Après les élections du bâtonnier et des 7 membres du Conseil de l'Ordre le 20 juin, les avocats sont appelés demain à élire les présidents et les membres de la section de Tunis après ceux de la section de Sousse tenues hier. Les élections concernant la section de Sfax se tiendront le 4 juillet 2010. A noter qu'une fois élus les trois présidents et les trois secrétaires généraux de ces sections feront partie comme membres du Conseil de l'Ordre et s'ajouteront aux sept membres déjà élus. Nous avons invité des candidats à ces élections pour en savoir plus sur leurs programmes électoraux. Notre choix n'a été guidé par aucun critère. C'est tout simplement une question de temps et de disponibilité.
Me Mhamed Hédi, candidat à la présidence de la section de Tunis : “Eradiquer le courtage” Me Hédi a placé sa campagne électorale sous le thème “Afin que la section soit proche des avocats et serve à leur défense”. Dans son programme électoral il souligne le rôle important de l'avocatie dans la société. Un rôle national qui contribue au développement global. Donc tous les efforts doivent être conjugués selon Me Hédi pour la promotion de ce secteur afin d'asseoir les valeurs de la justice et de l'égalité. A cet effet le candidat promet une fois élu d'œuvrer pour : • Revaloriser les constantes et les principes de la profession • Agir pour la défense des intérêts des avocats dans le cadre de la transparence et l'égalité en se basant sur la démocratie • Formation et encadrement des jeunes avocats • Consolider les relations avec les magistrats • L'éradication des méthodes du courtage en collaborant avec toutes les parties concernées. Me Mohamed Hédfi, candidat à la présidence de la section de Tunis : “Valoriser les constantes de la profession” “Toujours avec l'avocatie et pour la défense de l'avocat le tout avec une méthode modérée et une efficacité dans le rendement”, tel est le thème sous lequel Me Mohamed Hedhfi candidat à la présidence de Tunis a placé sa campagne électorale. Dans son manifeste électoral Me Hédfi a souligné que la réforme de l'avocatie constitue aujourd'hui un grand défi. A cet effet, il propose un programme basé sur les valeurs de la liberté, de l'indépendance, de l'honneur, de la modération de la solidarité de l'égalité et de la justice dont les grandes lignes sont axées sur la réforme de la profession et la protection des avocats. Commençant par l'exercice quotidien de la fonction de l'avocat Me Hédfi propose la constitution d'une commission chargée du suivi de l'avocat dans l'exercice de sa fonction pour enregistrer les difficultés rencontrées et trouver les remèdes nécessaires. De même il propose la constitution d'une commission sociale pour aider les avocats qui sont dans le besoin. Une commission des stages pour faciliter le travail des jeunes avocats stagiaires. Me Hédfi avance aussi des solutions pour évaluer l'action de l'avocat, pour éradiquer le courtage et pour promouvoir les relations de l'avocat avec son environnement. Me Mekki Jaziri, candidat à la présidence de la section régionale des avocats de Sfax : “ L'expérience amère qu'a vécue le corps des avocats va enrichir les décisions du nouveau conseil ” *Le Temps : Comment jugez vous la situation actuelle des avocats ? -Me Mekki Jaziri : Les avocats passent actuellement par une période de crise très profonde. En effet, le nombre des avocats ne cesse de se multiplier (au cours de ces trois dernières années, trois mille nouveaux avocats ont intégré la profession), des centaines d'avocats vivent malheureusement dans la misère, plusieurs d'entre eux sont sous employés et presque la majorité de ces jeunes nouveaux avocats passent leur temps dans les cafés et les couloirs des tribunaux. Cette situation est d'autant plus aggravée par la mauvaise gestion des problèmes des avocats par les structures professionnelles, vivant depuis quelques mois dans des conflits inextricables. * Quelles sont les grandes lignes de votre programme électoral ? Avant de répondre à cette question, qu'on me permette de me présenter : Je suis avocat depuis 1985. J'ai été par deux fois élu membre du bureau régional des avocats de Sfax, la première fois en tant que membre responsable de l'aide judicaire et la deuxième fois en tant que secrétaire général de la section régionale et membre du Conseil de l'ordre des avocats de Tunisie. Par ailleurs, j'ai été élu membre de la section régionale de La Ligue tunisienne de défense des droits de l'homme plus d'une fois. Concernant mon programme, je voudrais signaler l'importance que j'accorde particulièrement aux trois points suivants qui constituent les axes majeurs de mon projet que j'appliquerais au cas où je suis choisi par mes collègues comme président de la section régionale des avocats de Sfax : Premièrement, je m'engage