Evidemment, le secteur culturel comme les autres, va subir une révision radicale de toutes ses structures, les institutions et les comités et commissions qui l'ont jusque-là « encadré ». Parent pauvre par rapport aux autres ministères, le sien s'est vu dégringoler et perdre son aura d'une manière inexorable et ce, depuis le début de ce qu'on a cyniquement nommé « Indépendance », cet objectif, détourné de ses origines et dont les militants ont été acculés au silence éternel ou circonstanciel, pour asseoir sur la totalité du pays et son histoire, le joug d'une des plus précieuses et plus cruelles dictatures du 20ème siècle. La Culture, emblème de toute liberté créatrice, a été malmenée ; cadenassée, vidée de son essence première qui est le souffle capable d'élever les populations au-dessus des nuées. Commissions de censure, d'aide à la production ou de sélection théâtrale, commission d'achat pour les Arts plastiques, visa de censure pour les écrits sous toutes leurs formes, Union des professionnels du théâtre, des plasticiens ou des cinéastes, toutes ces structures de contrôle et mise au pas sont appelés à être revisitées. Il ne peut y avoir de réconciliation sans qu'il y ait connaissance de la « vérité » au préalable. Le milieu des arts n'est pas un tribunal mais un terrain de combat et de lutte permanente. Pour réécrire la jeune histoire de notre culture moderne, on ne peut oublier les talents qu'on a fait crever dans l'œuf, les injustices que des centaines d'autres ont été victimes ni ceux qui ont occupé le vide laissé par l'éclosion naturelle des nouveaux artistes à force de caresser le Pouvoir dans le sens des poils. C'est la « nomenclature » culturelle de Bourguiba qu'on a retrouvée près du gouvernail avec l'arrivée de Ben Ali. Après ce dernier, ne risque-t-on pas de retrouver la sienne aux commandes après avoir montré porte blanche à la Révolution et insulté leur ancien maître avec plus de virulence que n'importe qui d'autre. Ce remake de la mascarade assassine ne commence-t-il pas avec le choix du ministre dans l'actuel gouvernement de transition Certes, Moufida Tlatli a réalisé un film assez remarqué mais de là à l'appeler à la direction d'un ministère, il y a un pas. Un joueur de foot qui s'en sort avec brio sur le terrain ne fera pas forcément un bon ministre des sports. Le ministère c'est beaucoup de pain sur la planche et des dossiers à revoir, des lois à proposer…. Rien ne doit y être pris à la légère.