p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Jameleddine EL HAJJI Depuis quelques semaines, le pays a plongé dans une série véritablement noire, en particulier Dans les différents appareils de l'Etat, mais aussi dans certaines régions où la plèbe s'est mise à menacer les principaux centres de production du pays. Si les sit-ins et les grèves constatées çà et là ont été « jetés » sur le gouvernement, les autres appareils de l'Etat ont sombré dans une sorte de fébrilité par trop pathologique et qui continue d'interroger les observateurs de toute part. A l'ARP, c'est le cirque, où tout est permis, en vertu ou dans le dos de la Constitution. Un député a même trainé dans la boue le Président de la République, garant de la Sécurité et de la Constitution actuelle. Sans suite. Même pas de la part du chef de l'Etat lui-même. A part quelques mots enflammés « comme d'habitude », l'Etat semble s'accommoder du pourrissement en cours, en le soutenant d'élans lyriques d'un autre âge. Pourtant, la dissolution de l'ARP ne choque plus personne, quel que soit son bord politique. Côté Carthage, c'est l'attentisme et le mutisme que de moins en moins de catégories de la société sont prêtes à digérer. En même temps s'est ouverte une nouvelle session de conflits entre les différents acteurs en présence à l'ARP, donnant l'impression qu'un jeu d'alliances vient d'être engagé, non seulement par la parole, mais aussi par les rixes physiques qui tendent à devenir un instrument, comme d'autres, de règlement des différends politiques. Maintenant, nous avons des députés qui se tabassent mutuellement devant les caméras des télévisions, annonçant une nouvelle ère inédite d'exercice parlementaire, dans le cadre strict de déchirements idéologique n'ayant aucun rapport avec les problèmes de l'heure que tous les secteurs étalent quotidiennement au public. L'UGTT, un rôle pas clair Dans ce marasme, plusieurs voix se sont élevées, pour mettre à contribution l'UGTT, dans le sens de l'amorce d'un dialogue national dont les contours restent à définir. Depuis quelques mois, le secrétaire général de la Centrale syndicale a pris l'habitude de s'entretenir, sur son initiative propre ou bien sur invitation de la Présidence de la République, avec le chef de l'Etat, conférant ainsi intentionnellement à l'UGTT le rôle de modérateur, capable de relever le défi de réunification de différents groupes politiques autour d'options qui feraient une certaine unanimité, transcendant ainsi les clivages idéologiques qui bloquent. A l'exception, bien entendu de la coalition El Karama, franchement hostile à l'UGTT et toutes ses actions qu'elle condamne tous les jours, sur tous les tons. Un curieux bémol cependant, est cette déclaration du membre du Conseil exécutif de l'UGTT, Samir Cheffi, qui n'a manqué de déclarer à l'une des radios privées de la place, que la destitution du gouverneur de Jendouba n'est pas une option, mais un ordre que l'UGTT adresse au chef du gouvernement (entendez : qui doit s'exécuter sans délais)! Cette guerre des déclarations où se mêlent l'emportement, la passion, et les mots forts et creux, est venue démontrer, si besoin était, que le débat se situe non pas sur un plan politique, mais sur des bases idéologiques désuètes et en dehors de l'histoire. En aucune façon on ne peut accepter de telles déclarations au sein d'un Etat, puisque même le lexique utilisé a quitté les isotopies politiques vers d'autres sphères, celle de la pègre et des mafias. Ce genre de déclaration émanant de l'UGTT, et n'ayant eu aucune rectification de la centrale syndicale, ou même une prise de position plus nuancée, est venu jeter une ombre d'obscurité sur la capacité de la centrale syndicale à mener l'animation d'un débat national, lequel requiert en premier lieu de dépassionner l'ambiance venimeuse qui s'est installée dans le pays depuis les législatives de 2019. Est-il un signe de début de retrait de la part de l'UGTT ? Pas vraiment. Un excès d'ados ? Non plus. Un aveu ? Lequel ? La fin de la décennie du chaos idéologisé Tout porte à croire que la classe politique est bien installée dans la conviction de son incompétence à traiter les problèmes de la communauté nationale. En plus, cette classe politique, y compris l'UGTT est de plus en plus sûre de son inadaptation à la phase ultérieure que le pays s'apprête à traverser, laquelle recèle plus de fatalités que de choix bien réfléchis. Du côté des partis politiques agissant au sein de l'ARP, la peur est générale. Tous les partis, à l'exception du bruyant PDL, sont sûrs de leur avenir proche. Un fiasco cuisant qui restera dans les annales de l'histoire du pays. Leur popularité bien ou mal acquise ne tardera pas à s'émousser aux premières procédures judiciaires relevant du rapport de la Cour des Comptes. Le pourrissement s'installe donc comme le seul choix dont ces « partis » entendent faire durer leur plaisir au Bardo. Pas pour longtemps. De plus, le paysage qui se détériore de jour en jour au sein de l'ARP semble conforter le Président de la République dans une éventualité que la Constitution de 2014 n'a pas prévu. A savoir le fait de voir l'ARP s'auto dissoudre. Dans ce cas, les jeux des uns et des autres, les déclarations impressionnantes et les intimidations de certaines parties, ne seront pas d'un grand secours. Puisque cette situation extraconstitutionnelle ouvrira un océan de possibilités et de choix devant le chef de l'Etat, afin de mener à bon port et la purge tant attendue de la corruption, et l'émergence de nouvelles forces moins corrosives, lesquelles pourraient permettre un nouveau départ. Une telle perspective prévoit nécessairement un recentrage stratégique de plusieurs appareils de l'Etat, avant les prochaines législatives anticipées, en particulier ceux relevant de la haute autorité, comme le Conseil National de la Sécurité, avec ses deux effectifs, sécuritaire et militaire. Ce scénario, relevant comme de la politique fiction, n'attendrait en fait qu'un déclic de la part de la Justice, la vraie grande muette de la Tunisie actuelle. C'est ainsi que, peut-être, le pays pourrait retrouver le chemin de la normalisation. C'est ce que craignent le plus, les actuels tenanciers du bar tabac du Bardo. La moralisation ne tardera pas à s'imposer. 2021 sera un autre jour.