Lotfi OUENNICHE - On croyait que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu refusait catégoriquement la prolongation du moratoire sur la colonisation en Cisjordanie et Al-Qods-Est comme le lui demandaient les Etats-Unis. Washington aurait même accédé aux exigences israéliennes de garanties écrites et offert à Israël des « cadeaux » alléchants dont des chasseurs F-15. C'était peine perdue, Netanyahu « résistait », il ne voulait pas, disait-on, provoquer une crise politique par le départ du gouvernement des partis d'extrême droite, hostiles à tout arrêt de la colonisation. En fin de compte, les Etats-Unis baissaient les bras et reconnaissaient l'échec de leurs efforts. Les pourparlers ne reprendraient pas, les Palestiniens, soutenus par la Ligue des Etats Arabes, maintiennent fermement leur exigence d'un gel total de la colonisation. Mais voilà, qu'aujourd'hui, le Premier ministre israélien fait ressortir un autre scénario. D'après lui, les Etats-Unis ont renoncé d'eux-mêmes à un gel de la colonisation. Et il assure : « J'ai dit à Obama que j'étais prêt à présenter cela au gouvernement et à le faire appliquer, mais j'ai reçu un appel téléphonique surprise des Américains me disant qu'ils ne réclamaient plus qu'Israël prolonge le gel ». Toute cette histoire paraît quelque peu intrigante. Pourquoi Washington aurait-elle renoncé à une demande pour laquelle elle était prête à payer le prix fort ? Sauf si elle était soumise à de fortes pressions des lobbies pro-israéliens aux Etats-Unis. Le plus intrigant est le silence de Netanyahu. Le timing choisi pour ces révélations étonnantes n'est pas fortuit. Netanyahu est, aujourd'hui, face à une nouvelle crise gouvernementale. La fronde vient, cette fois, des « Travaillistes » qui menacent de quitter la coalition gouvernementale si le blocage du processus de paix avec les Palestiniens se poursuivait. Pour Netanyahu, il s'agit de sauver les meubles et de préserver sa coalition. Pour le reste, la paix peut attendre, même si les voies qui y mènent sont toutes obstruées.