Le Ramadan, les épreuves du Baccalauréat, l'été qui se fait prier mais qui s'annonce à partir du week-end avec un mercure plus généreux à 32 degrés c., rien n'y fait, les Tunisiens sont plus excités que jamais et la « politique » tient le haut du pavé pour des raisons évidentes, et la principale étant que personne ne sait ce qui va se passer et où l'on va ! D'abord, ces « préparatifs » plus que problématiques pour des élections municipales annoncées décembre 2017, c'est-à-dire ..., demain, et du coup, l'on perçoit un rapprochement indicatif entre Nida Tounès (officiel) avec Ennahdha au milieu d'un silence assourdissant du reste des partis occupés à guerroyer les uns sous l'étendard qatari, les autres attendant et espérant une crise majeure de déstabilisation du pays pour ré-exister et renaître de leurs cendres... et j'en passe. Pourtant, la question qui se pose de la façon la plus sérieuse, est la suivante : qui a changé le Nida ou Ennahdha pour inscrire ce rapprochement appelé peut être à devenir « structurel » et qui sait annoncer les prémisses d'une future formation d'un grand parti conservateur. Peut-être, les deux à la fois ! Mais, pour beaucoup de citoyens attachés au modèle tunisien spécifique tant que l'Islam politique n'a pas opté clairement pour un Etat « civil » et démocratique » avec séparation de la religion de la politique (et non pas seulement le fameux daâwique – prédicationnel) on ne pourra jamais avoir le cœur net sur ce qui attend la Tunisie au niveau du modèle de société. J'ai écouté avec beaucoup d'attention les déclarations de leaders islamistes comme MM. B'hiri, Mekki et surtout Hammami, ministre membre du gouvernement, développer que la question du « modèle identitaire » a été réglée et pliée, par la nouvelle Constitution, par une harmonie et synthèse entre « l'Islam religion de l'Etat » (article 1) et « l'Etat civil basé sur la citoyenneté » (article 2). Or, à chaque épreuve ou crise où la question identitaire fait surface les « Islamistes » redeviennent ce qu'ils ont toujours été « islamistes » purs et durs. Rien ne sert de citer les très nombreux cas, mais il est plus que certain que « l'islamisation » de la société, contre la modernisation et les lectures bourguibiennes réformistes, demeure un objectif stratégique majeur d'Ennahdha, et de son président, cheikh Rached Ghannouchi, qui a tracé la voie à suivre très intelligemment, en poussant au « parallèle » et au développement des structures de propagande islamiste et de contrôle intégral de la société. Vous me direz... mais alors, pourquoi M. Hafedh Caïed Essebsi qui s'affirme de plus en plus comme le maître à bord à Nida Tounès, va-t-il dans le sens de cette alliance tactico-stratégique avec Ennahdha ?! Est-il à ce point naïf ou inconscient de croire que le parti islamiste est sincère dans son évolution et que son passé « frères musulmans » est derrière lui ?! Je ne le pense pas ! Les mêmes causes donnent les mêmes effets et celles qui ont poussé BCE, le père, à Carthage, dans les bras d'Ennahdha, sont les mêmes, aujourd'hui, pour M. Caïed Essebsi junior. Je m'explique. Qui a poussé M. Béji Caïed Essebsi, le vainqueur haut la main, des élections de décembre 2014, bourguibien de race, de culture et de métier, fondateur de Nida Tounès, un prolongement de l'œuvre et de la philosophie du Néo-destour (je n'ai pas dit le RCD)..., de Bourguiba et de Hached, une synthèse magique entre la modernisation et l'attachement à l'identité spécifique tunisienne musulmane (mais pas islamiste) qui l'a poussé à donner la moitié de son « trône » comme le dit la légende (Echtar fi mahkamtoun), aux islamistes perdants, si ce n'est la mobilisation sociale et revendicative excessive, y compris celle de l'UGTT de M. Hassine Abassi et de la gauche extrême totalement déconnectée des réalités économiques du pays ! La pression énorme des grèves par centaines, l'an, pour culminer à plus de 500 en 2015, avec le gouvernement de M. Habib Essid, ainsi que les sit-in et les débrayages dans les mines qui ont privé le trésor de quelque 5000 milliards en manque à gagner, sans compter la fermeture d'entreprises et l'émigration vers d'autres pays plus stables, tout cela a poussé BCE (peut-être la mort dans l'âme), à faire bloc avec les islamistes et Ennahdha pour stabiliser le pays ! Alors qui peut, aujourd'hui, honnêtement, lui en vouloir pour cela. Pour preuves l'amélioration sécuritaire et des indicateurs économiques avec ce gouvernement de M. Youssef Chahed. Avait-il d'autres choix... je ne le pense pas, car en homme d'Etat et président de la 2ème République, en plus, son rôle principal était d'assurer la paix sociale, la sécurité nationale et la pérennité de l'Etat. Aujourd'hui se profile à l'horizon un « Remaque » ou presque de la chose avec M. Hafedh Caïed Essebsi, handicapé d'abord par « sa naissance » en tant que fils de son père, et puis surtout diabolisé par cette classe politique vindicative et inquisitoire, y compris dans ses propres quartiers généraux à Nida Tounès. Pourtant ce Hafedh Caïed Essebsi, tant décrié ne parle pas ou très peu. Mais, il s'assure de plus en plus le contrôle de l'appareil du parti, et le jour « J » les Tunisiens vont devoir choisir , dos au mur, entre un « Harak » illuminé et hors rationalité de M. Marzouki et autres M. Daïmi et la gauche négativiste sans programme économique à part la fonctionnarisation de l'Etat et la société et surtout une absence de visibilité politique avec cet entêtement à ne pas évoluer vers un véritable parti socialiste comme le SPD allemand. Alors, que restera-t-il comme choix crédible aux Tunisiennes et aux Tunisiens qui ne veulent plus de l'aventure, dérive révolutionnaire et encore moins d'une nouvelle « Troïka » dominée de la tête aux jambes par les islamistes.. Dans tous les cas de figure, la coopération tactique avec les islamistes est incontournable tant que l'électorat tunisien n'aura pas dit un « Non » clair et massif à ces mêmes islamistes. En conclusion, plus on diabolise M. Hafedh Caïed Essebsi, pour affaiblir Nida Tounès, et plus on donne une chance aux islamistes et à Ennnahdha de peser lourdement sur la vie politique tunisienne à l'horizon 2019 et après. D'abord, les islamistes en sont plus que conscients. Plus Nida Tounès est affaibli et plus BCE, père et fils, seront obligés de composer avec eux ! C'est aux Tunisiens d'en prendre conscience. Au fond, c'est cela la politique depuis la nuit des temps. Elle incarne et reflète le rapport de forces. Regardez la Turquie. Triste peut être mais elle a enterré le Kemalisme et Attaturk, laïcisant pour une montée en puissance de l'islamisme du parti de l'AKP et de M. Erdogan. Allons nous vers un même scénario et le « Bourguibisme » est –il menacé à son tour sur le court et moyen terme !... Je ne suis pas loin de le croire au vu de la naïveté de notre classe politique et de ses leaders plus opportunistes que jamais. Par cet article je me suis voulu un peu « provocateur »... qui sait marginal... Mais, j'ai appris aussi que la réalité politique n'est pas toujours celle des vœux pieux ou des rêves inaccessibles. Quand les Tunisiennes et les Tunisiens vont voter, c'est là où l'illusoire s'effondre et la dure réalité frappe ! Qui a donné 69 sièges aux islamistes à l'ARP en 2014 ?! Allez, bon appétit ramadanesque !