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Demain, il fera jour
Le Tunisien dans la spirale des achats
Publié dans Le Temps le 22 - 07 - 2010

D'une manière cyclique, en particulier à l'approche du mois de Ramadan, les leçons de morale au sujet de la nécessité de raisonner la consommation réapparaissent. Tout le monde, ou presque, se dit d'accord sur l'obligation de se retenir devant les envies consuméristes débridées. Le même tout le monde, ou presque, ne s'en donne pas moins à cœur joie pour reprendre les vieilles habitudes des excès de table. La morale peut parfois avoir bon dos, dans le sens de la solidarité occasionnelle avec les plus défavorisés, mais les pratiques ne changent pas vraiment.
L'exubérance, disent certains, tient de la culture méditerranéenne tout autant que du mimétisme dans les comportements. Il est en effet fréquent de voir subitement les queues s'allonger devant un vendeur de bananes improvisé. Juste pour faire comme tout le monde. Il peut bien exister un autre vendeur un peu plus loin, le plus couru est celui qui est déjà assailli par la foule. La même foule se retrouvera plus tard pour le pain, souvent relooké pour l'occasion et, bien entendu, vendu plus cher. Toutes les envies sont ainsi légitimées, quitte à dépasser les capacités nutritives et les possibilités financières du portefeuille. Il faut dire aussi que l'étalage insistant des annonces publicitaires de toutes sortes pousse énormément à déplacer vers les plaisirs supposés de la table l'argent dont on dispose. Les achats ne tiennent pas compte des recommandations d'une alimentation équilibrée. Manifestement, le Tunisien consomme autant, et dans les mêmes proportions de gâchis, que l'on observe dans les pays occidentaux touchés par la boulimie alimentaire.
Avoir la ligne
Il en est de la consommation alimentaire comme de la consommation du type « accro » au téléphone. Le portable devait apporter un confort supplémentaire et l'opportunité de communiquer à tout moment. Dans les faits, et les incitations de toutes sortes aidant, le budget téléphone se transforme en vrai casse tête. Tout le monde s'y met, la conversation autour de la recharge devenant une véritable gymnastique où toutes les astuces sont permises. Beaucoup de Tunisiens vivent ainsi accrochés à l'avoir téléphonique devenu source de préoccupation majeure.
Il n'y a donc pas de surprise à ce que les opérateurs prospèrent et se multiplient dans un marché devenu juteux. On aurait pourtant pensé que les possibilités du Tunisien n'étaient pas illimitées et que très vite, le marché aurait été saturé. Mais rien n'y fait. La machine de la consommation tourne à plein régime, au moins en apparence. Elle peut bien tourner au noir ou au souterrain, mais elle tourne. Dans la foulée, la multiplicité des motifs de dépense génère une spirale des endettements dont on mesure de temps à autre l'impact autant sur le commerce légal que sur les individus amenés à toutes les extrémités pour s'en sortir.
L'exemple typique est cette entreprise qui avait fait de la vente à crédit une spécialité. Une génération entière de Tunisiens s'était engagée dans la multiplication des achats, renvoyant à demain ce qu'elle devait payer tout de suite. L'histoire s'est mal terminée, tant les ardoises de non payés devenaient volumineuses. Les Tunisiens, habitués au bon mot, racontent qu'une aile de la prison civile avait même été consacrée aux débiteurs en délicatesse avec l'entreprise en question. Celle-ci a même dû mettre la clé sous la porte, dans des conditions rocambolesques. Les banques aussi voient se multiplier les sollicitations les plus insistantes pour des facilités dont elles craignent les conséquences quand vient le moment « d'assurer ». Le législateur est aussi intervenu pour mettre de l'ordre, et un peu de rationnel, dans le flux incessant de dépassements dus à la frénésie qui prévaut.
Elle tourne pourtant
L'incapacité à payer les crédits et les avances devient dramatique pour beaucoup de Tunisiens amenés à vivre au-dessus de leurs moyens. Tout n'est pas injustifié, loin de là. Pour une année comme celle où nous sommes, la rencontre des vacances, du mois de Ramadan et de la rentrée scolaire amène le plus grand nombre à multiplier les efforts de débrouille, et de comptes bancaires au rouge. Et, pour peu qu'on se soit engagé dans l'achat d'une voiture « populaire », au prix que cela coûte désormais, c'est l'impasse pour longtemps.
Pourtant, elle « tourne », avait-on dit une fois de l'Italie prise dans la tourmente des crises à répétition. Chez nous aussi, l'impression générale est que le système continue à tourner. La meilleure preuve en est que les étalages sont toujours bien fournis et que les banques hésitent peu à alimenter les clients toujours demandeurs. Il arrive même que ces clients ont déjà consommé allégrement leur avoir avant même de l'avoir reçu. Bien entendu, cet argument vaut pour ceux qui voient venir des revenus en relation avec leur travail. Il y a aussi tous les autres, ceux auxquels un iftar de solidarité enlève une épine du pied. Pour ceux-là, et pour beaucoup d'autres, heureusement aussi qu'il reste la solution de la fripe, là où on peut au moins trouver à s'habiller à bon compte.
Dans ces cas, on cherche dans le tas, sans avoir besoin de réclame pour les produits. La démarche est certes une aubaine pour le plus grand nombre, mais elle n'en prive pas moins les commerçants ayant pignon sur rue, et payant des impôts, de clients devenus accros des étalages à l'encan. C'est d'ailleurs à ce niveau que la boulimie occasionne des effets pervers. Il n'est en effet pas dit que la spirale de la consommation profite au vrai commerce. Il n'est pas rare aussi que ces commerces ferment au même moment où la demande ne faiblit pas. La frénésie des achats gonfle les ardoises mais met aussi en danger les budgets des familles et agents économiques. Sans parler des déséquilibres au niveau de la santé que la boulimie peut engendrer.


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