L'apithérapie signifie soigner avec les abeilles et d'une façon générale avec tous les produits de la ruche ; le miel, la propolis, la cire, le venin d'abeilles, la gelée royale et le pain d'abeilles. Il faut savoir que la plupart des propositions de l'apithérapie n'ont pas été établies scientifiquement et ne répondent pas aux standards de la médecine moderne. Mais comme il s'agit d'une pratique millénaire et très populaire, elle aiguise l'appétit des charlatans de tous bords qui profitent de l'aubaine en s'improvisant guérisseurs. En Tunisie il y en a un qui est devenu très célèbre. Il dispose de plusieurs locaux, ou devrais-je dire cabinets ? Et inonde les pages de certains journaux par des publicités tape à l'œil ! Ce charlatan fait piquer ses clients par des abeilles en plusieurs endroits sans aucune précaution d'asepsie, ce qui a pu entraîner chez les plus fragiles d'entre eux, notamment les diabétiques, de graves infections de la peau. Nous avons pu le constater, plusieurs de mes confrères et moi-même. Il a fait l'objet de quelques plaintes, surtout de la part du conseil de l'ordre des médecins, mais sans résultat puisqu'il continue à sévir de plus belle. Je voudrais, d'abord déplorer le laxisme des autorités qui le laissent faire et puis attirer l'attention du public sur le danger de ces pratiques charlatanesques, considérant que cette mission d'information incombe en premier lieu au corps médical.
Effronterie C'est pourtant facile de reconnaître un charlatan, car en général il ne fait rien pour le cacher ; c'est quelqu'un qui prétend, ni plus ni moins, guérir tous les maux du monde avec un seul ou au plus 2 à 3 produits ! Je vous demande juste trente secondes de réflexion, cela peut-il être possible ? Surtout quand on pense que les connaissances médicales accumulées durant plusieurs siècles, avec tous les scientifiques qui y travaillent sans relâche, arrivent à peine à entrevoir les secrets de la science médicale ! Je sais que les gens sont psychologiquement fragilisés quand ils sont malades, ce qui altère leur sens du discernement, mais est ce une raison suffisante pour faire n'importe quoi ? Surtout si la maladie à soigner n'est pas horrible et que les risques encourus dépassent largement les éventuels bénéfices.
Pour revenir au miel maintenant, nous sommes presque tous d'accord pour dire que C'est un excellent complément alimentaire. A consommer toutefois avec modération, surtout pour ceux qui sont atteints de certaines maladies métaboliques (diabète, hyperlipémie...). Par ailleurs et depuis l'époque des pharaons, beaucoup de gens utilisaient le miel pour soigner des plaies infectées suggérant ainsi son action anti-bactérienne qui vient d'être dernièrement reconnue par des scientifiques sérieux. Ceci dit, il ne s'agit pas de mettre n'importe quel miel sur n'importe quelle plaie. Le miel doit d'abord subir un traitement adéquat, il doit être filtré pour en éliminer les impuretés puis stérilisé aux rayons gamma pour en éliminer les spores microbiennes. Ce n'est qu'après ce conditionnement qu'on peut être autorisé à le mettre sur les plaies des gens, sans courir le risque d'éventuelles complications. Vous voyez donc que l'utilisation à des fins thérapeutiques humaines, de n'importe quel produit, même s'il est d'origine naturelle, doit obéir à des procédures rigoureusement scientifiques, autrement ça serait du charlatanisme dangereux voire criminel.
En crème ou en solution Quant au venin d'abeilles, même si certains scientifiques y ont décelé certaines substances qui pourraient être intéressantes, aucune étude scientifique sérieuse n'a pu, jusqu'à ce jour, prouver d'une manière évidente son utilité en thérapeutique humaine. Par contre, la littérature médicale foisonne d'articles sur les accidents de piqûres d'abeilles qui vont de la réaction allergique, parfois très grave, à l'insuffisance rénale aiguë ! En tout cas son usage éventuel doit obéir aux mêmes règles de précaution et de rigueur déjà énoncées. Le venin, préalablement extrait des abeilles, existe sous forme préparée en crème ou en solution. Il est inadmissible d'aller faire piquer directement les gens par des abeilles sans désinfecter la peau au préalable, sans tenir compte de l'état de cette peau ni de l'état de santé général du patient et de ses tares ! Les traditions, dont la médecine traditionnelle, sont souvent tellement encrées dans la mentalité des gens qu'il est illusoire de tenter de les effacer. Il serait, à mon avis, plus opportun d'essayer de les canaliser. Les scientifiques seraient donc mieux inspirés de se pencher sur la médecine traditionnelle pour l'étudier et pour en démêler le vrai du faux, plutôt que de la « snober » et de laisser ainsi le champ libre aux charlatans. C'est donc une invitation à nos vénérables institutions médicales pour étudier le problème et surtout pour communiquer sur le sujet en vue d'éduquer le public.