Sous d'autres cieux, chaque sujet affilié aux caisses assurant les remboursements des frais, et ce quelques soient leur appellation ou leur régime, dispose d'une carte à puce ou « carte vitale ». Il s'agit d'un document à présenter à tous ceux qui sont en relation avec le malade : médecins, pharmaciens, radiologues, laborantins, kinésithérapeutes, etc. Il suffit de faire passer cette carte par un minuscule appareil pour qu'elle délivre aux différents intervenants l'historique médical du patient : antécédents médicaux, le nombre de fois où il serait passé sur le billard et pour quelles raisons, maladies de longue durée reconnues par l'organisme assureur comme Affections Prises en Charge Intégralement communément appelées ( APCI) , l'identité des ascendants et descendants pouvant bénéficier de cette carte étant à la charge du propriétaire du sésame, le régime d'affiliation à la caisse choisi par le patient et là une parenthèse : Certains malades ayant opté d'entrée de jeu au tiers payant avec un médecin de famille porté sur leur carte, changent chemin faisant de régime et optent pour l'un des deux autres restants. Le hic dans l'affaire, c'est qu'ils continuent « sciemment » à fréquenter ce médecin de famille sans l'aviser du changement qu'ils ont opéré. Il ne peut s'en rendre compte qu'a posteriori quand il présente bien plus tard l'état de ses consultations à la CNAM et où on l'informe que ses honoraires ne peuvent lui être accordés suite à ces changements de régime. Pourquoi la CNAM n'en aviserait-elle pas de suite chaque médecin de famille ? A quand la carte à puce ? Le grand avantage de cette carte à puce, et c'est la finalité de cette approche, c'est que le montant dont dispose encore le dépositaire de ce document y est mentionné. En d'autres termes, est-ce qu'il est encore « créditeur » ou a-t-il déjà atteint le plafond en épuisant son quota annuel ? Sachant que chaque membre de la famille, porté sur cette carte, ne dispose que d'une enveloppe n'excédant guère les deux cents dinars (200d) pour les maladies ordinaires. Une allocation des plus réduites voire des plus insignifiantes au vu du coût actuel de l'ordonnance médicale. Un antibiotique voire deux, un antipyrétique, un anti-inflammatoire, un antitussif, un antalgique et l'on atteint les 50 dinars, mine de rien ! Avec la vague de froid hivernale générant immanquablement, et sans coup férir ,chez la même personne et successivement une angine phlegmoneuse, une grippe carabinée, une bronchopneumonie dyspnéisante, une otite purulente et on épuise son crédit dès la mi-février. Autant dire que pour le restant des dix mois de l'année, le malade en question n'est plus couvert par la CNAM. Seulement voilà, ce n'est qu'à partir du début du troisième trimestre que des listes nominatives commencent à échouer sur les bureaux des médecins prescripteurs les informant que ces malades ont déjà atteint leur plafond avec cette recommandation : « J'ai l'honneur de vous informer que les assurés sociaux figurant sur la liste ci-jointe et inscrits à la filière privée ont épuisé le plafond familial des frais des soins relatifs aux maladies ordinaires ( intercurrentes) pris en charge à leur profit par la caisse au titre de l'année 2009. En conséquence, les dits assurés sociaux ainsi que leurs ayants-droit figurant sur leur(s) carte(s) de soins (bénéficiaires) ne peuvent prétendre à la prise en charge des frais des soins relatifs aux maladies ordinaires qui pourraient leur être prodigués pour la période restante de ladite année. De ce fait et en cas de consultation de la part de l'un des bénéficiaires en question et en votre qualité de médecin de famille de ces derniers, vous êtes invité à les informer de l'épuisement du plafond et à réclamer l'intégralité de vos honoraires conventionnels à compter de la date de réception du présent avis. » Si pour le médecin de famille l'affaire ne prête pas tellement à conséquence à cause des retards engendrés dans la réception de ces correspondances, les choses se corsent singulièrement au niveau des pharmacies. Les pharmaciens que nous avons contactés affirment ne jamais recevoir de courrier en ce sens de la part de la CNAM et par conséquent, ils n'ont aucune raison de ne point exécuter les ordonnances du moment qu'aucun écrit officiel émanant de la CNAM ne les avertit de pareils dépassements ! Des tuiles sur la tête des malades Résultats des courses, d'innombrables malades ignorant tout de cette histoire de plafond, de quota, du jargon et règlementation internes de la CNAM et du fait des grands retards qu'ont mis ces listes restrictives à atterrir chez leur médecin traitant, donc ces malades ont continué à consulter et à s'approvisionner en remèdes sans se soucier outre mesure des tuiles qui leur tomberaient sur la tête une fois la nouvelle année administrative arrivée. En effet, ils sont pour l'heure avertis et sommés par la CNAM qu'ils doivent rembourser de suite les sommes faramineuses consommées l'année précédente après avoir atteint leur plafond. Des pères de familles nombreuses, des veuves ayant à la charge une ribambelle de jeunes orphelins avec tout ce que cela comporte comme charges scolaires, abonnements aux transports, cours particuliers « obligatoires », loyers, frais domestiques divers pour faire semblant de gérer le quotidien, vous pensez que ces parents ont suffisamment de « jeu » dans leur budget pour se permettre de s'acquitter de pareilles tuiles les assommant debout et à l'improviste ? Qu'on nous permette d'en douter ! La finalité de l'approche du (tiers payant) ayant été conçue à la base, pour venir en aide aux patients en allégeant au maximum les charges qui les handicapaient grandement. Mais apparemment, l'affaire pénalise les affiliés qui ne savent plus à quel saint, plutôt, à quel médecin se vouer pour éponger de lourdes ardoises.