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Pourquoi l'UGTT veut-elle la peau de Youssef Chahed ?
Publié dans Le Temps le 27 - 05 - 2018

L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), la puissante centrale syndicale qui a toujours été un acteur politique de premier plan, est plus que jamais décidé de rebattre les cartes d'un jeu politique tunisien qui ne lui convenait plus. A l'issue de la réunion des signataires de l'accord de Carthage 2 tenue vendredi, le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a souligné sans ambages que l'organisation ouvrière reste attachée au départ de l'actuel président du gouvernement, Youssef Chahed.
«Est-il logique que le gouvernement a échoué alors que son chef a réussi ? Nous ne visons personne, et l'unique boussole qui guide notre action est l'intérêt de la nation », a-t-il déclaré à l'issue de cette réunion au terme de laquelle les signataires du document de Carthage ont reporté à demain la question de l'avenir de Youssef Chahed à la tête du gouvernement.
Le responsable syndical a également indiqué qu'une réunion de la commission administrative de l'UGTT sera convoquée incessamment pour examiner les résultats des concertations sur l'accord de Carthage 2 ainsi que d'autres dossiers tels que les négociations sociales, la hausse sans précédent des prix, la non-application des accords conclus avec le gouvernement et la majoration du salaire minimum garanti (SMIG) et de la réforme des retraites.
Selon des sources syndicales, cette réunion de la commission administrative pourrait aller jusqu'à décider le retrait de l'UGTT de l'accord de Carthage au cas où Youssef Chahed sera maintenu.
Mais qu'est ce qui explique ce revirement de la centrale syndicale qui était un temps le principal soutien de ce dernier ?
Présenté au moment de sa nomination comme étant l'homme le mieux indiqué pour arracher la Tunisie à la sinistrose économique et sociale qui menace d'hypothéquer une « transition démocratique» célébrée à l'étranger comme exemplaire, Youssef Chahed n'a jamais figuré dans les petits papiers de l'UGTT au moment des concertations sur le nom de celui qui devrait succéder à l'ancien président du gouvernement, Habib Essid. Inconnu du grand public, le choix de Chahed est d'abord et avant tout celui du président Béji Caïd Essebsi.
Une lune de miel de courte durée
Au départ, l'UGTT a accordé le bénéfice du doute à ce docteur en agroéconomie dont le travail pour le compte de l'ambassade américaine à Tunis avait suscité un certain nombre d'interrogations. Des accords sur les majorations des salaires dans le secteur public, l'intégration des ouvriers des chantiers, le gel des prix des produits de base ont même été conclus entre les deux parties. L'organisation ouvrière lui a également apporté un soutien inconditionnel lorsqu'il déclara une guerre contre la corruption en mai 2017. Mais la lune de miel aura finalement été de courte durée. Depuis le début de l'année en cours, le secrétaire général de la centrale syndicale a commencé à critiquer le rendement médiocre de certains membres du gouvernement qui, selon lui, «ne méritent pas d'être directeurs dans l'administration », avant d'appeler au cours d'un discours public à Sidi Bouzid à la nécessité d'injecter du sang nouveau au sein du gouvernement. Ce revirement est intervenu quand Chahed et ses ministres ont commencé à évoquer ouvertement la nécessité de cession de plusieurs entreprises publiques, dont les pertes colossales constituent un fardeau pour les finances publiques. Or, les entreprises publiques représentent le poil à gratter de l'UGTT. Quelque 80% des 750 000 adhérents de l'organisation sont des salariés des entreprises publiques.
Le président du gouvernement, qui est connu pour être un libéral impénitent est allé un peu trop vite en ce qui concerne les réformes économiques destinées à soulager les finances publiques et à relancer une croissance atone, alors que la pression des bailleurs de fonds internationaux, Fonds monétaire international (FMI) en tête, sur l'exécutif , se faisait de plus en plus intense.
Un «parti syndical» qui ne s'assume pas
Lors de leurs visites en Tunisie, les diverses escouades du FMI ne manquent pas en effet de relever les principaux facteurs qui contribuent à alourdir la dette du pays et à en plomber les finances : les déficits des comptes publics et un énorme déficit budgétaire provenant de l'importante masse salariale dans la fonction publique, des régimes de retraite généreux.
L'UGTT semble par ailleurs avoir pris de plus en plus goût à la politique
Bien que ses leaders continuent à jurer qu'ils ne veulent pas d'un «parti syndical» à l'image des partis travaillistes en Europe, elle semble déterminée à jouer un rôle politique de premier plan en profitant de l'affaiblissement des pouvoirs exécutif et législatif et des tensions sociales qui marquent la transition démocratique.
Outre son rôle purement syndical, l'Union a historiquement été un acteur de premier ordre sur la scène politique. L'organisation fondée le 20 janvier 1946 par le leader syndicaliste Farhat Hached a d'abord joué un rôle important dans la lutte pour l'indépendance, avant de former une coalition électorale avec le Néo-Destour dans le cadre d'un «Front national» regroupant aussi l'UTICA et l'UTAP pour rafler la totalité des sièges à l'Assemblée constituante chargée d'instituer la première République. Plusieurs personnalités issues de l'UGTT sont ainsi devenues ministres.
Sous le règne de Bourguiba, le syndicat historique a oscillé entre soumission au parti-Etat et velléités d'indépendance. Après l'accession de Ben Ali au pouvoir, la direction de l'UGTT s'est progressivement inféodée au pouvoir bien que plusieurs unions régionales et syndicats généraux avaient refusé de soutenir la candidature du président déchu aux présidentielles de 2004 et 2009. Cette tendance s'est poursuivie jusqu'aux derniers jours avant la fuite de Ben Ali. Au début des manifestations contre le chômage et la marginalisation à Sidi Bouzid, l'organisation avait soutenu timidement le mouvement avant d'appeler, sous la pression de ses cadres radicaux, à des grèves générales très suivies à Sfax le 12 janvier 2011 et à Tunis. Ces grèves générales qui ont précipité la chute de Ben Ali, ont redoré le blason terni de la centrale syndicale qui a joué un rôle très important dans la résolution de la crise politique ayant éclaté après l'assassinat des leaders de gauche Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.


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