Certains enfants ont un rythme d'apprentissage plus rapide. Ils apprennent à lire et assimiler les cours plus vite que les autres .Dès lors il y a un risque de voir l'ennui s'installer. Petit à petit, ils peuvent perdre l'envie d'apprendre par manque d'émulation et être de moins en moins bons. La réduction du temps passé dans un cycle peut être un moteur pour la suite de la scolarité. Ce qui se traduira par un saut de classe. Une circulaire vient d'être signée, jeudi 23 février 2017, qui autorise le passage anticipé des élèves brillants et doués en classe supérieure afin de leur permettre de sauter une classe. Cette circulaire entre en vigueur à compter de l'année scolaire 2018/2019. Est-ce une bonne solution ? Les avis des enseignants et des parents Plusieurs situations sont susceptibles de motiver un saut de classe. Certains signes peuvent éveiller l'attention des élèves, des parents et des enseignants. La chargée de mission auprès du ministère de l'Education, Ilhem Barboura, a précisé à une radio privée que les élèves surdoués doivent avoir un coefficient intellectuel dépassant 130. Ils devront passer un examen chez un pédopsychiatre exerçant dans le secteur de la santé publique. Mais qu'en pensent les enseignants ? Héla, institutrice, estime que « les enseignants sont les plus aptes à se prononcer pour savoir si un enfant peut sauter une classe ou non. Ce sont les instituteurs qui voient les enfants se comporter et évoluer toute l'année. Et là il y a des critères. Avant le saut de classe, il convient de rassurer l'élève brillant. Parents et enseignants doivent lui expliquer les raisons de ce saut de classe. Il faut instaurer un dialogue entre l'équipe pédagogique et les parents pour adapter le projet aux besoins de l'élève, anticiper d'éventuels écueils dans son parcours scolaire et le mettre en confiance, proposer un temps d'adaptation progressif dans la classe d'accueil afin d'évaluer et d'anticiper avec l'élève les éventuelles difficultés. Ceci sans oublier d' accompagner sa scolarité dans la nouvelle classe car l'élève intellectuellement précoce peut rencontrer des difficultés temporaires (nouveau programme, nouvelles notions). Il faut l'aider à s'organiser et à acquérir de nouvelles méthodes de travail, l'encourager et le rassurer sur ses capacités, veiller à ce qu'il trouve sa place dans le groupe, lui laisser un temps d'adaptation qui peut être plus ou moins long. » Samir M., enseignant, s'oppose au saut de classe. « Sauter une classe après le primaire, c'est très délicat, arrivé au collège et ensuite au lycée, toutes les classes sont vraiment importantes. Il y a un vrai risque car si cela ne marche pas, les difficultés persisteront jusqu'à la fin des études et imaginez les doutes que cela mettrait dans la tête de l'enfant» nous dit-il. Attention à l'échec ! Senda C. est de son avis. « Il faut éviter le saut de classe en primaire, souligne-t-elle.Il faut laisser les enfants profiter de ces années de « liberté » et d'insouciance. S'il doit y avoir un saut de classe, il sera toujours temps de le faire en secondaire. » En revanche, Ahmed, est un père très satisfait du saut effectué par sa fille « Je fais partie des parents heureux puisque ma fille a sauté une classe ! Elle se trouvait à l'âge de 16 ans détenteur du bac. Je pense qu'il n'y a pas de raison pour qu'un saut de classe se passe mal. Il y a une question de soutien de la part des équipes pédagogiques et de l'entourage ». La question de la maturité revient souvent sur le tapis. Peut être que toutes les classes ne sont pas faites pour être sautées et qu'il faut s'y prendre de bonne heure « Mon fils, avoue Samiha, est un brillant élève .Il ne compte pas un jour sauter une classe. Il veut rester dans sa classe et avec ses copains. Je pense que tant que les enfants ne sont pas en difficulté scolaire ni en souffrance, on doit les laisser vivre leur vie d'enfants. » Un bon élève peut ne pas sauter sa classe. Il peut suivre et étudier tranquillement, calmement, normalement, alors pourquoi bouleverser quelque chose qui fonctionne très bien !L'important, n'est-il pas d'être bien dans sa peau ?