Pauvre Irak qui n'arrive pas toujours à sortir de la spirale de la violence et continue de chanceler entre périodes d'accalmies et autres de haute tension. La mort dans un raid américano-irakien des deux principaux chefs d'Al-Qaïda en Irak, annoncée avec triomphalisme par le gouvernement Al Maliki et insinuant une décapitation du réseau terroriste, n'est pas pour sécuriser quant à l'issue de la guerre contre le terrorisme ni sur la pacification du pays. Moins d'une semaine après, une vague d'attentats secoue Bagdad et fait des dizaines de morts et de blessés parmi la population chiîte. Les cibles visées et la méthode pratiquée portent sans aucun doute la marque d'Al-Qaïda. Car, pour le réseau terroriste, tuer le maximum de chiîtes est une constante de sa stratégie instituée depuis Zarkaoui et à laquelle ses successeurs ont ajouté deux cibles tactiques : les institutions de l'Etat et les anciens alliés tribaux sunnites. Et au-delà des attentats, Al-Qaïda fait passer un message clair : Elle veut affirmer que même affaiblie, elle existe toujours et que sa capacité de nuisance reste intacte. A vrai dire, la situation que vit le pays présente un terrain fertile pour ses visées macabres. D'abord, une haine interconfessionnelle encore vivace et par laquelle elle s'infiltre pour exacerber encore les tensions et pousser à la guerre civile. Ensuite, ce vide politique qui paralyse l'appareil de l'Etat et qui lui permet de saper toute avancée vers des institutions démocratiques et stables. Et puis, avec l'approche du retrait des troupes américaines toute consolidation des forces de l'ordre irakiennes capables d'assumer la sécurité, sonne comme un danger de mort pour sa survie en Irak. Il est, donc, tôt de crier victoire et de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.