- L'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) vient, enfin, d'avoir un président en la personne de Mohamed Tliti Mansri qui vient d'être élu avec 115 voix, à l'ARP. Toutefois, et comme d'habitude, cela ne s'était pas passé de la meilleure façon, dans l'hémicycle, avec des blocages, des contestations et, surtout, une députée qui avait voté à deux reprises, provoquant un tollé et des protestations, avec certains qui sont allés, même, à demander d'annuler, purement et simplement, les résultats du scrutin. Avocat de métier inscrit depuis le 4 janvier 1999, Mansri est détenteur de la maitrise en droit de la faculté de droit de Sousse en 1996, du diplôme des études approfondies en droit d'affaires dans la même faculté en 1998 et il est enregistré pour une thèse de doctorat en droit des affaires. Il avait fait partie de la commission annexe des élections de Sidi Bouzi lors des élections de l'assemblée constituante en 2011 chargé des affaires juridiques ainsi que lors des élections législatives et présidentielles de 2014 et coordinateur régionale de contrôle des activités de la campagne électorale. Pour le nouveau président, la priorité sera accordée au rétablissement de la confiance en l'instance, la réussite des élections municipales de 2018 et le parachèvement du processus démocratique. Manœuvre dangereuse pour une mainmise sur l'ISIE Mohamed Tliti Mansri, qui vient d'être élu nouveau président de l'ISIE a souligné que l'effort sera axé sur le règlement de la situation des employés en situation fragile, le comblement des postes vacants et l'organisation des recrutements pour la direction centrale de l'instance. Il a démenti tout différend avec les membres du conseil de l'Instance électorale assurant que les rapports internes sont entretenus dans le cadre du respect mutuel. Côté contestations, certains partis ne sont pas allés de main morte, comme le Bureau exécutif du Parti Al-Jomhouri a mis en garde contre la gravité de l'annonce par la "nouvelle Troïka" d'un consensus autour d'un nouveau président de l'ISIE, à l'issue d'une réunion partisane. "Cette démarche est une manœuvre dangereuse qui a pour dessein d'exercer une mainmise sur l'Instance", a estimé le bureau exécutif d'Al-Jomhouri à l'issue de sa réunion périodique. "Le nouveau président de l'ISIE qui aurait du être élu sur la base d'un large consensus parlementaire, a juste été nommé par la nouvelle Troïka, lors d'une réunion partisane", a regretté le parti Al-Jomhouri. Le recours du Mouvement Ennahdha et du Mouvement Nidaa Tounes aux services de l'Union patriotique libre (UPL) n'est qu'une tentative visant à sauver leur pouvoir affaibli au sein de la coalition au pouvoir. Réserves du FP et de Machrou Tounes De leur côté, les députés du Front Populaire et de Machrou Tounes ont émis des réserves sur l'élection du nouveau. Ils ont exprimé leur mécontentement pour l'accord des présidents des blocs parlementaires et de la commission de tri au sujet du vote à deux reprises de la député Leila Aouled Ali, de leur décision de former une commission pour enquêter sur d'autres fraudes au vote et d'avoir approuvé le résultat du vote après avoir conclu que seule Leila Aouled Ali a voté deux fois. "Le Front National se dégage des décisions de la réunion des présidents des blocs parlementaires et de la commission de tri qui ont approuvé les résultats du scrutin malgré l'existence de fraudes électorales", a souligné Chafik Ayadi, député du FP. Il a émis des doutes sur le vote, affirmant que le Front Populaire avait demandé d'organiser un autre vote qui ne soit pas entaché d'infractions. De son côté Hassouna Nasfi de Machrou Tounes, a déclaré à l'agence TAP que les membres de son groupe parlementaire sont mécontents de l'opération d'élection du nouveau président de l'ISI, estimant que la réserve sur le vote de Leila Aouled Ali "est légitime". "La réserve de notre bloc ne se limite pas à la fraude électorale, mais porte aussi sur le fait que les débats et le consensus sur le président de l'ISIE n'étaient élargis et circonscrit aux mouvements Ennahdha et Nidaa Tounes ainsi que l'ULP sans consultation avec les autres composantes du parlement", a-t-il fait valoir. Pour sa part, le député Mohamed Saidane (Nidaa Tounes), dont la présence au sein de la commission de tri avait été critiquée, a estimé que sa participation à la commission "est légale" après avoir remplacé la députée Ons Hattab à la demande officielle de Nidaa Tounes. L'ATIDE demande une enquête L'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) a demandé à la présidence de l'Assemblée des représentants du peuple de "mener une enquête indépendante pour vérifier les procédures de vote de l'élection du président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections et notamment les irrégularités commises par la commission électorale". Dans un communiqué publié, hier, ATIDE appelle à "impliquer la société civile dans la vérification du processus de vote pour éviter de tels dérapages", s'interrogeant "comment la commission électorale de l'ARP n'a pas pu remarquer qu'une députée a voté deux fois". ATIDE a estimé que l'élection du président de l'ISIE est d'une telle importance qu'il nous faut veiller à ce que toutes les dispositions légales et procédurales soient respectées, en particulier par la plus haute autorité de l'Etat.