Le terrorisme a frappé à nouveau, insolent d'impunité, malgré la cohue du «bavardage» partisan et les promesses officielles de «vengeance» et d'une réponse à la hauteur de la tragédie sans trop y croire, le plus beau gouvernement du monde ne peut donner que ce qu'il a! Qu'est ce qui enchaîné cette volonté de renouveau de la puissance publique de l'Etat, qui n'arrive pas à se libérer, pour défendre la sacralité de la vie humaine dans ce pays, au nom même des droits de l'Homme et de la Démocratie, virtuelle, que nous subissons, et qui font que les bourreaux et les « Barbouzes » des montagnes et des steppes, ont plus de droits que leurs victimes !? Un sentiment d'impuissance et de défaitisme gagne le peuple, assommé par tant d'inertie, à certains niveaux de la décision politique et maintenant sécuritaire, ouvrant les vannes à toutes les interprétations les plus fantaisistes. De la réaction au limogeage de l'ancien Ministre de l'Intérieur M. Lotfi Braham et au recadrage dans la hiérarchie sécuritaire, à la critique sévère du fait même qu'un Ministère à haut risque comme celui de l'Intérieur et de la sécurité nationale, ne peut pas être indéfiniment géré «par intérim» dans une période aussi sensible, à ces élections municipales de tous les ratages qui donnent à nouveau un déséquilibre flagrant entre le peuple de la modernisation et les islamistes. Tout cela est bien le fruit d'un système politique, parlementariste, déjà sclérosé à l'âge infantile ! Du jamais vu, autant d'accumulations de revers, politiques et maintenant sécuritaires, en l'espace de quelques mois et même quelques semaines, à se demander sérieusement, comment le pays pourrait-il faire face à cette montée des périls alors que l'assise du pouvoir lui-même est rudement mise à l'épreuve, par tant de conflits d'intérêt et de désunions. La bataille idéologique fait rage à nouveau entre le courant islamiste qui réaffirme de plus en plus sa volonté de puissance, aidé en cela par l'effritement de Nida Tounès démoli pièce par pièce par ses propres leaders. Que penser et que dire quand à quelques heures près, M. Soufiane Toubel président du groupe parlementaire du Nidaa et M. Mongi Harbaoui porte-parole officiel du même Nidaa, se lancent des fléchettes empoissonnées, le premier appuyant la stabilité du gouvernement et donc soutenant le premier Ministre Youssef Chahed, et le second lui déniant cette vocation à parler officiellement au nom du Nidaa et donc non-tenu par cette démarche de soutien au premier Ministre. Alors, il serait légitime de poser une petite question à l'adresse du Chef du Gouvernement : «Est-il encore le premier ministre de la majorité issue des élections de 2014 et le candidat désigné de Nidaa Tounès à cette charge ou pas !? » Dans ce climat de confusion délétère, qui peut encore se concentrer sur l'économie, et les grands chantiers que le pays attend dans les régions, avouons que l'image n'est pas très reluisante et il va falloir y mettre un terme dans un sens ou dans un autre. L'essentiel c'est la continuité de l'Etat, du service public et une cohésion minimale, qui permet au gouvernement d'assumer sa vocation de gouverner et de traiter avec les partenaires étrangers sur des dossiers aussi éminents que nos relations avec l'Union Européenne et d'autres puissances mondiales et régionales. Or tout cela passe par une chirurgie sérieuse et profonde, au niveau interne à Nidaa Tounès qui peut remettre ce parti sur orbite ce qui, apparemment, n'est pas encore le cas pour remodeler la structuration des familles de la modernisation et créer un nouveau parti. L'option des «indépendants» non-affiliés à des partis politiques a montré ses limites aux municipales. Malgré de bonnes majorités dans plusieurs villes et cités, ils ont fini par se faire rattraper et écarter par Ennahdha, le nouveau Léviathan des villes. Le Kram vient à son tour d'être «capturée» par les islamistes, de la même manière qu'à Tunis Al Hadhira, Sfax et Bizerte, etc... On joue sur les abstentions et on récupère les hésitants esseulés, et ça roule parfaitement pour le grand «Cheikh» manœuvrier qui ne se fait pas prier pour récolter les fruits de la débandade des courants «modernistes». Trop c'est trop... La démobilisation est telle qu'en 2019, il faut s'attendre à un vrai Waterloo, côté Nidaa et périphéries pour le grand bonheur des islamistes qui ont très bien manœuvré, pour faire de ce «Tawafouk» (consensus) une arme redoutable pour la reconquête du pouvoir sans engager de bataille. Chapeau ! D'une victoire à pyrrhus de Nida à une défaite victorieuse d'Ennahdha Du grand art politique... à enseigner à Science-Pô !