Par Heba Hitti - Le peuple tunisien commémore ce samedi 6 février, un évènement douloureux, l'assassinat de l'un des plus dignes et des plus courageux de nos hommes politiques : Chokri Belaid. Il avait 48 ans et il nourrissait pour sa Tunisie de grandes ambitions qui effarouchaient ses ennemis Ses meurtriers ont cru l'assassiner par des balles qui l'ont atteint mais qui ne sont pas parvenues à le museler dans le linceul du silence éternel ; sa voix est immortelle et elle retentira à jamais dans nos mémoires. Ils lui ont ôté le corps, mais jamais ils n'assassineront sa pensée, ses idées. Son nom restera gravé dans l'histoire de la Tunisie. Comme s'il pressentait son destin, notre héros national n'a eu de cesse de nous prévenir du danger que courait notre pays. Doté d'une foi inébranlable dans ses idéaux et dans ses aspirations, il les a scandés haut et fort, sans fléchir sous le poids opprimant des menaces de mort. Rien, absolument rien, n'aurait pu fragiliser sa loyauté à ses convictions démocratiques et son amour pour son peuple. Cette vaillance imperturbable, cette ardeur infatigable dans la défense d'une Tunisie moderne, démocratique pour tous, ce grand patriote l'aura payée de sa vie. Déterminé, il a brisé les chaînes du silence et n'a jamais manqué d'élever sa voix contre l'obscurantisme et les ennemis de la liberté. Il nous a quitté mais sa fougue a exalté la nôtre ; sa disparition physique a ravivé notre ferveur, et vivifié notre refus de la violence, notre appétence pour une démocratie véritable. Chokri Belaid nous a donné une leçon de bravoure ; il est une inspiration, l'incarnation admirable d'une résistance infaillible. D'ailleurs, en croyant l'éliminer définitivement de la scène politique nationale, les commanditaires de cet acte crapuleux en ont fait un héros national de renommée internationale. Les répercussions de sa disparition ont été dignes de lui ; des mouvements spontanés, furieux, poignants, se sont soulevés et un élan de solidarité massif s'est éveillé en réaction à ce crime inacceptable. Aujourd'hui, le nom de Chokri Belaid a retenti dans toutes les télévisions et les radios du monde. En ce jour de deuil national, une foule immense avait tenu à accompagner à sa dernière demeure, cet opposant exemplaire dont le sort est bien plus beau et bien plus haut que celui de ses bourreaux. Bourreaux que nous ne pardonnerons jamais et que nous combattrons sans relâche. Car si nous voulons rendre à notre martyr l'hommage qu'il mérite, nous ne devons pas pardonner, nous ne devons pas oublier. L'oubli est la pire des trahisons. Nous devons continuer à transmettre les valeurs qui ont guidé toute sa vie et les messages qu'il a écrits avec son sang. Nous devons honorer sa mémoire pour ne pas que la douleur de sa famille soit vaine. Nous devons prendre exemple sur sa femme Basma Belaid qui, drapée dans une noble dignité, armée de combativité et de courage, a compris que les larmes ne laveront pas le sang de son mari. Message reçu Basma, ce sang versé pour la liberté ne l'aura pas été en vain ; il a réveillé les consciences, rallumé les flambeaux éteints de notre ardeur révolutionnaire, ranimé nos capacités de résistance. Ainsi, en ce 6 février 2013, plus d'un million de tunisiens en colère sont descendus dans les rues ; or ce peuple, lorsqu'il est en colère, peut accomplir des miracles. Heba Hitti