Les autorités affirment que toutes les mosquées ne sont plus aux mains des takfiristes. Oui, mais... Au ministère des Affaires religieuses, l'heure est, semble-t-il, à la jubilation, plus aucune mosquée n'est désormais aux mains des salafistes jihadistes, affirme-t-on aujourd'hui dans ce département où l'on fête ce «great event» avec autant de satisfaction que de soulagement. Il est vrai que la campagne de désalafisation des mosquées, amorcée au lendemain de l'avènement du gouvernement Jomâa, n'était pas de tout repos. Elle s'apparentait même, à ses débuts, à un saut dans l'inconnu, à une aventure aux conséquences imprévisibles, compte tenu de moult facteurs d'une extrême importance. Parmi ces facteurs: - Le long retard accusé dans le lancement de cette campagne qui aurait dû démarrer depuis 2012. - Le nombre impressionnant, parce que sans cesse croissant, des mosquées qui échappaient au contrôle de l'Etat, et la transformation de ces lieux de culte en terrain de prédilection pour l'accomplissement d'opérations d'endoctrinement, de stockage d'armes et d'envoi de jeunes jihadistes en Syrie, en Irak et en Libye. mosquées, alors radicalisées à outrance, servaient, par moments, de refuge et de base arrière pour les cellules dormantes qui y passaient souvent inaperçues. Bref, la campagne de désalafisation, hadicapée par autant de facteurs, n'avait pas, au départ, toutes les chances de réussite à ses côtés. Mais, c'était sans compter avec la volonté tenace du gouvernement qui, pour espérer gagner ce bras de fer, avait mis le paquet dans le cadre d'une audacieuse stratégie pour l'exécution de laquelle ont été mobilisés les ministères de l'Intérieur, de la Justice, de la Défense et, bien sûr, des Affaires religieuses. Stratégie traduite sur le terrain par des descentes policières quotidiennes dans les mosquées répertoriées comme des fiefs des terroristes. S'ensuivirent évidemment des arrestations et des saisies d'armes, de tracts haineux et d'objets divers (vêtements, CD, portables...). Ce qui est encore plus remarquable, c'est que ces descentes ont étouffé dans l'œuf de sales besognes dont, rapporte une source sécuritaire, des attentats en état de planification. Ce n'est que partie remise ? Tout cela est beau et incite même à pavoiser, dans la mesure où nos mosquées ne sont plus désertées par les honnêtes citoyens qui les ont longtemps boudées, sous la menace de l'hydre terroriste. Mais, attention au retour de la manivelle. Cette réserve, loin d'être déplacée ou exagérée, est alimentée par les craintes suivantes : primo : un éventuel relâchement sécuritaire; secundo : l'orage passé, les takfiristes peuvent, à tout moment, revenir à la charge, pour une nouvelle invasion des mosquées (des pays comme l'Egypte, le Yémen, l'Irak, la Libye, le Mali et le Nigeria en ont fait l'amère expérience); tertio : les stratagèmes diaboliques adoptés par les terroristes en cavale (changement de look, facilité de communication via la Toile, capacité de passer incognito... Dès lors, se pose l'inquiétante question : toutes nos mosquées ont-elles été définitivement désalafisées ?