En ce qui concerne le poisson, dada des Sfaxiens, il y a anguille sous roche Pour avoir une idée sur les prix et le comportement des consommateurs, nous avons mis le cap sur les marchés de Bab Jébli, véritable baromètre de la consommation et des prix à Sfax. La tournée commence par le marché aux poissons où les services d'hygiène, les inspecteurs municipaux, les agents de contrôle des prix ayant eu vent de la visite des autorités régionales se montrent plus vigilants que de coutume. Aucune anomalie n'est à signaler côté affichage des prix ou étalage anarchique mais l'animation est plutôt en-deçà de l'ordinaire, à10 heures du matin et la situation va durer encore jusqu'à midi. La plupart des gens ne font que traverser le marché aux poissons, lieu de passage presque obligatoire vers le marché aux fruits attenant et le marché aux légumes de Bouchouicha, tout au fond, quand on vient du côté de Sfax El Jadida. Et puis même si la priorité semble donnée à l'achat de légumes et de fruits, déambuler dans les allées du marché aux poissons est une habitude qui frise la passion pour la plupart des habitants de la région car ici, la consommation du poisson est un art, une culture voire une science qui a ses règles. On n'achète pas n'importe quelle espèce à n'importe quelle saison. Donc, on ne se prive pas du plaisir de passer en revue les étals, histoire de jauger la marchandise et de comparer les prix pour faire le meilleur choix. Bref, on ne peut pas dire que c'est la ruée, même si le poisson bleu est quasiment offert pour ce qui est de la sardine dont les prix oscillent entre 0.600 d et 2.000 d, ou bien à la portée des bourses modestes, pour ce qui est du maquereau proposé à 3 ou 3.500 d le kilo. Le problème, c'est que ces espèces de poissons ne sont pas bien prisées à Sfax, en dehors de ramadan, donc à plus forte raison durant le mois du Jeûne. A l'autre extrême le poisson frais dit « beldi », affiche des prix prohibitifs : 30 d le mérou beldi blanc (mannani), 20 à 25 d le mérou beldi, 20 à 25d la daurade, 18 à 25 d le mulet (bouri ), à partir de 20d le loup et de 10 à 15 d la liche. Les anguilles sont par contre introuvables tout comme certaines autres variétés qui se font rares, en raison nous dit-on, de la période de repos biologique de trois mois, qui dure du 1er juillet au 30 septembre. Cela fait que durant ce mois de carême la production est loin d'être à son apogée. Que reste -t-il pour le consommateur moyen ? Il faut reconnaître que le choix est très étendu en matière de poisson décongelé ou en provenance de l'aquaculture. Le poisson décongelé en provenance d'Espagne, du Maroc, de Libye, de Mauritanie et même d'Egypte se trouve en abondance, sachant que des quantités de 1.5 à 2 tonnes ont été injectées sur le marché durant la première journée de ramadan , en attendant les quantités considérables de congelé pour bientôt. Pour le moment, les prix sont plus ou moins abordables, sachant que ces prix varient entre 6 et 7d le kilo pour la seiche, 6 à 8 d pour le muge (oummila), 10 à 13 d la daurade, 10 à 13 d le loup et 5 d la chevrette. Côté fruits et légumes, rien de vraiment spécial n'est à mentionner sauf pour ce qui est des dattes qui se vendent jusqu'à 5 dinars le kilo et des pastèques dont les prix grimpent jusqu'à 600 millimes le kilo le raisin dont le prix atteint allègrement les 2d300. Pour ce qui est des viandes rouges, l'affichage indique 13 d dans quasiment toutes les boucheries, mais en général, ce n'est qu'un leurre. Profitant en effet, du fait que les prix des viandes rouges sont libres, la plupart des bouchers pratiquent des prix exorbitants pouvant aller jusqu'à 15 dinars le kilo de viande ovine et 14 dinars le kilo de viande bovine désossée. En somme, à part le poisson, les prix sont pour le moment assez sages. Il est vrai que le début du mois est déjà un assez lointain souvenir et que les dépenses estivales ont déjà englouti le budget familial. Donc, à la lumière de ces données, la situation est censée se stabiliser durant les jours à venir, du moins jusqu'au versement prochain des traitements et des pensions de retraite.