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Chédli Ayari
Publié dans Leaders le 25 - 12 - 2008

Qui mieux que Si Chédli Ayari, universitaire, ancien ministre de l'Economie nationale et ancien PDG de la BADEA, pouvait nous présenter une analyse à la fois lucide et pénétrante de la crise économique mondiale? On pense à Claude Bernard: «il est des rapports subtils qui ne peuvent être sentis, saisis et dévoilés que par des esprits perspicaces.» Interview:
La plupart des pays occidentaux sont entrés en récession. Vous attendiez-vous à une crise d'une telle ampleur?
La réponse à votre question est du type: «Non, mais… ». Je m'explique.Certes, on savait que l'aggravation, au cours des vingt dernières années, des ‘déséquilibres' dits ‘globaux' (global imbalances), entre pays à fort excédent courant et financier (réserves de change, et créances sur l'étranger élevées), d'un côté (Chine, Inde, Japon, pays pétroliers du Golfe) et pays à fort déficit courant et financier de l'autre (réserves de change relativement modestes, endettement domestique et extérieur élevés) de l'autre (US, Union européenne), était porteuse d'un risque de ‘Big bang', prêt à imploser à tout moment.

En effet, ni la formidable expansion du crédit (leverage), qui sous –tendait artificiellement et dangereusement ces déséquilibres globaux, ni le maintien de pans entiers de l'économie mondiale- et plus particulièrement des économies américaine, chinoise, indienne, russe et brésilienne- sur une orbite de croissance, d'élevée à exubérante, et jalonnée périodiquement de bulles plus ou moins éphémères ( ex la bulle de l'Internet en 2000), ne pouvaient occulter, aux yeux, des analystes clairvoyants et avisés, le danger potentiel d'un atterrissage, plus violent qu'en douceur, de l'économie mondiale.

Cependant, la fragilité- l'extrême fragilité, il faudrait dire, puisqu'il s'agit pas moins de récession- de l'économie globale face à un effondrement du système bancaire, de nature systémique, comme celui auquel nous assistons aujourd'hui, était tout, sauf prévisible, avant, en tout cas, la mi- septembre de l'année en cours, date de la mise en faillite de la tristement célèbre banque d'investissement américaine, ‘Lehman Brothers'.

Un retour sur les déclarations et évaluations de gouvernements nationaux , de banquiers centraux, d'organismes internationaux ( FMI, OCDE, etc.), d'économistes libéraux ou néo-libéraux, et autres analystes financiers, publics et privés réunis, entre Juillet 2007, date des premiers frémissements de la crise dite des ‘subprimes', et Juillet- Août 2008, soit quelques petites semaines à peine avant le tournant, qui allait embraser la finance mondiale et précipiter l'économie globale dans la récession, la déconfiture de Lehman, le confirme amplement.

Ce qui se passe, depuis la mi-Septembre 2008, sur le front de la croissance globale, a pris de court quasiment tout le monde. C'est là le sens du ‘Non' que nous évoquions au début de notre réponse à cette question. Toutefois, les prolégomènes d'une déflagration de l'ampleur de celle que nous vivons depuis, sont bien là ; et ce, depuis une bonne vingtaine d'années, au moins. Et c'est là le sens du... 'mais' que nous citions plus haut.

Depuis le début de la crise, des voix se sont élevées y compris aux Etats-Unis pour réguler un système devenu complètement fou. Croyez-vous que le capitalisme pur et dur à l'américaine a vécu?

Si par ‘capitalisme pur et dur à l'américaine', on entend une forme de mondialisation des marchés financiers, ici non régulée, là mal régulée, dominée par le court- termisme, plus opaque que transparente, substituant à une gestion raisonnée et prudentielle du risque une course effrénée à la spéculation, au gain maximum, fondée sur recours illimitée et incontrôlé au surendettement, à la sur-titrisation, via la création de produits financiers structurés de plus en plus évolués mais aussi de plus en plus abscons, alors les chances de voir ce capitalisme-là et cette mondialisation-là, sinon disparaître, du moins largement modifiée , sont réelles. Le Sommet du G 20, tenu à Washington, le 15 novembre dernier, a déjà tracé les grandes lignes-forces de cette refonte. Au cours de la prochaine réunion du même G 20, prévue en Avril 2009, ces grandes lignes sont censées initier des programmes de réforme de l'ordre financier global, plus concrets et concertés .

Dans les années trente du siècle dernier, l'écrivain français Paul Claudel qui était, également, un grand diplomate notait: " le capitalisme américain est cet état de choses où le producteur produit sans profit et l'acheteur achète sans besoin", voulant, ainsi, faire ressortir le caractère irrationnel de ce système. Dans quelle mesure cette définition est-elle encore valable aujourd'hui?

La définition du capitalisme américain, donnée par P Claudel et citée dans votre question, appelle, de ma part une première remarque. Si tant est, en effet, que «l'acheteur», dans ce capitalisme à l'américaine, «achète sans besoin» ( il le fait, du reste, aujourd'hui plus qu'hier, du fait de l'extraordinaire puissance de l'industrie publicitaire en général, et de l'industrie publicitaire ‘en ligne', en particulier) , parler, en revanche, d'un producteur capitaliste, qui «produit sans profit», me paraît relever de l'illusion. Sauf à penser que l'écrivain français fait allusion, dans son propos, à ce vieil axiome de la doctrine capitaliste, à savoir que le capitaliste est appelé à produire jusqu'au point où le coût marginal de fabrication et le prix de vente d'une unité d'un bien donné s'égalisent. En ce point, justement, le profit marginal est nul, mais le profit total, lui, est maximum.

Cela est la théorie. Dans la réalité des choses, sachant que le jeu capitaliste, avant Claudel et après Claudel, demeure, par essence, un jeu à somme nulle, où chaque joueur ne peut être que gagnant ou perdant, il devient évident que chaque producteur capitaliste fera tout pour qu'il soit le premier, non le second. Cette règle d'or du capitalisme, sous tous les tropiques, et plus encore, sous l'empire de la mondialisation, est plus valide que jamais.


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