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Un monstre sacré de la chanson française
Poètes et paroliers pour l'éternité: Jacques Brel
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 02 - 2010


Ainsi, la chanson française, tout au long de la deuxième moitié du siècle dernier en particulier, a beaucoup mis l'accent sur des paroles triées sur le volet. Les poètes ont donc eu une grande part dans ces succès. C'est d'autant plus important que, quelquefois, certains interprètes écrivent eux- mêmes leurs textes. Parmi eux, un homme, un poète, un artiste d'exception : Jacques Brel. Sa vie et son œuvre Jacques Romain Georges Brel naît le 8 avril 1929 à Bruxelles. Malgré une enfance heureuse, il ressent de l'ennui; c'est ce qu'il exprime dans sa chanson «Mon enfance» : Mon enfance passa De grisailles en silences De fausses révérences En manque de bataille Jeune, il écrit déjà quelques textes qu'il compose lui-même et, peu intéressé par les études, il commence à se produire en public. Le 1er juin 1950, il décide de se marier : sa dulcinée s'appelle Thérèse. Le mariage ne l'empêche pas de chanter dans les cabarets bruxellois tous les soirs. Mais, dès 1952, il quitte Bruxelles, pour Paris. Pas très d'accord, sa famille lui coupe les vivres tout en étant «rebutée par la violence des sentiments exprimés dans ses chansons et par sa liberté de ton». Son premier contrat est signé aux «Trois Baudets». Les débuts parisiens sont difficiles : le public dans un premier temps le boude, lui reprochant son allure médiévale, sa façon de s'habiller, sa gaucherie. Mais il tient bon, s'accroche et finit par passer en vedette américaine à l'Olympia où il a la sympathie de Bruno Coquatrix . Il y fait la connaissance de Georges Brassens (qui le surnomme «l'abbé Brel» à cause de ses choix vestimentaires ), Jean Ferrat et Guy Béart. Juliette Gréco adapte sa chanson Le diable mais la critique la tourne en dérision. En 1955, il rencontre Georges Pasquier dit «Jojo» qui devient son ami intime et lui sera fidèle jusqu'à la fin. En 1975, à sa mort, Brel, qui croit en l'amitié «virile», lui dédie un poème : Jojo Je ne rentre plus nulle part Je m'habille de nos rêves Mais heureux de savoir Que je te viens déjà Six pieds sous terre Jojo tu n'es pas mort Six pieds sous terre Jojo Je t'aime encore En 1957, il sort son deuxième 33 tours, avec Quand on n'a que l'amour qui connaît un succès très large. L'arrivée de son nouveau pianiste Gérard Jouannest va lui permettre de connaître une totale réussite et, jusqu'en 1967, Brel enchaîne les albums et les tournées à un rythme infernal. Il tourne à en perdre haleine et assure jusqu'à 300 concerts par an ! Il va partout où on le demande. A chaque représentation, il vomit de trac avant et s'écroule d'épuisement après. En 1958, sa femme, lasse de ces interminables absences, décide de retourner accoucher de sa troisième fille Isabelle en Belgique. Mais Brel continue de plus belle : il crée La valse à mille temps en 1959, Le plat pays en 1962, Les bonbons en 1964. Il quitte sa maison de disques pour rejoindre Eddy Barklay. Coup de théâtre : le 21 août 1966, Brel décide d'arrêter la scène. Il enregistre néanmoins deux disques: Jacques Brel 67 et J'arrive en 1968. Le succès est fulgurant tant au niveau du texte que de la musique et des arrangements. Il y met toute sa sensibilité et toute sa force. En parallèle, il joue dans des films : Les risques du métier, d'André Cayatte, L'emmerdeur d'Edouard Molinaro, L'aventure, c'est l'aventure aux côtés de Lino Ventura, Mon oncle Benjamin…. Il se lance même dans la réalisation mais connaît l'échec avec notamment le film Franz (1971). En 1968, il travaille sur l'adaptation française de L'homme de la mancha qu'il a vue à New-York et qui reprend l'histoire de Don Quichotte, une comédie musicale fort réussie où il joue le rôle principal. Mais il finit par abandonner, tel