Les soldes, une période faste dans le monde entier survenant deux fois par an. Les gens attendent impatiemment cette occasion pour garnir leurs garde-robes à moindre frais. En dehors de ces deux périodes, certaines personnes s'abstiennent de faire du shopping par manque de moyens, d'autres n'achètent, à des occasions précises, que les articles dont ils ont besoin et d'autres encore ne peuvent pas maîtriser leur pulsion d'achat et passent la plupart de leur temps dans les boutiques. En Tunisie, tout comme ailleurs, ces trois catégories existent. On classe notre société comme une classe de consommation qui ne rate jamais les périodes de promotion en matière de vêtements tout comme autre événement. Les soldes d'hiver ont commencé il y a une semaine. Les Tunisiens se sont rués sur les boutiques. Malgré les plaintes et les critiques, à la période des soldes, les Tunisiens sont pris de frénésie étonnante. Magasins dévalisés Une semaine de soldes et certaines boutiques s'empressent déjà à exposer des mannequins habillés en papiers, preuve que les articles soldés sont en rupture de stock. Les tailles manquent, on ne trouve dans quelques surfaces que les toutes grandes tailles, il est de même pour le choix des couleurs et des coupes. Le premier jour a d'ailleurs enregistré une vraie ruée. Pour certaines marques, des centaines de personnes se bousculent toute la journée s'arrachant les articles. Malgré cela, on a entendu des critiques concernant les boutiques qui mettent en vente des articles démodés, ceux qui n'ont pas été vendus l'année d'avant. Dans d'autres endroits, on note une augmentation des prix avant les soldes, ce qui fait que la réduction qui s'en suit ne fait que ramener les vêtements à leur prix initiaux. Malgré toutes ces critiques et l'insatisfaction que les Tunisiens montrent, ils continuent à s'amasser dans les boutiques. On sèche les cours, on fuit les bureaux pour dévaliser les boutiques. On peut d'ailleurs trouver toutes les catégories d'âge, même des femmes de 70 ans dans des boutiques pour jeunes. Elles profitent de la période pour se procurer un article peut-être ou pour en offrir à son enfant. L'achat en dehors des soldes Il est vrai que la vague humaine qu'on voit dans les magasins lors des soldes ressemble à une marée. Cela n'empêche, qu'en Tunisie, les boutiques ne se vident pas durant l'année. Une petite vadrouille dans les centres commerciaux même durant l'après-midi – au cours duquel les gens devraient être à l'école ou au travail – on a parfois du mal à respirer en pénétrant dans un espace tellement il y a des gens faisant le shopping. Les visages de vendeurs sont d'ailleurs pâles et affichant souvent une grande fatigue. Et si les magasins des prêts-à-porter à des prix « moyens » grouillent de gens et font bon commerce, cela n'empêche que là où on affiche des prix exorbitants et l'on trouve peu de gens, le commerce n'en est pas affecté pour autant. On y trouve des articles dépassant les 1000 dinars, et ils ne restent pas pour autant sans être achetés. Niveau de vie le permettant ou alors une pulsion d'achat qui pousse à se priver de tout pour s'acheter un article qu'on préfère ? Les deux explications sont applicables dans la société tunisienne. Seulement quelles sont les origines de ce phénomène social de consommation brisant toutes les limites. Effet de publicité L'une des raisons qui pourraient également expliquer cette fièvre de consommation d'une façon générale, et dans le volet vestimentaire d'une façon spécifique, est la publicité. En sortant de chez soi le matin, le Tunisien tombe sur un catalogue glissé dans sa boîte aux lettres : grand espace, marque, ou à articles généraux, les commerçants vous font connaître leurs produits jusqu'à votre pilier. Parfois, on sonne même à votre porte et vous vous trouvez en face de quelques jeunes essayant de vous faire acheter des articles ou de les faire connaître. Dans la voiture et à chaque mètre des affiches publicitaires interpellent votre regard, vous ne pouvez ne pas y prêter attention sur l'instant, mais leur message s'inscrit d'une manière subliminale dans votre mémoire. Les longs arrêts aux feux ou le passage quotidien par la même route suffisent quant à eux à vous « forcer » de vous rendre compte consciemment de ce que votre inconscience n'a fait qu'enregistrer en attendant qu'un besoin réveille l'appel. De retour chez soi, le Tunisien n'échappe pas pour autant à la publicité. En ouvrant la télé, elle est là envahissante à défiler en spots devant ses yeux. Un tas énorme d'informations et d'appels qui crée le besoin même s'il n'y est pas. L'effet de mode s'ajoute à l'effet de la publicité et le Tunisien, voire même l'être humain partout dans le monde, est poussé à garnir de plus en plus sa garde-robe. Les chaînes télé affichent des belles femmes et des hommes élégants habillés en top model. Les feuilletons et les films suscitent l'admiration qu'on a pour le concept d'élégance : il n'y a point d'histoire d'amour sans que les deux protagonistes ne soient d'une élégance frappante et attirante. Cette dernière est devenue un concept idéalisé. Même les jeunes sont touchés par cela, ne serait-ce que via les séries. Une concurrence commence alors partout : au lycée, dans les bureaux, lors des occasions et fêtes, chacun veut s'afficher et qui dit briller dit investir dans le vestimentaire. Donc la société de consommation est alimentée par la tendance de l'apparence et cela ne fait qu'augmenter le désir et l'engouement d'achat vestimentaire, et ce quel qu'en soit le tarif…