Entre les Etats-Unis et la Chine la concordance de vues sur les dossiers économiques est souvent mal perçue par les autres puissances industrielles, notamment celles d'Europe. Un certain sentiment de lâchage par l'Amérique traverse les esprits des dirigeants de plus d'un pays du vieux Continent ce qui fait naître un climat de suspicion voire de crainte quant à la future position de leurs pays sur l'échiquier international. Les Etats-Unis sont et seront pour encore longtemps la première puissance économique du monde, leur monnaie demeure la référence dans les échanges et jouit de la confiance des opérateurs économiques. La Chine quant à elle est en pleine croissance. En dépit de la crise qui secoue la planète, l'Empire du Milieu affiche une santé économique guère vérifiée ailleurs, le matelas de devises est estimé à plus de 2.400 milliards de dollars. Le pays ne connaît pas de déficit budgétaire. Tous ces facteurs réunis font de Washington et de Pékin des alliés objectifs. La Chine est sans doute en meilleure posture que les Etats-Unis de par sa position de bailleur de fonds qui alimentent le déficit américain, mais la force de la monnaie U.S rend très attractifs les bons émis par le Trésor américain. L'intérêt est par conséquent réciproque d'autant que les Etats-Unis, demeurent malgré l'ampleur de la crise un pays de consommation par excellence, son marché est très important pour la Chine qualifiée d'usine du monde, mais son marché est aussi prometteur pour l'Amérique. La consommation jusque-là reléguée au second plan au profit de l'exportation connaît depuis quelques mois un bond spectaculaire. De telles données ne peuvent échapper aux décideurs dans les deux pays pour accentuer davantage les échanges générateurs de dividendes dans les deux sens. Chacun y trouve son compte. Lors du G20 de Toronto, le président américain et son homologue chinois étaient parfaitement d'accord pour que la croissance demeure une priorité en ces temps de crise. Une position à laquelle les dirigeants de l'Europe n'ont pas adhéré, eux qui prônent l'assainissement de leurs finances par voie de rigueur. Et il semblerait évident qu'ils n'ont d'autres choix que celle-ci, d'autant que l'U.E, en dépit de ses vingt-sept membres demeure fragile à plusieurs niveaux. Il y a au départ l'absence d'une gouvernance économique commune, chacun de ses membres agit selon ses propres intérêts qui peuvent parfois ne pas croiser ceux de ses partenaires. La crise grecque qui a pris de court tout le monde a accentué les divergences notamment entre la France et l'Allemagne avant qu'elles ne parviennent à trouver un compromis sur le sujet et porter secours à Athènes et par voie de conséquence sauver l'euro qui a fait l'objet d'attaques spéculatives soutenues. L'euro qui est la grande réalisation de l'UE a jusqu'ici été le rempart face à la crise déclenchée aux Etats-Unis avant de gagner le reste du monde, mais avec le dossier grec, la donne a complètement changé au point que certains dirigeants n'hésitaient pas prôner le retour aux monnaies nationales. C'est cette situation de mésentente entre ses membres qui rend l'UE vulnérable au point de ne pas peser lourd dans les décisions économiques à l'échelle internationale et fait que Pékin et Washington préfèrent s'entendre entre eux et adoptent une stratégie commune qui n'est pas forcément pour plaire aux autres partenaires. L'impératif de l'entente est plus que jamais à l'ordre du jour entre les deux pays qui n'hésitent plus à afficher leur différence pour faire bande à part, affirmant par la même occasion que leur avenir économique est dans les intérêts qu'ils ont en commun. L'UE n'a qu'à remettre de l'ordre chez elle pour se poser en interlocuteur crédible.