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Mohamed Derbel - Banque centrale de Tunisie : La politique monétaire, à elle seule, peut-elle juguler l'inflation ?
Publié dans Leaders le 22 - 02 - 2019

Personne ne sait quel aurait été le taux d'inflation si la banque centrale de Tunisie (BCT) n'avait pas révisé son taux directeur depuis 2016 pour le ramener progressivement de 4.25% à 6.75% en 2018.
Personne ne peut retrouver dans le communiqué de la BCT ou ailleurs, les vertus chiffrées de telles décisions auxquelles plusieurs économistes font l'éloge mais oublient de souligner les conséquences néfastes !
Le communiqué de presse de la BCT sur l'efficacité de ses décisions antérieures de relèvement du taux directeur et de sa politique monétaire soulève deux interrogations qui méritent des éclaircissements.
* La première, est sur l'adossement exclusif de la baisse du taux d'inflation en janvier 2019 à la politique monétaire conduite par la BCT, comme si seule la BCT est entrain de lutter contre l'inflation. Une position d'appropriation exclusive de tous les efforts éventuellement fournis à cet effet (Economique, fiscal, législatif…etc.) ; et
* La deuxième, est sur l'effet extrêmement faible de cette politique monétaire sur le taux d'inflation à savoir 0.2% seulement en passant d'une moyenne annuelle en 2018 de 7.3% à 7.1% en janvier 2019 mais passant aussi d'une moyenne annuelle nettement faible à savoir 5.3% en 2017.
« Au niveau de l'inflation, le Conseil a noté que les mesures prises au niveau de la politique monétaire depuis 2016 ont contribué à une décélération relative du rythme de l'inflation au cours du mois de janvier 2019, revenant à 7,1% après avoir atteint 7,3% en moyenne pour l'année 2018 ».Extrait du communiqué de la BCT publié sur www.bct.gov.tn
Un communiqué qui n'a laissé personne indifférent puisque sa chute était une décision foudroyante à savoir le relèvement du taux directeur de 100 points de base c'est-à-dire 1% pour le ramener de 6.75% à 7.75%.
Rappelons-le, le relèvement du taux directeur va conduire naturellement à la hausse du taux du marché monétaire (TMM) comme le montre ce graphique, atteignant probablement, avec le corridor actuel, 8.5%. Un taux que nous n'avons pas connu depuis 1996.
















Pour faire plus simple, avec ce relèvement du taux directeur et la hausse attendue du taux de marché monétaire :
* Les intérêts sur tous les crédits bancaires vont augmenter ce qui va se répercuter sur le pouvoir d'achat des particuliers, sur les coûts de production des entreprises endettées et par conséquent sur leurs compétitivités ;
* L'accès au financement des projets personnels et/ou d'investissements se compliquera davantage avec un coût qui dépassera pour un TMM+2 points au moins les 10% ;
* Ceux qui ont déjà un capital financier vont se dire « Pourquoi investir et prendre le risque de l'entreprenariat alors qu'en plaçant mon argent j'aurai un rendement sans aucun risque qui pourrait atteindre 14% ». Une économie de rente financière va s'installer tuant l'initiative d'investissement ;
* Les coûts de production notamment agricoles qui vont augmenter mettront plus de tensions sur le budget de l'Etat pour la préservation des filières comme par exemple la filière laitière ; L'agriculteur petit ou grand qui verra ses coûts augmenter va demander naturellement soit un soutien institutionnel soit répercuter l'augmentation sur le consommateur final ;
* Le rendement très élevé des placements bancaires va au détriment de la dynamique boursière souhaitée qui sera asséchée de ses liquidités avec un désintérêt des investisseurs même amateurs du risque ; Avec un taux de placement élevé qui prendra le risque de miser sur des actions en bourse qui peine à retrouver ses souffles depuis le 28/08/2018 ?
Bref, si les moteurs de la consommation et de l'investissement seront grippés par le coût déjà exorbitant du financement, est-ce que le moteur restant de l'exportation serait capable de prendre le relais ?
Il ne semble pas malheureusement être le cas avec un déficit record de la balance commercial de 19 049 Millions de dinars (11.2% du PIB 2018) contre 15 592 Millions de dinars en 2017 (10.2% du PIB) et avec un dinar en perte de valeur de 16.3% contre l'Euro et de 20.6% contre le dollar Américain en 2018















La réponse à l'inflation ne peut pas être monétaire uniquement. La BCT toute seule ne pourra jamais maitriser l'inflation.
Si la politique monétaire n'est pas associée à des actions sérieuses pour renforcer les exportations, relancer la production de phosphate, accélérer la mise en œuvre des réformes et surtout lutter contre l'économie informelle et le commerce parallèle, le relèvement du taux directeur perdra de son efficacité et aura un effet inverse sur l'économie.
Certes, la Banque centrale a un mandat de stabilisation des prix pour juguler l'inflation, mais les effets de sa dernière action de relèvement du taux directeur semblent être problématiques voire à effet inverse si les effets des actions déjà entreprises de lutte contre l'inflation tardent à être observées et si d'autres actions plus percutantes tardent à être enclenchées.
Quand les actions sous-jacentes des différentes politiques économiques ne convergent pas au même rythme et aux mêmes objectifs, toute action solitaire serait inéluctablement inefficace.
La situation économique inquiétante de notre chère Tunisie n'attend malheureusement plus les résultats théoriquement bons de la politique monétaire qui risquent de faire défaut si cette politique ne serait pas immédiatement appuyée par des actions efficaces et rapides de maitrise des circuits de distribution, de lutte contre l'informel et de redressement des déficits jumeaux.

Mohamed DERBEL


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