Le monde vit depuis bientôt dix ans au rythme de la guerre menée contre le terrorisme. Et rien n'augure d'une fin à cette équipée au vu de ce qui se passe sur les terrains de combat, aussi bien en Afghanistan qu'en Irak. A moins que les Etats-Unis et leurs alliés ne rééditent le coup du Vietnam il y a trente cinq ans de cela quand le président Gérald Ford décida d'abandonner les sud vietnamiens à leur sort. Barack Obama pourrait être tenté par une telle issue. Mais le fera-t-il ? Pari très risqué pour lui et pour son parti aussi bien dans l'immédiat que pour le moyen terme. Il lui arrive parfois de manifester sa mauvaise humeur et de brandir la menace de retirer ses troupes mais il le fait sans réelle conviction, sachant que le prix à payer sera très élevé. Il ira jusqu'au bout de son mandat mais il n'est pas sûr de pouvoir aller au-delà . Il connaîtra - et ça il le sait - le même sort que le prédécesseur de Richard Nixon, l'élection présidentielle face à Jimmy Carter en 1976. Véritable casse-tête auquel le président américain ne semble pas en mesure de répondre et devant lequel il est dans l'incapacité de trouver, une solution qui ne mettrait pas en danger son avenir politique. Il a beau fixer un calendrier aussi bien pour l'Irak que pour l'Afghanistan, rien ne dit qu'à l'échéance il sera respecté. La réalité sur le terrain est bien plus grave qu'elle ne l'était au lendemain du déclenchement de la guerre. De guerre lasse, Barack Obama tente de secouer les autorités locales des deux pays pour qu'elles fassent davantage d'efforts pour se prendre en charge. Son opinion publique est dans son écrasante majorité pour le retrait immédiat d'Irak et de plus en plus opposée aux opérations militaires menées sur le territoire afghan. Par ailleurs, ses alliés sont de moins en moins enclins à soutenir un effort de guerre coûteux en matériel et en vies humaines. Tous ces facteurs ajoutés à la crise économique font de cette guerre, un fardeau lourd à supporter, d'autant plus que les résultats sur le terrain sont loin d'être encourageants, donnant du coup des arguments supplémentaires aux opposants à la guerre, quant à son caractère absurde. Arguments qui ne sont pas dénués de fondement - loin s'en faut - puisqu'en Irak, la violence inter-ethnique et à l'encontre des troupes étrangères, s'est intensifiée avec des actions de plus en plus meurtrières, même si en nombre elles ont diminué. Les groupes insurgés montrent à l'occasion qu'ils sont de mieux en mieux organisés et bien rodés à la guérilla . Et pourtant le début de retrait des troupes américaines est fixé pour cette année ! Quant au second foyer de tension qu'est l'Afghanistan, la situation est de plus en plus compromise pour les alliés. Toutes les opérations menées n'ont fait que renforcer l'insurrection. Cette dernière jusque-là sur la défensive a changé de tactique pour désormais prendre l'initiative et aller narguer les Américains dans leurs bases. Les Talibans et leurs alliés d'Al Qaïda veulent montrer qu'ils sont plus forts que jamais. Bien aguerris, les combattants de cette mouvance mènent la vie dure aux soldats de l'OTAN. L'opération du 18 mai qui a coûté la vie à six soldats (cinq américains et un canadien) et celle de la veille dont le bilan s'élevait à quatre autres soldats tués, sont venues attester de l'échec de la stratégie des alliés dans ce pays où ils sont depuis presque une décennie et dont les armées sur place ont été renforcées au cours des derniers mois par plusieurs milliers de nouveaux soldats. A moins de sept mois des élections de mi-mandat le président américain, qui a fait de la guerre en Afghanistan sa priorité est loin d'entrevoir le bout du tunnel, d'autant que ses généraux n'hésitent plus à afficher leur pessimisme quant à une issue heureuse de cette " lutte antiterroriste " qui s'éternise et dont le coût se chiffre en centaines de milliards de dollars et qui en 2010 et en moins de cinq mois a fait 208 morts dans les rangs alliés ! De guerre lasse ! sans doute, mais y -a-t-il moyen de s'en sortir ? Rien n'est moins sûr à moins d'une solution à la Gérald Ford au Vietnam.