Un communiqué pour le moins très étrange nous est parvenu, signifiant l'annulation de la projection du film belge en 3D « Le voyage extraordinaire de Samy » qui devait ouvrir la 16ème édition des « journées du cinéma européen » aujourd'hui mardi 23 novembre 2010 à 20h30 au cinéma AfricArt, et ceci suite au désistement de dernière minute de la direction de cette salle de cinéma qui est la seule a être équipée en 3 D à Tunis. Côté AfricArt, aucune information ni réaction comme si un tel désaccord n'intéressait que les propriétaires de la salle et les organisateurs de la manifestation sus-citée. Etrange comportement qui ne tient aucunement compte du fait que c'est là un événement culturel et artistique auquel notre pays doit tenir comme faisant partie des quelques rares manifestations qui ont pu prendre racine dans le terreau naturellement généreux et – hélas – parcimonieusement irrigué de notre pays. Etrange qu'on ne tienne pas compte du public dont on prévoyait une grande partie formée par les enfants malgré l'heure tardive de la programmation. L'événement était de taille et nos enfants étant très friands de ces nouveaux apports technologiques au domaine du cinéma, vont être, à coup sûr, très déçus et n'accepteraient en aucun cas de comprendre pour quelle raison cet événement a été déprogrammé. Même si la Délégation de l'Union Européenne en Tunisie s'est excusée, dans ce communiqué, « Auprès de tous les cinéphiles et de ses honorables invités pour ce changement inattendu… », nous avons le droit de savoir comment une telle gageure a pû avoir lieu, vu que cette manifestation consacrée au cinéma européen ne date pas d'hier et qu'elle en est à sa 16ème édition. De quel droit la direction de la salle AfricArt s'est-elle permis de faire tomber à l'eau le programme d'ouverture d'un tel événement ? La raison serait-elle, dans le plus plausible des cas, d'ordre pécuniaire ? On n'en voit pas d'autre et l'on a du mal à imaginer que c'est pour un différend relevant d'une autre polémique. Si cela s'avérait vrai, les deux parties se devraient de porter la responsabilité d'un tel désaccord. En effet, si la direction d'AfricArt s'est désistée, c'est qu'elle en avait le droit et que rien ne pouvait la retenir pour prendre une décision aussi grave. Quant aux représentants de la délégation de l'Union Européenne, comment se sont-ils permis d'annoncer la réservation d'une salle privée sans avoir au préalable signé un contrat, en bonne et due forme, dans ce sens. La délégation a présenté des excuses… c'est le minimum décent. AfricArt est visiblement au-dessus du lot et n'a jusqu'à ce moment présenté ni excuse ni explication. Etrange comportement de la part d'une direction que nous imaginons, issue de la faune culturelle et artistique du pays, comportement que les membres de la Délégation de l'Union Européenne, estiment regrettable. Depuis quelques années les décideurs de la tutelle tentent d'ouvrir plus larges les portes de l'exploitation du terreau culturel et artistique aux privés et – malheureusement – cela se traduit, souvent, par une malformation de l'objectif voulu pour ne pas dire un déraillement total et tragique. Libéraliser le secteur ne veut aucunement signifier le vider de tous ses acquis et des textes de lois qui sont censés le gérer. Il semblerait – hélas – que si on n'a pas les moyens, la connaissance et la volonté nécessaires pour faire appliquer ce que l'on prône, cela se traduit souvent par un repli sur soi face à ceux qui s'érigent en nouveaux seigneurs… intouchables.