Karim est vendeur dans un petit magasin de matériel électronique. Il s'acquitte de sa tâche convenablement au grand bonheur de son patron qui lui vouait beaucoup d'estime au vu de son comportement exemplaire. A une certaine période et en attendant de toucher son salaire, il se permettait, avec l'accord de son patron de puiser de certaines sommes dans la caisse, à charge de les rembourser une fois son salaire encaissé. Au courant du mois de juin 2009, Karim a vendu des pièces de rechange d'une télévision ainsi qu'un radar antivol. En encaissant l'argent du matériel vendu, il a gardé cette somme et ne l'a pas déposé à la caisse. Etait-ce une habitude, ou avait-il l'intention de voler son patron ? mystérieuse question ! En effet en fin de journée, il a eu la visite de son patron qui, dans un souci de bonne gestion a décidé d'effectuer un inventaire Il s'est avéré qu'il y avait plusieurs pièces qui manquaient. En demandant des explications à Karim, ce dernier n'a pas pu donner une réponse plausible. Devant cette situation, le patron a fait signer à Karim des effets portant la somme de 4000 Dinars afin que son patron se désiste de toute poursuite pénale. C'est un arrangement qui a eu l'aval des deux parties. Karim, bien que contestant le montant qu'il était obligé de reconnaître, a signé les effets. Grande fut la surprise de Karim quand le lendemain, il a été convoqué au poste de police pour répondre d'une plainte déposée par son patron. Tout au long de la procédure judiciaire, il n'a fait qu'expliquer qu'il s'était approprié de l'argent revenant à la caisse du magasin, mais que par la suite il a eu un arrangement avec son patron. Malheureusement cet arrangement n'a pas été pris en considération car il aurait du être fait par écrit. Karim a été traduit devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis pour répondre de l'accusation de détournement à son profit d'une partie des recettes du magasin. Devant le juge, il a reconnu les faits qui lui étaient reprochés mais a insisté sur le fait que son patron a profité de cette situation pour d'abord gonfler le déficit et lui faire signer des effets d'un montant dépassant de loin l'argent que Karim s'est approprié. Puis dans une seconde étape, il n'a pas tenu compte de l'accord passé entre eux. L'avocat s'est dit étonné du comportement du patron. D'une part il s'absentait continuellement laissant Karim travailler tout seul, puis il lui a laissé entendre qu'il pouvait puiser de la caisse en cas de nécessité ou de retard du payement de son salaire à tel point que Karim agissait comme s'il gérait son propre bien. A chaque fois où il a pris de l'argent, il l'a remboursé une fois son salaire perçu. Pour toutes ces raisons, il a prié le juge de considérer cette affaire comme étant le résultat d'une mauvaise gestion du patron du magasin et une mésentente entre son client et le plaignant . Il a demandé l'acquittement en l'absence d'antécédents judiciaires et surtout en l'absence de toute mauvaise intention de la part de son client. Après les délibérations le tribunal a décidé de remettre le dossier à la chambre de mise en accusation pour approfondir l'enquête et de vérifier l'authenticité des déclarations de l'inculpé concernant la signature d'effets de l'ordre de 4000 Dinars.