Et c'est parti pour le troisième parti politique dissident du mouvement de Nidaa Tounes ! Boujemaâ Rmili, ancien directeur-exécutif du Nidaa – à l'époque où tout allait bien – vient d'annoncer, dans une déclaration accordée à Maghreb Street, que ses collègues du Comité directif du Nidaa et lui-même annonceront, le 24 juillet, la naissance de leur nouveau parti politique, ‘Tunisie premier mouvement'. Ridha Belhadj, ancien directeur du cabinet présidentiel, Abdelaziz Kotti ou encore Khemais Kssila seront les principales têtes d'affiche de ce mouvement qui fera partie, à son tour, des composantes du Front du salut initié, principalement, par Slim Riahi (président de l'Union patriotique libre) et Mohsen Marzouk (secrétaire-général du Mouvement projet pour la Tunisie) avant que ce dernier ne se retire dudit projet. Une annonce attendue après que Ridha Belhadj et son groupe aient perdu leur affaire devant l'actuel directeur-exécutif du Nidaa, Hafedh Caïd Essebsi qui a obtenu gain de cause. Juridiquement, les concernés ne pouvaient plus continuer leurs manœuvres politiques sous les couleurs de Nidaa Tounes et devaient donc se trouver une nouvelle couverture. Avec ce nouveau parti, Ridha Belhadj sait pertinemment qu'il ne va pas jouer sur le poids électoral mais plutôt les entrées que son nouveau parti peut lui offrir. ‘Tunisie premier mouvement' suit donc ‘Banni Watani' de Saïd Aïdi et ‘Al Machroû' de Mohsen Marzouk dans la descente aux enfers. A peine trois années après les élections de 2014, le projet initial de Béji Caïd Essebsi qui visait à réunir les forces démocratiques autour d'un projet sociétal progressiste ne semble être plus qu'un lointain souvenir. Aujourd'hui, nous avons quatre entités politiques qui, chacune d'entre elles, tente de s'accaparer la légitimité du projet et la noblesse des objectifs. Or tous ceux qui tentent aujourd'hui de nous convaincre de leur sincérité, sont, d'une façon ou d'une autre, responsables de tout ce qui est arrivé. Ridha Belhadj a été parmi les premiers bâtisseurs du controversé congrès de Sousse où Hafedh Caïd Essebsi a réussi à récupérer tous les pouvoirs au sein du mouvement. L'ancien directeur du cabinet présidentiel s'était même placé en tant que premier défenseur de Caïd Essebsi junior en répliquant à ceux qui avaient accusé ce dernier de vouloir récupérer la place de son père que la démocratie donne la possibilité à chaque citoyen d'exercer la politique peu importe la circonstance. De leur côté, Mohsen Marzouk et Saïd Aïdi ont fait partie de ceux qui ont fermé les yeux, en 2013, face aux tentatives de Béji Caïd Essebsi et de son fils de faire main basse sur le mouvement ; à l'époque, quelques-uns avaient manifesté leur mécontentement des pratiques de la famille Caïd Essebsi mais au vu de l'absence totale de leurs collègues, ils ont été obligés de renoncer à leurs protestations. Marzouk, Aïdi et plusieurs autres figures phares de Nidaa Tounes n'ont pas su, non plus, mener à bien l'opération qui voulait que le premier congrès électif du mouvement se tienne avant que BCE ne soit propulsé à la magistrature suprême du pays. Aujourd'hui encore, le mouvement continue de payer les frais de ces batailles délaissées par ceux qui prétendent aujourd'hui viser l'intérêt suprême de la démocratie et du pays.