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La semaine du cinéma argentin à l'Alhambra de La Marsa : Entre tango et pampa, danse la caméra
Cinéma - Sur nos écrans
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 05 - 2010

Certains l'identifient comme une cité envahie par anges et démons au cœur de l'Amérique latine, une terre fabuleuse à l'aube incandescente. D'autres l'associent au tango, danse originaire de Buenos Aires et des plus répandues dans le monde. Les sportifs, à l'image de l'enfant prodige du football international Maradona, et au polo. Mais l'Argentine est encore beaucoup plus riche, par sa littérature et sa poésie constituant, pour une grande partie, un hymne au personnage du gaucho (le gardien de troupeau de la pampa). Sur son histoire, son riche héritage espagnol, ses odeurs évanescentes et ses saveurs exotiques, sa peinture en dit plus.
Par-delà, son cinéma est une toute autre histoire, fille de l'Histoire. Une quête de l'authenticité nationale y est de tous les temps. Au commencement, c'était Jose Augustin Ferreyra, le premier metteur en scène à en parler sérieusement. Cinéaste de Buenos Aires, pauvre et populaire, à son compte El Tango de la muerte, 1917, El Organito de la tarde, 1925 et Muñequitas porteñas, 1931. Toutefois, l'âge d'or du septième art argentin est à compter à partir des années trente, date de parution d'une industrie puissante apte à concurrencer celle du Mexique sur le marché hispanophone, avec un taux de production de 13 films en 1935 et 50 en 1939. A chacun son cinéma. D'un côté, les classes dirigeantes et moyennes, de l'autre, le public urbain, le septième art argentin n'à qu'à accomplir sa traversée contre vents et marées, surtout avec le prolifique Luis Cesar Amadori, avec plus de 60 longs métrages entre 1936 et 1938. De là, ce cinéma gagnera en style et en esthétique, pour atteindre son apogée en 1942, ayant à disposition trente studios employant quatre mille personnes et produisant cinquante-six films. Cette industrie a régressé pendant la décennie péroniste (1946-1955), se fixant, ainsi, à 12 films par an. Après la peine venait la joie en 1958, pour parler d'une vraie relance avec l'expérience des ciné-clubs et l'épanouissement du court métrage. Leopoldo Torre Nilson, fut la figure de proue de l'époque, étant le réalisateur de Fin de fiesta (1960) dont l'esthétique fut reconnue par l'Europe.
Plus de frontières, le cinéma argentin transcende les barrières linguistiques et culturelles pour parler un langage accessible à tous, celui des cœurs et esprits révoltés.
Fernando Solanas, fondateur de Cine Liberación (le cinéma de la liberté) et auteur de La Hora de los hornos (L'Heure des brasiers, 1966-1968), véhicule par l'image une contestation de l'ordre politique argentin, pointant du doigt le système sud-américain tout entier. Ce qui l'habilite à devenir la référence du cinéma politique de tout le continent, et le second réalisateur argentin international après Torre Nilson. De mai 1973 à juillet 1974, la production, à dominante commerciale, s'élève à cinquante-quatre films; le nombre des spectateurs augmente de 12% en 1973 et de 40% en 1974. La législation est améliorée. Mais l'arrivée des militaires au pouvoir sera désespérément de la partie, provoquant la chute de la production et de la fréquentation, et marquant le début d'une longue nuit de censure et de répression. En 1983, les conditions ont été améliorées avec l'abolition de la censure. La Historia oficial de Luiz Puenzo sort en 1984 comme une flamme de sous la neige. Une belle évocation des années sombres. Solanas réalise en 1986 (en coproduction avec la France) Tangos, l'exil de Gardel, une réflexion sur l'identité argentine. Puis, en 1988 El Sud (le Sud, également en coproduction avec la France), retour halluciné sur la période de la dictature.
Renaissance de sous la cendre
Par ailleurs, l'histoire contemporaine du cinéma argentin est à saisir à travers la générosité de sa production. Cela dit, on compte annuellement entre 60 et 80 longs métrages, soit un film par semaine, à voir à Buenos Aires. Chaque jeudi est un rendez-vous incontournable avec une nouvelle sortie. Aussi, les cinéastes de renom ont cherché à s'exporter en Europe. Mais le septième art argentin était, à bien des égards, peu abordable par des Européens ne maîtrisant toujours pas la langue espagnole.
En effet, la compréhension d'un film aux couleurs locales, nécessite assez de connaissances par rapport à la société et à la culture argentines.
Dès lors que scénaristes, producteurs et réalisateurs aient saisi l'enjeu, leur industrie cinématographique prenait de l'ampleur pour susciter l'intérêt des voisins ainsi que celui de certains pays européens. Aujourd'hui, l'Argentine coproduit avec l'Uruguay, le Mexique, le Chili, le Brésil, le Venezuela, du côté de l'Amérique latine, et avec la France, l'Italie, l'Allemagne et les Pays-Bas du côté européen.
Sur ce, une renaissance de sous la cendre et un tel brio n'ont fait qu'interpeller au sens artistique du mot. En Tunisie, l'occasion de voyager dans les sentiers culturels argentins a coïncidé avec la récente célébration du bicentenaire de son indépendance. Une manifestation organisée par son ambassade à Tunis. On a donc eu affaire à un menu riche et varié comprenant à la base des spectacles de tango. Mais surtout un cycle cinématographique où les genres se multiplient, s'opposent et se complètent, recélant des pulsions parfumées d'encens latin.
El Otro (L'autre) de Ariel Rotter, projeté mardi dernier au cinéma l'Alhambra de La Marsa, a constitué un vrai régal pour bon nombre de spectateurs, assoiffés d'envol et d'escapade pas du tout ordinaires. Racontant l'histoire d'un quadragénaire déchiré entre une imprévue future paternité et la dégradation physique de son propre père, le film offre à son spectateur les possibles d'une incessante identification au personnage principal, tant celui-ci incarne, à forte raison, la fatalité de la condition humaine.
Dans le détail des scènes, usurpant diverses identités, Julio Chavez confère au personnage sa beauté intérieure, pour donner à lire un cinéma reposant sur des face-à-face et des duels conciliant l'inconciliable et franchissant l'infranchissable. Le trivial et le métaphysique y sont accentués tour à tour des points d'orgue lourds de sens, arrachant le spectateur dans un va et vient entre l'ici et l'ailleurs. Assurément, une vocation essentielle du cinéma.
L'autre film qui aurait sans doute fasciné, ne serait autre que celui de Eduardo Mignonga. Car La Senal repose sur un mélange des genres. Présentant des personnages ambigus, frôlant souvent la décadence, le film raconte l'histoire d'Evita Peron plongée dans une agonie à la fois physique et spirituelle. Entre-temps, le Pibe Corvalan entre en scène, une fois engagé par une belle femme pour accomplir un acte de filature. L'infortuné découvre au fil de ses enquêtes, des affaires de corruption, des règlements de comptes et des histoires de vengeance. Une mise en scène à la fois sobre et incohérente mime un scénario fragmentaire où la beauté n'est toujours pas associée à la bonté. Véritablement un coup de théâtre, mais aussi un coup de cœur comme au cinéma.
Le maelström d'images en couleur converties via une magie de la mise en scène en noir et blanc et le langage symbolique, donnent à lire et à sentir une volupté de l'art typiquement latine, encore plus argentine.


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