ne se remarquent jamais. Comment peuvent-ils se rencontrer dans cette ville qui les rassemble et en même temps les éloigne?» Cette question, posée par Gustavo Taretto dans son synopsis, est sous prétexte pour explorer les rapports humains dans une jungle urbaine, comme Buenos Aires, des rapports hautement influencés par les nouvelles technologies. Celles-ci sont, en effet, fortement présentes dans le film, qui se demande constamment si elles sont là pour rapprocher les Hommes ou les éloigner les uns des autres. Internet, les portables ou encore ces câbles accrochés entre les immeubles — autres symptômes d'une ville qui étouffe — sont uniquement des promesses virtuelles d'achever ce qui reste, dans la réalité, inachevé. Il faudra que les protagonistes prennent leur destin en main pour que leur rencontre se concrétise. Avoir le courage de chercher et agir par soi-même, c'est peut-être là le message du film, annoncé par sa chanson True love will find you in the end, de Daniel Johnston. Le film regorge de bonnes idées scénaristiques. Le réalisateur multiplie les éléments de narration afin d'enrichir son film et de rendre ses personnages attachants, mais il n'arrive pas complètement à briser la glace entre l'écran et le spectateur. Certains passages des dialogues sont intéressants, drôles ou perspicaces, mais ne suffisent pas pour sauver le film d'un certain essoufflement dans sa deuxième moitié. Les séquences à huis clos ne sont pas assez travaillées et exploitées pour servir cette idée de solitude, alors qu'on vit dans une ville de plus de trois millions d'habitants. Pour ce premier long métrage, Gustavo Taretto semble avoir beaucoup cherché sans vraiment trouver le bon dosage des ingrédients de son film. Par ailleurs, après sa projection à Tunis, Medianeras nous renseigne sur les maux d'une ville lointaine, mais qui peut nous concerner. Rien que dans le paradoxe architectural qu'il pose en ouverture, il nous pousse, en effet, à réfléchir sur le sort de notre capitale, dont le visage change tous les jours, souvent sans se soucier des règles de l'urbanisme.