Alors, ce remaniement, on le fait ou on ne le fait pas ! La toile n'arrête pas de l'annoncer au moins pour les postes « vacants », à l'Education nationale et aux Finances. Dans la foulée, beaucoup désirent ce qu'ils ne peuvent pas avoir, à l'Industrie et au Commerce parce qu'ils ne sont pas heureux avec ce qu'ils ont, en la personne de M. Zied Laâdhari, bosseur et plutôt positif, mais qu'on estime trop regardant des intérêts turcs en Tunisie aux dépens de l'intérêt national et des industries tunisiennes naufragées par les importations «sauvages» en provenance du Bosphore ! Côté partisan, quoi de plus naturel que les grosses cylindrées de Nida Tounès, parti censé avoir été vainqueur des élections en 2014 et qui ne gouverne pas, bien que M. Youssef Chahed, Premier ministre, appartienne au terroir, veulent un remaniement qui tienne compte de l'équation élective et leur accorde des positions d'influence au sein du gouvernement. Ceci est compréhensible dans la mesure où un parti politique qui n'aspire pas au commandement politique sera de fait déclassé, et comme la nature a horreur du vide, c'est le concurrent du moment, le parti islamiste Ennahdha, qui occupera l'espace vacant. Déjà, à l'ARP avec ses 69 inamovibles et compacts sièges il récupère la première place représentative à l'hémicycle du Bardo, malgré tout ce qu'on raconte sur les velléités différentielles entre MM. Ghannouchi et Mekki... Une tempête dans un verre d'eau ! Mais, surtout un cadeau royal des deux branches de Nida Tounès, les légitimistes autour de M. Hafedh Caïed Essebsi et les dissidents du « Machrou » (Projet) autour de M. Mohsen Marzouk, occupés à se faire la « guéguerre » de position fratricide, ça fait presque deux ans. Finalement, M. Youssef Chahed aurait intérêt à ne rien toucher, de peur de réveiller les démons du « parlementarisme » et les risques d'une motion de censure non prévue par le « boss » à Carthage, pour le moment, et qui pourrait pointer à l'horizon avec une coalition Nida-Ennahdha. Et là, les légitimistes des deux côtés ainsi que les dissidents des deux côtés peuvent se mettre d'accord pour écarter un président de gouvernement de plus en plus populaire, qui caracole dans les sondages, qui devient peu malléable et très peu à l'écoute des appels à peine voilés de ralentir la cadence côté campagne anti-corruption. Bien mieux ! Si M. Chahed arrive à convaincre BCE d'enfourcher son cheval sur la voie « Macron » à la tunisienne, il serait largement plébiscité à l'horizon 2019. Mais, d'ici là, beaucoup d'eau coulera sous les ponts de la Medjerdah ! D'abord, tout dépendra de l'amélioration de la situation économique et de la maîtrise qu'on attend du gouvernement pour relancer vigoureusement les investissements, débloquer les grands projets qui animeront les régions et créeront de l'emploi pour les jeunes de plus en plus impatients, avec une maîtrise aussi de l'inflation et le ralentissement de la dépréciation du « Dinar », la monnaie nationale de pus en plus sinistrée et en chute libre. Or, le déblocage de ces grands projets subit la rétention d'une certaine bureaucratie, d'une part, et la méfiance politique des partis « populistes », d'autre part, qui y voient une atteinte au patrimoine national et une braderie en faveur des gros « capitalistes ». Or, si on ajoute à cela le manque de soutien politique au gouvernement à l'ARP, des deux principales formations du Nida et d'Ennahdha, ainsi que du Machrou, pour des raisons tactiques électoralistes, on est presque sûr du déblocage total à ce niveau et ces grands projets ne verront jamais le jour, du moins, pas avant les prochaines élections de 2019. Voilà la conséquence d'un régime parlementaire hybride qui assomme de tout son poids le système politique, empoisonne la relance de l'économie et bloque le pays tout entier ! Alors que faire ?! La sagesse dirait de « ne rien faire » pour le moment, jusqu'à ce que le Président de la République, qui a encore toutes les cartes en main, se décide dans un sens ou dans l'autre... Soutenir jusqu'au bout Y.C même à l'horizon 2019, ou redistribuer les cartes en donnant la prééminence aux partis contre les sondages, qui expriment de plus en plus un ras-le-bol national et populaire sur la crédibilité des partis et de la classe politique, en général. « Minna tekoui... Wou minna techoui », aurait dit feu ma grand-mère. Mais, au dernier moment, je pense que BCE saura trouver la sortie de crise pour une simple et bonne raison éviter les erreurs de tous ses prédécesseurs, y compris Bourguiba et Ben Ali, qui n'ont pas su assurer la relève, à temps ! BCE qui a un tempérament plus tactique et plus diplomatique, que ses prédécesseurs, pourrait être enfin, l'homme que l'Histoire retiendra pour avoir évité à la Tunisie une nouvelle dérive au sommet du pouvoir et ses conséquences à tous les niveaux, y compris celui du modèle culturel identitaire et la menace permanente sur cette Tunisie des lumières qui résiste par miracle, aux assauts ravageurs de l'obscurantisme ! Attention au test important des élections municipales... C'est à quitte ou double ! K.G