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«La poésie est la forme suprême de la création»
Publié dans Le Temps le 17 - 11 - 2016

La poésie contemporaine se caractérise par une diversité de styles d'écriture, d'approches esthétiques et de visions poétiques. Des poètes qui récusent les métaphores et les expressions imagées ; ils préfèrent un rapport direct avec le réel et le quotidien. D'autres s'attachent encore à une forme d'expressivité figurée, à l'impressionnisme et aux transcendances du réel par le truchement des perceptions et des sensations subjectives. Les expériences poétiques sont si diversifiées que cela rend la poésie indéfinissable, on parle même d'une crise d'identité.
Dans la littérature tunisienne, la poésie francophone tâtonne encore, elle tente de se frayer un chemin. Les expériences ne sont pas nombreuses, cependant certaines sont dignes de reconnaissance.
«A Fleur de mots », »Ce que la mer m'a dit » et « Le bal des désespérés » sont trois recueils de Neila Gharbi, à travers lesquels, la poétesse nous révèle sa manière de concevoir le vers et d'édifier le poème. Sa poésie s'inscrit dans une certaine forme de lyrisme moderne qui s'affiche dans une écriture condensée et une cadence raffinée.
Outre que poétesse, Neila Gharbi est esthète de cinéma, artiste plasticienne, critique d'art, journaliste. Ses vocations multiples sont des brèches sur l'univers de l'art qui enrichissent sans doute son expérience poétique et sa vision esthétique.
Le Temps : Vous êtes auteure de trois recueils de poésie espacés dans le temps. Peut-on parler d'une évolution poétique, d'un certain parcours esthétique suivi différemment d'un recueil à l'autre.
Neila Gharbi : Les trois recueils de poésie ont été écrits dans l'urgence. L'urgence de libérer une parole prise en otage par le pouvoir répressif de la dictature politique mais aussi médiatique et culturelle. Au sujet du premier recueil « A fleur de mots », j'ai eu très vite une conscience du monde nourrie par une expérience et surtout une maturation. J'ai refusé le terrible desséchement imposé par la dictature. J'ai donc considéré qu'il fallait que je m'exprime autrement que par la plume de la journaliste que je suis.
J'avais une vision du monde, je l'ai d'ailleurs encore, qu'il me fallait impérativement partager avec un quelconque lecteur. Je voulais me débarrasser d'une vision officielle qui étouffait l'expression libre. Libre de toute contrainte qu'elle soit lexicale, grammaticale ou même de ponctuation. Je me suis entièrement lâchée dans cette mer vaste et profonde qu'est la poésie. J'ai même cherché à formuler mes idées dans une forme d'écrit postmoderne qu'on appelle la poésie atomique. L'écriture automatique s'est imposée à moi comme un processus de création inaliénable.
C'est cela le parcours esthétique que j'ai adopté qui s'est érigé de lui-même en un style duquel je ne me suis pas départie pour les trois recueils que j'ai réalisés.
Dans votre recueil « A fleur de mots » vous vous révélez en tant que poétesse. Vous évoquez l'acte de l'écriture, les composantes d'un texte, les instruments... Parlez-nous de l'accouchement d'un poème.
Je ne parlerai pas d'un accouchement mais de construction. Je décide moi-même de l'acte d'écriture et je n'attends pas que l'inspiration me vienne pour commencer à écrire. Le poème nait de mon désir de m'exprimer sur un univers précis. Une fois le premier mot imprimé sur la feuille blanche, je construis le reste autour de ce premier mot. Cela devient comme un jeu, un puzzle à mettre en place. Un jeu ludique qui m'amuse beaucoup et dans lequel je trouve énormément de plaisir même si derrière, il y a une souffrance, une mélancolie, un chagrin inexplicable.
Vous composez des poèmes très condensés. Est-ce un choix esthétique?
Comme je l'ai expliqué plus haut, ce genre de poème s'apparente à l'haïku japonais où l'idée est formulée, parfois, dans une seule phrase. C'est un genre qui ne supporte pas de bavardage. Chaque mot compte et est essentiel. Cela part souvent aussi d'une image, d'un souvenir.
On perçoit un sentiment d'indignation, d'insatisfaction, de révolte... Expliquez-nous ce malaise, ce mal d'existence.
Je dirais plutôt une colère contre un monde qui met en valeur les futilités et la médiocrité dans son ensemble. Pour moi, la poésie explore l'environnement, la nature, les objets, les personnages, tout ce qui touche à la vie. Elle glorifie, à la fois par son extrême précision et sa concision, par la distance qu'elle tient par rapport aux émotions, la réalité. La fiction est quasi-absente. Néanmoins, cette dernière établit dans l'écriture une logique interne au sein des événements perçus du monde. C'est comme au cinéma une sorte de montage d'objets captés dans la réalité. La fiction, ici, joue à reconstruire le monde autrement dit la vie. C'est pour moi la poupée de mes jeux d'enfant que je démonte pour la remonter à ma façon.
Est-il vrai que l'écriture est un acte de libération ?
L'écriture est tout d'abord une aventure palpitante. Je ne sais pas exactement où elle va me mener, d'ailleurs, il n'est pas important d'en connaitre l'issue. Tout l'intérêt est dans le processus de création. J'aime voir naitre et évoluer une matière informe. J'ai toujours terminé un livre de manière absolument arbitraire lorsque je sens que je n'ai plus rien à ajouter.
Que représente la Poésie pour vous sachant que vous possédez d'autres moyens d'expression tels que l'art plastique, la critique, l'écriture journalistique ?
J'ai eu envie de multiplier les modes d'expression et prendre des chemins nouveaux et inconnus. Au sujet de la peinture, j'éprouve depuis l'enfance une attraction très forte envers les couleurs et les formes qui donnent naissance à un univers inventé ou métamorphosé même si les sujets traités s'inspirent fortement de la réalité. La critique aussi est une réinvention ou une reformulation de l'œuvre écrite, peinte ou mise en scène par l'auteur. La critique révèle ce que l'auteur dissimule derrière les mots, les images ou les couleurs.
La poésie est la forme suprême de la création. Elle est la quintessence de la création. Elle ne supporte pas le bavardage, les ajouts et la redondance. Chaque mot compte et exprime quelque chose de précis. Nombreux l'associent à la divagation. Ce qui est complètement faux. Elle est plutôt errance et non fantasmagorie.
Propos recueillis par


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