Pour empêcher la création de la moindre structure syndicale, le ministère de la Culture a eu recours à la création d'associations régie par la loi 59, pompeusement appelées « Union ». En vérité, ces structures n'ont jamais été faites pour réunir les actants de chaque secteur artistique mais plutôt pour créer une scission entre les différentes mouvances inhérentes aux diverses disciplines artistiques. Le coup le plus dur a été asséné au théâtre punique ceux qui étaient à l'avant-garde du combat pour l'évolution de notre quatrième Art furent arrachés au local qu'ils occupaient à la Maison de la Culture et jetés dehors manu-militari avec leurs paperasses et leurs petits meubles de bureau. A sa place le ministère créa l'Union des Professionnels du théâtre (ou des hommes de théâtre ?) avec à sa tête celui qui va prendre le volant de la première structure théâtrale du pays (le Théâtre National Tunisien) à savoir Moncef Souissi. Le combat syndical pour l'élaboration des lois pouvant régir au mieux le secteur fut arrêté net, doublé par cette structure associative qui ne s'avèrera bonne qu'à renforcer le pouvoir décisionnel de Souissi qui était, par ailleurs, à la tête du fonds du développement culturel. Trois méga postes entre les mains d'un seul maître. C'était à l'image du pouvoir de Bourguiba « un seul leader, un peuple ». Dans ce cas précisément ce n'était pas un peuple mais « une poussière d'individus ». Que M. Souissi déboulonné par plus opportuniste que lui, clame aujourd'hui les bienfaits de la Révolution et ne rate pas une occasion pour dénigrer son successeur, relève (excusez l'expression) d'un culot monstre. Non pas que Mohamed Driss ne mérite pas ces insultes à peine voilées lui qui a fermé les portes du théâtre national tunisien au nez de tous les professionnels pour y installer sa proche famille et celle élargie à quelques fonctionnaires soumis et qui a fini comme coach du grand artiste es-banditisme Imed Trabelsi (qu'il soit béni !), mais un peu de décence ne leur fera de mal à tous les deux vu leur jeune âge et le peu de fric qu'ils ont raflé. L'Union quant à elle n'a pas cessé de péricliter pour finir entre les bras de quelques hyènes RCDeistes qui ont vite fait de l'engloutir. Aujourd'hui cette union ne vaut plus un clou. Idem pour l'union des Plasticiens qui était terrain de chasse gardée pour les mastodontes de l'Ecole de Tunis et qui ouvrit ses portes aux « jeunes de la troisième génération avec les deux premières années de « grâce » de l'ère Ben Ali pour être de nouveau reconquise par les RCDeistes et les agents doubles et noyée par une affluence jamais connue jusque-là de grain et, surtout, d'ivraie pour des raisons électoralistes. L'autre « Union », celle des cinéastes fut tout simplement kidnappée par Ali Laâbidi selon ses détracteurs mais sans jamais enfreindre la loi répond ce dernier qui est selon ces mêmes détracteurs, passé maître dans l'art de jongler avec les lois et les communiqués. Aujourd'hui une guerre sans merci oppose Laâbidi aux cinéastes qui veulent prendre en main « L'Association des Cinéastes Tunisiens » pour plus de liberté, de légitimité et de transparence. Toutes ces « Unions » issues d'une époque révolue sont appelées – sinon à disparaître complètement – du moins à se mettre au goût du jour. Ce qui ne se fera pas sans lobotomie et sans amputations radicales.