un boxeur épuisé après des combats interminables. Il s'en va découvrir le monde en voilier grâce à un brevet de navigation et, en 1974, il est atteint d'une tumeur au poumon, due au tabac. Le voyage le conduit aux Iles Marquises; il décide d'y rester définitivement. Il fait néanmoins un saut à Paris pour enregistrer un dernier disque : Les Marquises. Il est accueilli comme un testament musical et connaît un succès indescriptible. Brel retourne à ses îles pour y finir ses jours : le 7 octobre 1978, il est admis en urgence à l'hôpital de Bobigny où il s'éteint deux jours après. Il est enterré dans ces Iles qu'il a tant aimées. Le fantastique legs de Brel Les chansons de Brel sont considérées comme éternelles. La mode musicale change mais elles restent. Dès qu'on pense chansons à textes, on pense d'abord Brel ! L'artiste a une sensibilité extrêmement vive qui se traduit sur scène par des expressions du visage, des traits qui changent et épousent les mots du poète. Brel sue, Brel vibre, s'émeut, Brel s'arrache les tripes pour faire partager son émotion, sa douleur, sa joie… Car, à la force des mots d'un poète hors norme, s'ajoute l'interprétation exceptionnelle de cet artiste «gauche», qui «ne sait que faire de ses longs bras» mais qui chante avec une sincérité inégalable. Brel vit ses personnages et fait monter la tension jusqu'à l'extase finale, ce qui fait de lui une vraie bête de scène plus qu'un artiste de studio. Sur le plan de l'écriture, le style du poète Brel est clair, voire simple, mais les mots, les images sont efficaces : Si tu revenais, Les prénoms de Paris. Il a le sens de la formule et du jeu de mots: «J'avais juste vingt ans, et nous étions cent vingt A être le suivant de celui qu'on suivait… Sa veine antimilitariste est forte : La colombe : «Pourquoi cette fanfare Quand les soldats par quatre Attendent les massacres Sur le quai d'une gare» Ses thèmes favoris restent l'amitié : «Jef», «Jojo»; sa «belgitude» aussi : Le plat pays; la femme enfin: Brel donne l'impression d'être misogyne. Il faut avouer que les femmes n'ont pas manqué dans sa vie où il aura été largement polygame mais ses rapports avec elles présentent des contradictions étonnantes : dans Les biches, «elles sont notre première ennemie»; dans Les filles et les chiens : «Les filles, ça dépend de tout»: اa dépend surtout اa dépend des sous Mais les chiens اa dépend de rien !» Il n'empêche que pour chanter l'amour, nous avons du mal à trouver des textes aussi forts que « Ne me quitte pas, je ne vais plus pleurer, je ne vais plus parler, je me cacherai là , à te regarder, danser et sourire, et à t'écouter chanter et puis rire ; laisse- moi devenir l'ombre de ton ombre, l'ombre de ta main, l'ombre de ton chien, ne me quitte pas, ne me quitte pas… » ou plus généreux que : «Quand on n'a que l'amour, pour meubler de merveilles, et couvrir de soleil, la laideur des faubourgs, quand on n'a que l'amour, pour unique raison, pour unique chanson, et unique secours…». Jacques Brel est sans doute trop difficile à raconter dans quelques lignes tant son legs est riche et varié et tant l'homme respire l'amour, l'amitié et la sincérité. Evoquant la maladie, il a la force terrible du condamné face au bourreau : dans Vieillir, il dit : «mourir de faire le pitre, pour dérider le désert, mourir face au cancer par arrêt de l'arbitre» Des centaines de chansons, plus belles les unes que les autres, c'est un legs riche qui rassemble les goûts et donne du plaisir, et des thèmes traités à sa manière sans chichi ni fioritures. Il n'y a que la force du verbe et l'éclat des images puisées dans le fond d'un cœur libre qui a toujours cherché à aller plus vite, plus loin pour chasser l'ennui, pour chasser la solitude. Sa poésie est pleine d'amour et d'humanité. C'est une véritable école de réalisme dans l'expression poétique.

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