Jeunesse effrontée contre jeu maîtrisé, Furia Roja et Manschaft ne lésineront sur aucun moyen pour atteindre les cimes... Pour arriver à ses fins face à l'ébouriffante attaque allemande, l'équipe de Vicente Del Bosque va devoir corriger certains points: "On doit mieux contrôler les matches. Par moments, on se fait dominer et on souffre. Ensuite, il faut aussi qu'on se montre plus efficace devant les buts. On a du mal à marquer. On a gagné nos matches par un seul but d'écart. Il faut être plus réaliste devant car on a besoin de mettre davantage de buts", estime Piqué, qui a payé de sa personne depuis le début de la compétition, au sens propre comme au figuré. Sur le but encaissé contre la Suisse lors du premier match, l'arrière espagnol a reçu un coup qui a nécessité plusieurs points de suture à l'arcade sourcilière. Puis face au Honduras, il s'est entaillé la lèvre en freinant un attaquant catracho: "Notre intention, c'est de continuer à écrire l'histoire. L'objectif, c'est de gagner la Coupe du monde. Si on échouait aux portes du titre, on s'en irait avec un goût amer dans la bouche", reconnaît cet élégant guerrier qui, vous l'aurez compris, est prêt à suer sang et eau pour décrocher le graal. Aussi, et à l'exception du défenseur Raul Albiol, toujours blessé, les joueurs de la Roja se sont entraînés normalement sur les terrains de l'université de Potchefstroom. Fernando Torres sur le banc? Les prestations fantomatiques de Fernando Torres ont fait surgir une question inimaginable il y a encore quelques semaines: le sélectionneur Vicente Del Bosque doit-il maintenir le n°9 à la pointe de l'attaque, aujourd'hui, en demi-finale contre l'Allemagne? Del Bosque l'a encore répété récemment : il fait "pleinement confiance" à l'attaquant, une "référence" pour l'équipe espagnole. L'entraîneur attend qu'il retrouve du rythme en accumulant du temps de jeu. Torres s'est fait opérer d'un genou en avril et n'a repris l'entraînement qu'une quinzaine de jours avant le début du Mondial. Ce qui pourrait expliquer son actuel manque d'entrain. Même si ses matches sont ternes, son statut de grand buteur européen fait qu'il se retrouve étroitement surveillé par les défenses adverses, et qu'il peut ainsi libérer des espaces à Villa et Iniesta: "Il a fait des efforts énormes sur le terrain pour aider l'équipe et il se sent bien", relevait Villa. Par ailleurs, le banc espagnol regorge de solutions alternatives. Lorente par exemple s'est distingué, avec deux occasions, en remplaçant Torres contre le Portugal, et Pedro a été à l'origine du but de la victoire contre le Paraguay en tirant sur le poteau. Mata en pointe et Silva, voire Jesus Navas, dans des registres plus excentrés, sont aussi candidats. Sortir Torres du onze de départ pourrait aussi permettre de titulariser Fabregas pour renforcer l'entrejeu, option choisie par Del Bosque au cours du match contre le Paraguay. D'autant que le milieu est aussi un buteur (19 buts en 36 matches cette saison avec Arsenal, toutes compétitions confondues). Surtout, se passer d'emblée du n°9 donnerait l'occasion à Villa de se recentrer, lui qui évolue davantage à gauche quand Torres joue. Une statistique est d'ailleurs cruelle pour el Niño : Villa a marqué ses deux buts décisifs dans les tours à élimination directe après le remplacement de son compère d'attaque... La culture de la gagne... Après avoir dominé l'Angleterre (4-1) et l'Argentine (4-0), la Nationalmannschaft aborde la douzième demi-finale de son histoire avec un maximum de confiance. La jeune (24,9 ans de moyenne d'âge) et talentueuse sélection assemblée par Joachim Löw a marqué treize fois depuis le début du tournoi et n'a concédé que deux buts. Klose, relégué sur le banc des remplaçants au Bayern Munich cette saison, a déjà marqué quatre fois et peut devenir le meilleur buteur de l'histoire de la Coupe du monde. Autre joueur du Bayern très en vue, Schweinsteiger, impressionnant par sa maîtrise et sa vision du jeu contre l'Argentine. Volet absences, Müller est suspendu après avoir reçu contre l'Argentine son deuxième avertissement depuis le début du tournoi. Il n'a pourtant que 20 ans et sept sélections, mais le prodige bavarois est l'incarnation de cette Nationalmannschaft sans complexes, presque insolente. Löw a le choix entre Trochowski et Kroos, deux redoutables techniciens qui n'ont toutefois pas la présence physique et la confiance de Müller. Ainsi, l'Allemagne ne manque pas d'atouts. La charnière centrale, composée de Friedrich et Mertesacker, aura fort à faire pour museler Villa, d'autant qu'ils ne sont pas les plus mobiles et rapides. Si Friedrich, qui a vécu une saison cauchemardesque avec Berlin, relégué en 2e division, réalise un excellent Mondial, Mertesacker semble monter en puissance après des prestations inquiétantes contre la Serbie et le Ghana. Entre jeunesse effrontée (espagnol) et jeu maîtrisé (allemand), qui aura le dernier mot? Réponse ce soir.