Seules quelques dizaines de mosquées encore aux mains des salafistes sont à récupérer. Mais attention au retour de manivelle... Mine de rien, il est réconfortant de constater qu'on a fait du chemin dans le cadre de la campagne de désalafisation de nos mosquées. Et c'est très bien, rien qu'en se référant aux chiffres qui font état de la récupération de quelque 120 mosquées qui étaient, jusqu'ici, aux mains des salafistes. Un bilan, convenons-en, tout à fait flatteur. D'abord, parce que ce «butin» a été engrangé en un temps record. Ensuite, parce qu'il n'était pas aisé de lancer victorieusement une descente policière dans un édifice religieux salafisé à cent pour cent, et donc techniquement difficilement récupérable. Enfin, parce que ce bilan a redonné espoir à la population et crédibilité aux institutions de l'Etat. Continuer Crédibilité : le mot est lâché pour démontrer magistralement que le temps où les salafistes faisaient cavalier seul dans nos mosquées est bel et bien révolu. Désormais, celles-ci ne sont plus leur chasse gardée où n'accédaient que leurs partisans, où ne prêchaient que leurs imams, où les horaires d'ouverture et de fermeture étaient programmés comme bon leur semblait, et où, enfin, étaient stockés (eh oui) armes, munitions, tracts, tentes, banderoles et autres bouqins propagandistes ! Selon un policier qui avait participé à cette opération coup de poing, «on a eu toutes les peines du monde pour les déloger, pour ensuite leur confisquer tout cet arsenal. Nous avions peiné, car ils se défendaient crânement, soit en faisant l'innocent, soit en refusant de se rendre». D'où des incidents enregistrés çà et là et soldés par de nombreuses arrestations. A cet égard, il faut rendre hommage à nos vaillants agents de sécurité pour leur détermination et leur professionnalisme étalés lors de l'exécution de cette campagne de désalafisation pilotée conjointement par les ministères de l'Intérieur et des Affaires religieuses, avec le soutien de l'armée. Cependant, les victoires appelant les victoires, gare à l'autosatisfaction, pas question de s'arrêter en si bon chemin. Autrement dit, cette campagne qui, soit dit en passant, aurait dû être lancée un peu plus tôt, devra se poursuivre inlassablement, avec la même détermination et, espérons-le, avec la même réussite. Car il s'est avéré qu'en matière de lutte contre l'islamisme radical, rien ne vaut le maintien de la pression dont les effets préventif, anticipatif et dissuasif ne sont plus à démontrer. Et si c'était à refaire... De surcroît, il est communément établi que les terroristes n'abdiquent pas facilement. En ce sens que, dès qu'on les repousse, ils reviennent à la charge. Et dès qu'ils purgent une peine de prison, ils s'empressent, comme par enchantement, de reprendre les armes. Comme si de rien n'était ! Tout cela pour dire que nos mosquées récupérées ne sont nullement à l'abri d'une nouvelle salafisation. Quitte à voir la «réintégration terroriste» s'y opérer progressivement. Ce qu'on appelle «le retour de manivelle» dont on a eu des illustrations ailleurs, particulièrement en Irak, au Yémen, en Afghanistan et en Egypte. En attendant, on compte encore quelques dizaines (une trentaine, selon des chiffres officiels) de mosquées toujours aux mains des salafistes en Tunisie. Seront-elles à jamais épinglées au tableau de chasse ? That's the question.