à défendre les intérêts quotidiens des avocats auprès des tribunaux et préserver leur dignité dans l'exercice de leurs fonctions sublimes et honorables. Deuxièmement, œuvrer en vue de créer les conditions nécessaires pour la solidarité professionnelle et confraternelle entre les avocats. Troisièmement, être le représentant crédible des intérêts des avocats de notre section régionale auprès des hautes instances concernées. * Que pensez-vous de la gestion de la caisse de prévoyance de retraite ? J'incline à croire que cette institution constitue un immense acquis pour les avocats. Cependant, j'ai le regret de constater que la gestion de la caisse n'a été durant le dernier mandat ni gérée de façon rationnelle ni administrée d'une manière efficace et je crois fort qu'un tel précédent puisse mettre en péril un tel acquis. Par ailleurs, il me semble que l'expérience amère qu'a vécue le corps des avocats va enrichir nécessairement les décisions du nouveau conseil des avocats prochainement constitué. Me Sami Chtourou, candidat à la présidence de la section régionale des avocats de Sfax : “ Améliorer les conditions matérielles des avocats ” Le Temps : Comment jugez-vous la situation actuelle des avocats ? Me Sami Chtourou : La dégradation de la situation actuelle du barreau est liée principalement à l'évolution du nombre des avocats en Tunisie. Cette évolution du nombre n'a pas été suivie par une croissance économique équivalente. Ceci a eu pour cause la réduction du nombre des actes juridiques réalisés par chaque avocat et donc la décadence de la situation morale et matérielle de tous les avocats. A noter qu'à la fin des années 80, la moyenne nationale des actes juridiques réalisés par chaque avocat était de 300 alors qu'actuellement on n'en réalise même pas le un quart. Quelles sont les grandes lignes de votre programme électoral ? Mon programme électoral est réparti en deux parties. Il comporte 18 points concernant mon élection en tant que président de la section de Sfax et 18 autres concernant mon élection en tant que membre du Conseil de l'Ordre. Si je suis élu président de la section de Sfax, je compte instaurer la justice et l'égalité entre tous les avocats et défendre mes collègues quoi qu'elles soient leurs positions et leurs appartenances. Mon intervention sera rapide afin de résoudre tous les problèmes et traiter tous les dossiers. Un site web sera réalisé en faveur de la section de Sfax pour faciliter le contact. Ceci en plus de la réalisation d'une bibliothèque électronique, un abonnement aux plus importants sites électroniques, l'organisation de rencontres scientifiques tout en veillant à la préservation du fonds de la section, la défense des affaires de libertés, la présence dans toutes les manifestations à caractère social et militantiste, la poursuite de tous ceux qui portent atteinte aux avocats et à l'avocatie, l'instauration d'un dialogue avec les parties concernées pour attirer les investissements étrangers et en faire profiter les avocats et l'économie nationale ... En tant que membre du Conseil de l'Ordre, je m'engage à renforcer et consolider l'indépendance de la profession, créer un centre de recherches juridiques chargé de l'étude des projets, des conventions et de la jurisprudence nationale et comparée et par la publication de revues et de recherches périodiques, élargir le champ d'action de l'avocat, veiller à ce que l'Etat tunisien signe des conventions permettant aux Tunisiens d'ouvrir des cabinets d'avocats à l'étranger, baisser la charge fiscale, attribuer aux avocats le droit d'enseigner et d'exercer l'avocatie, demander aux instances concernées de recruter un minimum de mille nouveaux magistrats afin d'accélérer les procédures judiciaires et permettre aux avocats ayant dix ans d'expérience de passer au statut de magistrat comme le stipule la loi régissant la profession de magistrat Que pensez-vous de la gestion de la Caisse de prévoyance de retraite ? Les avocats en Tunisie souhaitent avoir au moins une retraite égale à celle des professeurs universitaires et aux magistrats. Pour ce faire, il faut que leur salaire leur soit aussi égal. Sauf que la moyenne du salaire brut d'un avocat est moins de 10 mille dinars par an. Et il risque encore de baisser vu le nombre sans cesse grandissant des nouveaux avocats. A noter que chaque avocat verse une moyenne de mille dinars par an à la Caisse de prévoyance et de retraite. Une somme qui reste insuffisante si la caisse veut offrir une retraite à ses affiliés à court et à moyen termes surtout que le nombre des avocats qui sortiront à la retraite atteindra son pic à l'horizon de 2030. A cet effet, il faut chercher des solutions rapides pour améliorer les conditions matérielles des avocats. Dossier réalisé par Afef Ben Abdejelil et Néjib Sassi