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BCE, Abassi, Ghannouchi... qui aura le dernier mot ?
Publié dans Le Temps le 23 - 11 - 2016

Le centre gauche et le centre droit sont-ils en voie de disparition parmi les « espèces » politiques influentes qui ont fait la Tunisie du siècle dernier, le 20ème... !
Toute porte à le croire au vu de la crise majeure et persistante de Nida Tounès, conçu pour prendre le relais du « bourguibisme » et adapter le mouvement destourien au sens large aux exigences des nouvelles générations de la Révolution de 2010-2011.
Au cours des six dernières années, on a composé, tant bien que mal, avec un rapport de force au départ, largement favorable aux islamistes, qui ont récupéré une révolution sociale et des jeunes sans emplois, pour labourer dans le sens d'une « révolution identitaire » avec pour objectif « d'islamiser » politiquement et idéologiquement un peuple pris de court par ces marées humaines qui voulaient le départ de Ben Ali et la fin de sa nomenclature qui a pris possession en 23 ans de pouvoir, les rouages de l'Etat et de l'économie, mais qui ne pensaient jamais mettre à la place un régime « d'Ayatollahs », « frères musulmans » et wahabite prononcé.
Le réveil a été cauchemardesque, et le pays est mis en l'espace de 3 ans, la Constituante et la Troïka aidant, « sous occupation interne », des prédicateurs de toutes les loges obscurantistes d'Orient et même d'Occident.
Le congrès de « Ansar Achariaâ » à Kairouan, représente l'apothéose et l'aboutissement d'un processus de près d'un demi-siècle de mobilisation et d'encadrement idéologique islamiste depuis le fameux MTI qui a fait ses premières apparitions publiques avec les étudiants islamistes fin des années 60 du siècle dernier.
Entre-temps, deux facteurs de la plus haute importante ont interféré pour rééquilibrer le rapport des forces vers une nouvelle équation tripartite. D'abord, les assassinats politiques entamés par celui de feu Lotfi Naguedh qui a été le moins médiatisé, en comparaison avec les assassinats de feu Chokri Belaïd et El Brahmi, beaucoup plus connus sur la scène nationale et internationale, et qui ont stoppé la progression de la centrale islamiste, Ennahdha, dans sa mise sous tutelle de l'Etat et des institutions exécutives. Puis, l'émergence de Nida Tounès avec une remise à flot du « bourguibisme » social-libéral, et surtout attaché à un modèle social et identitaire marqué par la modernisation et la pensée réformiste depuis Ahmed Bey et le général-ministre Kheïreddine Bacha Attounsi au beau milieu du 19ème siècle.
Ceci s'est accompagné, et c'est là où la crise actuelle de Nida Tounès prend sa source, par une décomposition totale des structures « destouriennes » qui véhiculaient le retour en force du bourguibisme. Nous avons assisté à un effritement tel ce miroir brisé en mille morceaux, des partis dits « destouriens » parce que leurs « leaders » sont passés de « l'ascendance » politique idéologique et structurelle d'encadrement et de mobilisation, au « déclassement » pur et simple. Al Moubadara, à titre d'exemple, menée timidement par Kamel Morjane, ancien ministre de Ben Ali et gentleman de descendance destourienne classique, a joué tellement profil bas, en multipliant les déclarations de « conciliation » avec les islamistes, qu'il n'a pas réussi à préserver le caractériel ascendant et farouchement progressiste et moderniste du Bourguibisme et des Destouriens de la première heure. Pourtant, M. Morjane avait une opportunité énorme de recoller au bourguibisme toujours vivace et mobilisateur et a préféré la combine « diplomatique », à la ferveur du redéploiement ascendant destourien. Disons pour la vérité que la culpabilisation du « Tajamoô » (RCD) destourien, avait pris des proportions tragiques et beaucoup d'anciens responsables ont été incarcérés de la manière la plus injuste, pour créer l'irréversible et la décapitation définitive du R.C.D.
