Il y a quelques mois, le Conseil Régional des Avocats de Tunis, prenait une décision, qui avait force de jugement en première instance décrétant la suspension d'exercer la profession à l'endroit des avocats faisant des prestations à la télévision en participant, entre autres, à des émissions de télé-réalité. Le Conseil Régional de Tunis présidé, par Me Abderrazak Kilani a, en l'occurrence, jugé la participation des avocats aux émissions de télévision (ils étaient cinq), contraire à la " déontologie professionnelle ". Rappelons que les règlements stipulent qu'il faut, pour ces cas, obtenir au préalable l'autorisation du bâtonnier, ce dont se prévalaient lesdits avocats. Ceux-ci interjetèrent donc appel et cet appel est suspensif, c'est-à-dire qu'il suspend la décision du Conseil Régional de Tunis. Et hier, la Cour d'appel de Tunis rendit son verdict, au bout de trois audiences. Les avocats continueront donc d'exercer leur métier et, en même temps, de faire de la télé, selon des normes réglementaires. Cela dit, une question s'impose : Tel que structuré actuellement, un Conseil Régional (de Tunis ou de tout autre ville) n'est-il pas à la fois juge et partie ? Curieux, tout de même, que les gradations judiciaires classiques empruntent un tel processus : du jugement du Conseil Régional, directement à la Cour d'appel. Plaçons la chose dans un contexte corporatiste : il s'agit d'une profession libérale, régie par des règles propres. Faire de la communication (télé-radio-journaux) est-ce contraire à l'éthique de la profession ? Et qui, en dehors du bâtonnier, est garant de cette éthique ? Raouf KHALSI P.S. Rappelons que les avocats en question sont : Mes Fethi El Mouldi, Kamel Ben Messaoud, Amel Karoui, Sonia Dahmani et Walid Zarraâ.