La rentrée scolaire était loin d'être tranquille pour les parents d'élèves et pour le gouvernement de transition. On a cru, par moments, que nos enfants allaient, tant bien que mal, regagner le chemin de l'école et que la révolution du jasmin qui a fleuré bon l'odeur du patriotisme allait donner ses fruits pour que Tunisiens et Tunisiennes s'affairent à dégripper les rouages de l'économie malade de son temps. Mais il n'en était aucunement le cas. La révolution du 14 janvier, révolution entreprise sans calculs idéologiques serait invraisemblablement en passe d'être volée par ceux qui veulent barrer la route au gouvernement de transition? Et comme son nom l'indique, le gouvernement de transition qui allait assurer la transition à une vraie démocratie est, aujourd'hui, rejetée pour la couleur violet pâle qui fait pâlir la face de ceux qui ont porté les couleurs du RCD. La révolution du peuple, va-t-elle pâtir des luttes syndicales infructueuses et des attitudes réactionnaires et excessives des syndicalistes ? A chacun ses lubies. On est bien d'accord. Mais qu'en est-il s'il s'agit d'un syndicat de travailleurs ? La question la plus urgente serait de discuter du sort de ceux qui ont perdu leur emploi ces derniers temps. Selon Wikipédia « Un syndicat est une association qui regroupe des personnes physiques ou morales pour la défense ou la gestion d'intérêts communs. Le terme a de nombreuses acceptions mais plus communément il désigne les organisations de défense de l'intérêt des salariés. » Défense des intérêts généraux dites-vous ? Encore une fois le régime de Ben Ali ayant consacré la politique du vice, montre que le régime de l'unique parti ne peut que donner un syndicat unique au lieu d'avoir de vraies syndicalistes autonomes aptes à se mouvoir aisément dans le réel. Et au final c'est au peuple, de payer les pots cassés. « Nos enfants ne sont pas à l'école, aujourd'hui. Nous, parents, sommes confus et embrouillés car on ne sait pas encore comment les choses vont se passer. C'est une période d'incertitude et personne ne peut mesurer l'ampleur des actes irresponsables des uns et des autres, bien entendu de ceux qui veulent semer la zizanie au sein du peuple tunisien. » nous dit, au bout du téléphone, une lectrice dont les trois enfants n'ont pas eu école, comme il a été décidé par le gouvernement transitoire. Une décision annulée par l'annonce d'une grève des enseignants par l'UGTT. Notre syndicat des travailleurs devrait faire travailler sa mémoire courte. Il y a quelques jours seulement, M. Abdessalam Jrad, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a souligné, à quelques jours de la chute de Ben Ali qu'il « a trouvé auprès du président de la République une vision profonde des principaux problèmes et de leurs causes et une volonté de les résoudre. » Avant l'avènement de la révolution, cette même personne s'est dite non solidaire avec les manifestants et s'est portée volontaire pour signer pour la réélection de Ben Ali en 2014. Au final, des questions nous brûlent les lèvres : peut-on aujourd'hui poser les bases solides d'un syndicat vraiment engagé dans la lutte travailliste ? Et si la Tunisie a brisé les chaînes de l'unique parti peut-elle faire autant pour l'unique syndicat ? Pour l'instant, tout porte à croire que nos syndicalistes actuels sont les syndicalistes fantoches de l'ancien gouvernement aux couleurs mauve. Il y a de quoi rougir de honte.