Mais, voilà que par une réaction alchimique et totalement inattendue, le « bourguibisme » « destourien » a ressuscité, renaissant de ses cendres, alors qu'on croyait l'avoir enterré pour l'éternité en la personne de M. Béji Caïd Essebsi, qui à l'opposé des autres anciens responsables, a saisi le message des nouvelles générations de la révolution et compris qu'on ne pouvait pas faire du neuf avec une remise en marche pratiquement impossible de l'ancien RCD.
La masse destourienne ou plutôt bourguibienne est là, intacte, blessée et martyrisée certes, mais toujours vivante comme cette bonne sève d'une racine assoiffée mais résistante et cramponnée au sol, qui attendait un nouvel arrosage pour renaître et refleurir.
L'idée du « Nida » n'a émergé qu'au fameux meeting de Monastir où BCE a été plébiscité et porté en triomphe par 10.000 personnes exaltés et enthousiastes aux cris « Ya Béji... Ya Béji », à l'intérieur de cette salle des sports, côté corniche, et autant restés dehors faute de places.
J'étais là, ce jour-là, dans les gradins avec ce peuple merveilleux du Sahel et de toutes les régions de Tunisie et j'ai pu mesurer l'attachement de ces classes moyennes et populaires nombreuses, à Bourguiba et son modèle personnel, éthique et social. J'étais assis à côté d'un chauffeur de taxi, de Moknine..., et je me suis aventuré à lui demander : « Pourquoi, vous, Sahéliens des profondeurs, soutenez-vous Béji Caïd Essebsi, qui est « Beldi » (Tunisois) ». Et le Mokninois de me répondre : « C'est le seul qui n'a pas trahi Bourguiba », les larmes aux yeux, et criant à pleins poumons « Ya Béji... Ya Béji » !
Alors, qu'est-ce qui a changé depuis !
Sans vouloir m'attarder sur des détails de l'Histoire comme dirait Churchill après les bombardements sur Londres, je dirais que les changements sont la résultante des rapports de force.
Or, la troisième force qu'on a eu tendance à oublier, et même à négliger, c'est l'UGTT, et la montée d'un homme, jusque-là bien discret par le passé du temps des Jrad et compagnie, à savoir M. Hassine Abassi. Tout le monde s'accorde pour dire que l'UGTT joue, aujourd'hui, un rôle central dans la crise qui frappe le pays depuis six ans et très peu dans sa solution. Au départ, elle a réussi à canaliser la revendication sociale et a obtenu des augmentations de salaires conséquentes mais, depuis, ses ambitions sont de plus en plus à la hausse et ses cadres de plus en plus impatients, exigent « leur » part d'Etat ou même l'Etat (secteur public) dans son ensemble.
D'où aussi ce revirement spectaculaire et imprévisible en 2014, de BCE en faveur d'une « entente » plus que formelle avec Ennahdha et les islamistes. Mais, ce qui est à craindre dans tout cela, c'est la lassitude et la démobilisation des « bourguibiens » et l'éclatement de Nida Tounès.
M. Abassi doit mesurer, tout comme M. Ghannouchi, qu'à force de tirer les cordes, le premier vers l'UGTT et le second vers une remontée au pouvoir (global) de Ennahdha, elles finiront par rompre.
Scénario possible, la fonte du Nida dans un islamisme modéré mais pour cela il faut qu'Ennahdha arrête de jouer la mobilisation identitaire et à mélanger l'Islam et la politique et ceci, afin d'isoler définitivement l'UGTT, qui en fait un peu trop avec ces menaces de « grève générale » très impopulaire.
Mais, BCE garde une chance infime à recoller les ailes du Nida, et du centre gauche bourguibien.
Et cette chance passe par un bon succès avec l'Union européenne fin de ce mois, à l'occasion du premier sommet Tunisie-UE.
Sans un vrai bol d'oxygène de l'Europe, la Tunisie ira crescendo vers la zone des turbulences graves en 2017 ! C'est sérieux !


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